"J'ai mis le canon sous ma gorge": les confidences de l'ancien cycliste Luc Leblanc sur sa dépression

C'était une star du cyclisme. Champion de France en 1992 puis champion du monde en 1994, Luc Leblanc se livre au Parisien sur une période difficile de sa vie. Entre dépression, arnaques et dopage, l’ancien coureur se libère de ses démons dans un ouvrage intitulé "L'important, c'est de rester vivant". Ce n’est pas un titre anodin. Submergé par ses idées noires, il s'est rendu un jour en forêt avec l'idée d'en finir:

"Ce jour-là, j'ai pris mon fusil et je suis monté dans un bois, détaille-t-il. (...) J'ai mis le canon du fusil sous ma gorge. (...) Puis j'ai pensé à mes deux enfants et à ma famille. Finalement, j'ai posé le fusil et je suis redescendu dans mon village", raconte-t-il.

Cet évènement se produit en 2003, cinq ans après la fin de sa carrière. Les incidents s’accumulent dans la foulée. A cause d’un mauvais conseiller financier, Luc Leblanc est soumis à un contrôle fiscal et accusé d’être un tricheur. Pourtant, il n’a jamais profité de ses gains. Son associé disparaît du jour au lendemain et l’escroque de tout l’argent récolté au cours de sa carrière.

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Aujourd’hui, à 56 ans, l'ancien consultant cyclisme de RMC pendant plus de dix ans explique vivre de "contrats à droite à gauche". Il cherche un emploi fixe et a une idée bien précise: "Revenir dans le milieu et m'occuper des jeunes et de la formation. Je sais comment préparer des futurs champions sans les griller trop tôt pour le haut niveau."

Le drame de son enfance

"Mes proches m'ont dit qu'il était temps de raconter mes souffrances. J'en ai bavé, j'ai reçu mon lot de quolibets injustes". Toute sa vie, "Lucho" a fait face aux moqueries sur sa démarche. Cette jambe qui l’handicapera à vie témoigne d’une funeste journée. En 1978, alors âgé de 12 ans, Luc Leblanc est victime d’un accident de voiture avec son petit frère, qui n’en réchappera pas:

"Le chauffard n’a eu que deux mois de retrait de permis. Et je me pose encore et toujours une question vis-à-vis de mon petit frère: pourquoi lui et pas moi?"

Luc Leblanc raconte aussi dans son livre les très mauvais rapports qu'il avait avec son coéquipier dans l'équipe Castorama, Laurent Fignon. La seul fois où il a porté le maillot jaune sur le Tour de France, en 1991, Fignon l’attaque alors qu’il le savait victime d’une fringale. Il se rémémore aussi son année noire comme champion du monde, en 1995, où son changement d'équipe se transformera en fiasco, l'équipe étant arrêtée fin juin et la saison de son leader, Luc Leblanc, arrêtée mi-juillet après un problème au nerf sciatique.

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Le spectre du dopage chez Festina

Enfin, puisqu’il y a prescription, 25 ans apres son arrêt du vélo, "Lucho", qui a fini sa carrière en plein dans les années EPO, fait quelques confidences sur le dopage. Il raconte comment il a subi la pression de son équipe, la puissante Festina, sur le Tour 1994, quatre ans avant l'affaire qui touchera l'équipe:

"J'étais chez Festina à l'époque et je suis allé voir notre médecin. Je lui ai dit que je ne comprenais pas la transformation de certains coéquipiers. Il m'a expliqué que si je voulais suivre, je devais faire comme eux. Sinon, j'étais fini."

Luc Leblanc 'ai accepté d'en prendre un peu (...) pour réduire la fatigue dans mon corps Je n'ai pas voulu de dose qui m'aurait transformé en plus fort. Cela a pourtant été un cas de conscience terrible. Une grande violence psychologique", avoue-t-il. Il sait qu’on va encore lui reprocher de trop parler, mais il dit avoir besoin de tout raconter.

Article original publié sur RMC Sport