Coupe de France: comment le Toulouse FC a réussi sa reconstruction
· Recréer du lien avec les Toulousains
Les amoureux du Téfécé en parleront mieux que personne, mais les dernières saisons de l’ère Sadran ont parfois ressemblé à long chemin de croix. Un Stadium délaissé, des entraîneurs avec peu d’ambition et un manque criant de spectacle. En arrivant à la tête du club en juillet 2020, les nouveaux hommes forts du TFC ont donc rapidement voulu inverser les choses.
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"On ne sait pas ce qui se faisait avant, précise Olivier Jaubert le directeur général. Notre idée c’était d’être différent des autres. Ça va vous faire sourire mais à mon arrivée ici, quand j’allais chez le coiffeur personne ne savait qu’on jouait. On n’était pas dans notre ville".
Le Téfécé a dû se recréer une identité, retravailler sur sa marque. Et pour ça, les dirigeants ont pris des risques. Un budget conséquent a été débloqué alors que le club était en Ligue 2 pour collaborer avec l’agence publicitaire Buzzman. Le slogan "Debout toujours" a tout de suite reçu l’adhésion du public. Toulouse donne un vrai coup de "boost" à son image avec une communication décalée et drôle sur ses réseaux sociaux. "On travaille sur trois facteurs importants pour nous, poursuit Jaubert. Être authentique, innovant et fun. Ça reste du foot, on n’envoie pas des fusées sur la lune. Amusons-nous, faisons-nous plaisir. Il fallait aussi qu’en dehors du spectacle sportif que l’expérience au Stadium soit chaleureuse et conviviale".
Une reconnexion réussie avec plus de 23.000 supporters en moyenne cette saison. "Nos supporters ont créé un virage fort et notre virage Brice-Taton est devenu la meilleure tribune du championnat comme ils le disent dans une chanson, termine Jaubert. Les éléments ont pris et on essaie d’accompagner ça. Je dis souvent qu’on grimpe l’Alpe d’Huez, on a passé six virages et il en reste quinze désormais. Il faut que ça continue de marcher". L’actionnaire RedBird laisse les mains libres aux dirigeants pour mener à bien leurs projets. "Beaucoup de décisions sont prises depuis Toulouse", confie le président Damien Comolli. Une liberté d’action qui permet au club de grandir vite tout en gardant une stabilité financière saine.
· Les datas et le jeu offensif au cœur du projet sportif
C’est le grand changement du club depuis l’arrivée de Damien Comolli. Toulouse est devenu une équipe très spectaculaire dont l’identité est de proposer un jeu offensif flamboyant. "Je n’aurais pas pu me regarder dans la glace si on avait une équipe professionnelle qui ne jouait pas, confie le président Damien Comolli dans l’After Foot sur RMC. À Toulouse, les supporters veulent voir du jeu, de l’enthousiasme. On a marqué 82 buts la saison dernière, battus le record de la L2 en devant champion. Je voulais que, sur le plan psychologique, tout le monde se dise qu’on allait attaquer la Ligue 1 de la même façon. Ce style de jeu fait partie de notre culture et de l’histoire du club".
Grâce à l’appui des datas, le TFC vise juste en matière de recrutement et se trompe rarement. Même l’entraîneur a été profilé grâce aux statistiques. "En NBA, il y a des franchises où ce sont les analystes et la data qui décident du cinq de départ, pas les entraîneurs, détaille le président du TFC. Mais on ne recrute pas des chiffres, on recrute des hommes. On passe beaucoup de temps à aller rencontrer les joueurs qu’on veut faire signer".
Toulouse a également énormément misé sur son centre de formation. Amine Adli, Manu Koné, Nathan Ngoumou… Tous formés au club et tous partis l’été dernier après une saison réussie en Ligue 2. "Les Pitchouns du centre de formation quand ils arrivent chez les pros je les appelle «les architectes de la culture», confie Comolli. Quand, au moment de signer pro, ils me disent qu’ils n’ont pas le sang rouge mais violet, ça c’est de l’humain".
Cette saison encore, Anthony Roualt ou Fares Chaïbi s’imposent comme des joueurs majeurs de l’équipe et sont courtisés. Grâce aux datas, Damien Comolli a aussi pu faire prendre confiance à certains joueurs de leur potentiel. "Quand on va chercher Mikkel Desler, il était surpris. Il me demande pourquoi on le prend. Je lui dis que les chiffres nous montrent qu’il allait être un très bon arrière de Ligue 2 et un arrière droit du top 10 de la Ligue 1. Il me répond que ce n’est pas possible et qu’il ne va pas y arriver. Il est élu meilleur arrière droit de L2 l’an dernier et montre désormais tous les samedis qu’il a le niveau de la Ligue 1". En plus de s'être rarement trompé, Toulouse a su rester attractif pour convaincre des joueurs fortement sollicités comme Branco Van den Boomen de rester sur les bords de la Garonne.
· Un nouveau centre de performance en 2025
Le Téfécé ne compte pas s’arrêter à cette finale de Coupe de France pour continuer sa croissance. Le club a racheté un restaurant universitaire qui était au bout de ses terrains d’entrainement pour en faire le nouveau centre de performance du groupe professionnel en 2025. Un projet de centre technique pour les équipes féminines est également sur la table. "Se doter d’infrastructures de très haut-niveau, c’est très important pour nous, explique Olivier Jaubert. Il y aura également des réflexions sur le Stadium. Comment améliorer l’expérience au stade? Comment créer plus d’hospitalités? On est dans une volonté d’augmenter nos revenus pour les mettre au service du sportif tout en gardant cette convivialité".
L’engouement est palpable. Les campagnes de renouvellement des partenaires ont débuté. 65% d’entre eux ont resigné et la grande majorité pour deux saisons. "On est sur un accompagnement tous ensemble et on veut s’améliorer", termine Jaubert.