Avec sa décision sur la PPL LIOT, Braun Pivet s’attire les foudres des oppositions

Yaël Braun Pivet photographié le 6 juin à l’Assemblée nationale
Yaël Braun Pivet photographié le 6 juin à l’Assemblée nationale

POLITIQUE - Même si l’espoir était mince au regard de ses précédentes déclarations sur le sujet, l’annonce a fait l’objet d’une bombe. Ce mercredi 7 juin, Yaël Braun Pivet a fait savoir sur BFMTV qu’elle allait déclarer irrecevable la PPL du groupe LIOT visant à abroger la réforme des retraites. Ce qui a immédiatement déclenché une avalanche de réactions indignées au sein des oppositions.

Sans surprise, la NUPES est vent debout, dénonçant le « mépris » du Parlement exprimé par la présidente de l’Assemblée nationale. « Yaël Braun-Pivet a donc préféré le rôle de porte-flingue à celui de garante des institutions », a taclé sur Twitter la députée écolo Sandrine Rousseau. Référent de la France insoumise sur le dossier des retraites, Hadrien Clouet a dénoncé un « coup de force inédit » commis par la députée des Yvelines.

« Voilà un “Parlement” où les députés ne peuvent plus faire la loi, car la présidente n’est qu’une petite télégraphiste de l’Élysée », enrage le député de Haute-Garonne. « La France ressemble-t-elle encore à une démocratie ? », se demande son collègue Louis Boyard. « Scandaleux : ils ont peur de perdre donc ils veulent empêcher les députés de voter au mépris de toutes les règles de droit en vigueur au sein de l’Assemblée nationale », renchérit Manuel Bompard. « Le pire de la Ve République », s’alarme Clémentine Autain.

« La Présidente de l’Assemblée nationale fournit-elle aussi un bâillon à l’entrée de l’hémicycle ? », s’interroge le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. « Ceci n’est pas une Assemblée nationale », a ironisé le député écolo Benjamin Lucas, en référence à l’oeuvre de Magritte.

« La seule condition pour apaiser le pays »

Dans un communiqué diffusé dans la foulée, le groupe LIOT a dénoncé « attaque inédite contre les droits du Parlement ». Pour le groupe centriste qui irrite la Macronie, « la présidente de l’Assemblée nationale a donc fait le choix d’empêcher, pour la première fois depuis 1958, l’examen d’un amendement rétablissant une disposition d’un texte initial, dont la recevabilité avait été reconnue à deux reprises (par le Bureau de l’Assemblée et par le Président de la commission des finances) ».

Une décision qui « s’ajoute aux précédentes manœuvres et détournements de procédures pour empêcher le vote », regrette encore le groupe LIOT, considérant qu’un vote en hémicycle sur la réforme des retraites demeure « la seule condition pour apaiser le pays ». Au-delà du fond, le député socialiste Philippe Brun s’indigne de la forme de l’annonce de Yaël Braun-Pivet, qui a choisi d’enterrer la PPL sur le plateau d’une matinale. « Les auteurs n’ont même pas été prévenus ! L’amendement est toujours indiqué « en traitement » sur le site de l’Assemblée. Tous les usages sont méprisés », déplore l’élu de l’Eure.

Président de la Commission des finances, Éric Coquerel, qui avait jugé la PPL recevable, s’étonne également de n’a pas avoir été « consulté au préalable » par Yaël Braun-Pivet. « Ne pas m’avoir consulté n’est pas un détail. En décidant de trancher unilatéralement la recevabilité de l’amendement, la présidente, issue de la majorité, remet en question le choix du législateur à savoir donner à un président issu de l’opposition le soin de donner au moins son avis sur la recevabilité du texte », gronde le député LFI, qui estime que Yaël Braun Pivet remet en question « une garantie de séparation des pouvoirs ».

Porte-parole du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, la députée du Var a cité Montesquieu en réagissant à la décision prise par Yaël Braun Pivet : «  Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice ». Réagissant sur CNews, sa collègue du RN Edwige Diaz a estimé que « les macronistes gouvernent à la fois contre le peuple et contre le Parlement ».

Dans cette avalanche de réactions indignées, Yaël Braun-Pivet peut au moins compter sur son homologue du Sénat, Gérard Larcher. « Le Sénat a voté ce texte, le rejet de la motion de censure à l’Assemblée nationale a acté son adoption. Revenir sur une loi promulguée, c’est fragiliser la démocratie parlementaire », a-t-il réagi sur France inter.

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