Coronavirus: L'Espagne envisage de nouvelles mesures et un couvre-feu

CORONAVIRUS: L'ESPAGNE ENVISAGE DE NOUVELLES MESURES ET UN COUVRE-FEU

MADRID (Reuters) - Face à la résurgence de l'épidémie de COVID-19, le gouvernement espagnol envisage d'imposer de nouvelles restrictions, y compris un couvre-feu à Madrid et dans d'autres régions durement touchées par le nouveau coronavirus, a déclaré mardi le ministre espagnol de la Santé, Salvador Illa.

Le pays, qui recense le plus grand nombre de cas de contamination en Europe occidentale, va sans doute franchir le seuil du million d'infections dans le courant de la semaine.

Selon les dernières données communiquées mardi soir, l'Espagne compte désormais 988.322 cas confirmés depuis le début de l'épidémie. Le nombre de décès en Espagne a augmenté de 553 au cours des sept derniers jours, ce qui fait un total de 34.210 morts depuis le début de l'épidémie, précise le ministère de la Santé.

L'imposition d'un couvre-feu à Madrid, l’un des foyers les plus virulents de l'épidémie en Europe, et peut-être au-delà nécessiterait d'invoquer à nouveau l'état d'urgence, a précisé le ministre aux journalistes.

Toute mesure d'une durée de plus de deux semaines requerrait également le soutien de certains partis d'opposition, a-t-il ajouté. Une telle décision pourrait s'avérer difficile à obtenir du Parlement espagnol, profondément polarisé.

L'opposition s'était en effet montrée hostile au mois de juin dernier à toute nouvelle prolongation du premier état d'urgence en Espagne. Elle s'est récemment prononcée contre la prolongation d'un confinement partiel ordonné par le gouvernement à Madrid.

Le responsable de la santé au sein du gouvernement régional madrilène, Enrique Ruiz Escudero, a déclaré à l'agence de presse espagnole Europa Press que les autorités évaluaient la nécessité d'un couvre-feu, mais qu'elles n'auraient pas le pouvoir de l’appliquer et qu'elles devraient le demander au gouvernement central.

"Un couvre-feu signifierait (...) qu'à certaines heures il n'y a pas de mobilité, comme l'a fait la France par exemple", a-t-il commenté.

Le gouvernement de coalition dirigé par les socialistes a déclaré l'état d'urgence pour deux semaines le 9 octobre dernier pour imposer un confinement partiel à Madrid et ses alentours, demandant à ses habitants de ne pas quitter la ville.

Après des semaines de désaccord entre les autorités régionales et nationales sur la politique à adopter, Salvador Illa a affirmé que le gouvernement ne chercherait pas à obtenir une prolongation de son décret après son expiration vendredi.

Il a toutefois indiqué que des restrictions sévères encore non déterminées devraient de toute façon être imposées à Madrid pendant trois semaines.

Ruiz Escudero a dit de son côté que la région se préparait à tester les eaux usées pour le COVID-19 afin d'estimer la prévalence du virus parmi la population de la ville. "Ce serait comme tester des milliers de personnes en même temps", a-t-il souligné.

(Inti Landauro, Darío Fernández; version française Elena Smirnova, édité par Camille Raynaud et Henri-Pierre André)