En Corse, Darmanin préside les cérémonies de l’assassinat du préfet Erignac

France's Interior Minister Gerald Darmanin attends a ceremony of addressing New Year wishes to French Gendarmerie at the Hotel des Invalides in Paris, on January 16, 2023. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)
LUDOVIC MARIN / AFP France's Interior Minister Gerald Darmanin attends a ceremony of addressing New Year wishes to French Gendarmerie at the Hotel des Invalides in Paris, on January 16, 2023. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

CORSE - Une visite officielle qui relance l’espoir de renouer le dialogue. Ving-cinq ans après l’assassinat du préfet Erignac, abattu à Ajaccio le 6 février 1998, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est attendu ce lundi 6 février en Corse pour représenter l’État lors d’une cérémonie officielle en son honneur.

La venue du locataire de la Place Beauvau, présent « à la demande d’Emmanuel Macron », comme il l’a indiqué sur Twitter, laisse toutefois craindre la résurgence de tensions. Par le passé, il avait été contraint à plusieurs reprises d’annuler ses visites à cause de violents débats autour des membres encore détenus du commando responsable de ce meurtre.

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Cette fois-ci l’annonce de la venue du ministre tombe toutefois à point nommé. Elle est intervenue quelques heures après celle, très attendue dans l’île, de l’octroi par la justice d’une mesure de semi-liberté à Pierre Alessandri, condamné en 2003 et libérable depuis 2017.

Une décision saluée par les élus corse, dix mois après la mort d’Yvan Colonna, qui espèrent la même issue pour Alain Ferrandi, qui sera fixé le 23 février. Alors qu’il purgeait une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat de Claude Erignac, il était décédé sous les coups d’un codétenu. Sa mort avait donné lieu à des manifestations en Corse, émaillées de heurts.

« Recréer les conditions » d’une « confiance réciproque »

Trois hommes ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat du préfet : Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna, qui est décédé le 21 mars dernier.

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En septembre, les élus de l’Assemblée de Corse avaient exprimé leur « indignation » après le rejet d’une énième demande de Pierre Alessandri, appelant le gouvernement à « recréer les conditions » d’une « confiance réciproque » pour poursuivre le dialogue avec l’État sur l’avenir de la Corse.

Ce cycle de concertations avait été lancé en juillet, quatre mois après l’agression mortelle d’Yvan Colonna par un codétenu, le 2 mars, à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône). Sa mort avait donné lieu à de nombreuses manifestations en Corse, émaillées de heurts violents. Elles avaient ensuite repris à l’annonce, par Gérald Darmanin, de ce cycle de négociations qui devait s’étaler sur un an à raison d’une réunion toutes les six semaines à Paris.

Pour l’heure, une seule de ces réunions a eu lieu, mi-septembre. Gérald Darmanin avait ensuite annulé deux visites dans l’île, en octobre et décembre, du fait des tensions autour de la question des prisonniers.

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Une visite qui peut « symboliquement » relancer les discussions

Pour Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse et homme fort de l’île, cette mesure visant Pierre Alessandri est un premier pas : « A la veille du 25e anniversaire de l’assassinat du préfet Claude Erignac, cette décision de justice vient dire de façon symbolique forte que le moment (...) d’écrire une nouvelle page des relations entre la Corse et l’État est venu, sans rien oublier du passé, des douleurs », a-t-il déclaré à l’AFP.

Cette visite de Gérald Darmanin peut « symboliquement » relancer les discussions, a estimé auprès de l’AFP Thierry Dominici, politologue, qui souligne néanmoins le danger de politiser ces commémorations : « Pour certains, commémorer encore et encore, c’est creuser la plaie, la remettre à vif ».

« Certains nationalistes estiment même que l’État instrumentalise l’affaire Erignac à des fins d’immobilisme », avance ce spécialiste des mouvements nationalistes, qui craint une possible commémoration violente du premier anniversaire de la mort d’Yvan Colonna, en mars, par une partie de la jeunesse indépendantiste insulaire. Pour Thierry Dominici, « si l’État ne change pas de discours en faisant que le Mea Culpa soit des deux côtés, il y a un vrai risque de violence ».

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