Dans les coulisses du business des faux pass vaccinaux

Un journaliste de BFMTV a essayé de se procurer un faux pass sanitaire - BFMTV
Un journaliste de BFMTV a essayé de se procurer un faux pass sanitaire - BFMTV

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"Même pas en rêve." Essayer de faire témoigner un des derniers footballeurs non vaccinés qui utilise ou a utilisé un faux pass vaccinal est définitivement peine perdue. Et pourtant c’est bien un sujet de discussions dans les vestiaires. Pour comprendre le mécanisme d’obtention de ce faux pass, RMC Sport s’est fait passer pour un footballeur auprès de revendeurs très discrets.

Pour se procurer le précieux sésame en zappant l’étape aiguille, la première mission est d’obtenir le bon contact dans un vestiaire. Le cheminement se fait ensuite le plus souvent via les messageries comme Télégram ou Whatsapp. Les contacts de médecins peu scrupuleux ou de hackers qui ont accès à la base de données de l’Assurance Maladie circulent facilement entre les joueurs. Une fois récupéré l’un de ces contacts, on réalise la facilité avec laquelle on obtient notre faux pass.

Entre 150 et 300 euros

Les premières infos demandées sont classiques: nom, prénom, numéro de sécurité sociale, nombre de dose et adresse. Au moment où l’on exprime notre peur de se faire attraper notre interlocuteur se veut rassurant: "Il n’y a aucun risque ne vous inquiétez pas. Vous serez bel et bien enregistré sur la plateforme avec un QR valide qui vous déclare vacciné." Vient alors la question du prix. Notre marchand de faux pass nous demande 250 euros. Selon nos informations, le prix récurrent est de 150 euros. 300 euros pour un premier pass. Puis 100 euros par dose supplémentaire. "Vous pouvez payer une fois que cela est fait et vérifié par vous-même", rassure notre interlocuteur qui fait tout pour instaurer une relation de confiance. En quelques SMS, le QR Code est effectivement obtenu. Et pourtant nous voilà dans l’illégalité. Le gouvernement a décidé de se montrer ferme. Dès que la loi sur le pass vaccinal sera promulguée, le simple fait de détenir un faux pass sera puni de 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende.

"On ne peut jamais être certain à 100% que le joueur réalise bien sa dose"

La Ligue de Football Professionnel est attentive à ce fléau. Elle réfléchit actuellement aux modalités de contrôle des pass sanitaires qui seront en vigueur le WE du 29 janvier. Le délégué de la LFP pourrait procéder au scan des QR Code via l’appli Tous Anti Covid Vérif. A moins que cette mission ne revienne au référent Covid de chaque club ou au médecin. Mais différencier un vrai QR Code d’un faux semble être mission impossible. Un message de vigilance a d’ailleurs été transmis à tous les services médicaux des clubs pros pour bien s’assurer que les joueurs déclarés vaccinés le sont vraiment.

"On a des doutes quand les joueurs ne veulent pas se faire vacciner via le club mais à l'extérieur, explique un médecin d’un club de L2. On ne peut jamais être certain à 100% que le joueur réalise bien sa dose. Dans un effectif de 25 joueurs chez moi, ça doit représenter 3-4 personnes. Ces 3-4 joueurs sont suspects à mes yeux mais vu qu'ils ont un pass vaccinal pourquoi les embêter... "

Selon le dernier décompte de la LFP, ils sont moins de 2% des footballeurs pro à ne pas être encore vacciné. Soit une poignée de joueurs. Mais plus on descend dans les divisions amateurs, plus la circulation de pass vaccinal augmente car les joueurs sont moins encadrés et surveillés par leur club. Le 4 janvier dernier, le ministère de l’Intérieur avait recensé 200.000 faux pass sanitaire dans tout le pays.

Article original publié sur BFMTV.com