Coupe du monde : Theo Hernandez, un atout différent de son frère Lucas pour les Bleus
En l'absence de son frère Lucas, Theo Hernandez est devenu l'option numéro 1 à gauche en équipe de France pendant la Coupe du monde. Avec un profil différent de celui de son aîné.
Pour ses débuts en Coupe du monde, Theo Hernandez aurait préféré un autre scénario. Même s'il a largement participé à la victoire face à l'Australie avec une passe décisive pour Adrien Rabiot (4-1, mardi), le petit frère de Lucas a dû vite oublier la grave blessure - rupture des ligaments croisés du genou droit - de son aîné (26 ans). Le benjamin des Hernandez, 25 ans, l'a remplacé dès la 13e minute. Didier Deschamps a donc dû lancer sa doublure à gauche plus tôt que prévu et, désormais, sans parachute à cette place.
Revenu à une défense à quatre, le sélectionneur avait préféré Lucas pour plus de garanties défensives. Le champion du monde 2018 est moins « foufou » (dixit Theo), plus rigoureux et discipliné. « Je sais que je dois apprendre à mieux défendre, nous confiait récemment le capitaine de l'AC Milan. Je dois trouver le meilleur équilibre entre mon instinct d'attaquant et ma place de défenseur. Lucas est un vrai défenseur, contrairement à moi. On occupe parfois la même place mais nous ne sommes pas les mêmes joueurs. Je suis un latéral moderne qui aime participer au jeu, apporter le surnombre, aller au bout de ses actions et marquer. »
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Le champion d'Italie a toutefois progressé défensivement, sans perdre de son allant. « Le profil de Theo peut aussi être plus favorable à Kylian Mbappé, qui a plus besoin d'un latéral qui passe dans son dos pour enclencher des combinaisons, souligne Willy Sagnol, le sélectionneur de la Géorgie. Il peut plus lui libérer les espaces. Theo peut également dédoubler dans son dos pour aller centrer. On l'a beaucoup vu face à l'Australie. Theo peut également se créer des actions tout seul avec sa vitesse. A contrario, les Bleus perdent en stabilité défensive. Lucas est plus défenseur dans l'âme, avec sa hargne. Il a un langage corporel plus intéressant pour ses partenaires. Surtout dans une défense qui manque d'expérience. »
Collectivement, le Munichois va faire défaut dans les grands matches. « Quand il joue piston, Theo n'a guère d'équivalent, poursuit le vice-champion du monde 2006. Mais il est moins solide arrière gauche à quatre derrière que son frère. Il défend plus en avançant qu'en reculant. Sa marge de progression se situe dans le placement. »
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La position préférentielle de Theo Hernandez à gauche en fait un animateur de couloir. Sa plus-value se matérialise par ses statistiques offensives inédites. Après 8 sélections, le latéral a été déterminant à 6 reprises (1 but et 5 passes décisives). En 33 sélections, son frère n'a encore jamais marqué, même si tout le monde se souvient de sa passe décisive pour Benjamin Pavard face à l'Argentine en 2018 (4-3) ou encore de son centre dévié dans son but par l'Allemand Mats Hummels à l'Euro 2021 (1-0).
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Physiquement, les deux frères ont la capacité de répéter les efforts avec la même puissance. Les Bleus ne vont donc pas perdre dans l'engagement. Dans la vie de groupe, le plus jeune n'a toutefois pas la même ancienneté et le même poids social que son aîné. Le benjamin est plus timide alors que le Munichois était davantage ambianceur, avec son côté positif. « C'est même l'opposé de son frère, juge Ousmane Dembélé. Je l'ai connu en sélection de jeunes. Il n'a pas changé. C'est quelqu'un de très calme. »Theo ne fera pas du Lucas dans la coulisse. Mais il jouera assurément pour lui sur le terrain.
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