CR7 ou la pièce manquante du puzzle turinois

LIGUE DES CHAMPIONS – Depuis 2013, la Juventus de Turin est souvent placée, mais jamais gagnante au niveau européen. Le mariage de Cristiano Ronaldo avec la Vieille Dame pourrait bien changer la donne. Et permettre à la Juve de confirmer enfin un travail de fond amorcé depuis sept saisons.

“C’est la lutte finale…” (AFP)
“C’est la lutte finale…” (AFP)

100 millions d’euros. Le chiffre est rond comme peut l’être un Gonzalo Higuain au retour de l’été. Et c’est précisément ce montant qui permet, le 10 juillet dernier, à la Juventus de remplacer son goleador argentin par un homme aux abdominaux toujours parfaits et aux cinq Ballons d’Or posés sur la cheminée. La Juventus frappe un grand coup en plein mondial russe. Avec une ambition réaffirmée par CR7 himself lors de sa présentation, la semaine suivante : « nous allons nous battre pour la Ligue des Champions ». Un objectif légitime tant, avec la star portugaise dans leurs rangs, les Bianconeri paraissent armés pour passer un cap collectif, mental et décisif.

Ronaldo 5, Higuain 0

Rarement clinquante sur le marché des transferts, mais jamais décevante dans ses choix, la Juventus profite de sa domination absolue sur la Serie A depuis sept saisons pour se construire un effectif parfaitement équilibré. Poste après poste, entre stars en devenir (Dybala, Bernardeschi, Betancur), joueurs confirmés (Khedira, Pjanic, Mandžukić…) et trentenaires fringuants (Bonucci, Matuidi, Cristiano), la Juve prévoit, ajuste et améliore son collectif chaque année. Et ne se retrouve que rarement dépourvue quand la bise est venue, au hasard, d’un numéro 6 ou d’un latéral gauche.

Résultat, sur les six dernières campagne européenne, la Vieille Dame chiffre un huitième, deux quarts et deux finales de Ligue des Champions, sans oublier une demi-finale de Ligue Europa. L’an passé, elle n’a chuté en quarts qu’à la faveur d’un penalty de Cristiano Ronaldo dans les arrêts de jeu au retour, après un doublé du Portugais – dont un but stratosphérique – à l’aller. En 2017, elle s’inclinait en finale face au Real (1-4), déjà victime des buts de CR7 (doublé). Sur ces trois matchs, un certain Gonzalo Higuain affiche un bilan peu flatteur de… zéro but.

Les buts, le ketchup, la victoire

Ces chiffres et le départ du natif de Brest pour un Milan AC même pas qualifié pour la coupe aux grandes oreilles permettent de mesurer le saut qualitatif qu’a réalisé la Juventus cet été. Car Cristiano Ronaldo était la pièce manquante du puzzle turinois. Plus buteur que jamais, associé à un Mario Mandžukić dans le rôle de Karim Benzema et servi par les caviars de Pjanic ou Dybala, la star portugaise a de quoi se régaler et faire oublier les nombreuses défaillances d’Higuain dans les matchs au sommet. Et si « les buts, c’est comme le ketchup : quand ils arrivent, ils viennent tous en même temps », Valence peut légitimement s’inquiéter : l’auteur de cette comparaison gourmande a ouvert son compteur buts dimanche dernier face à Sassuolo. D’un doublé, évidemment.

Reste le dernier apport de Cristiano, le mental. Si Gareth Bale pense que le Real est « plus une équipe » sans sa star, il néglige l’exemple que donne le quintuple Ballon d’Or : celui d’un travailleur infatigable, obsédé par la victoire et, de fait, victorieux (quatre Ligue des Champions sur les cinq dernières saisons, meilleur buteur sur chacune des six dernières éditions). Du pain béni pour Allegri et, peut-être, un guide pour Paulo Dybala. Car l’Argentin a de l’or dans les pieds mais un mental branché sur courant alternatif. Avec Cristiano, il a à la fois l’exemple de la réussite et la conviction qu’ensemble, ils peuvent gagner les sommets. Que la connexion se fasse, et l’Europe pourra trembler.