La démolition du Signal en Gironde est un symbole de l’érosion côtière

ENVIRONNEMENT - 900 kilomètres de côtes françaises sont concernés par la montée des eaux. Tout un symbole, l’immeuble Le Signal à Soulac-sur-Mer (Gironde) vit ses dernières heures. À quelques enjambées de l’océan, sa démolition a débuté ce vendredi 3 février, comme vous pouvez le voir sur la vidéo en tête de cet article.

L’image est une illustration du recul des plages sur les côtes. Construit en 1967 à 200 mètres de l’eau, l’immeuble n’en est plus distant aujourd’hui que d’une dizaine de mètres. Face à la menace grandissante des eaux, il a été évacué en 2014. Phénomène naturel à l’œuvre depuis 18 000 ans sur le littoral atlantique, le recul du trait de côte, autrement dit la limite entre la terre et la mer, se caractérise par un déplacement massif de sédiments sous l’effet des vagues, des vents et des marées, explique Nicolas Bernon, ingénieur en risques côtiers à l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine à l’AFP.

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Selon les scientifiques de l’Observatoire, le littoral sableux du golfe de Gascogne pourrait ainsi reculer de 50 mètres, et les côtes rocheuses du Pays basque de 27 mètres, d’ici 2050. Le changement climatique, qui devrait engendrer ces 30 prochaines années une montée des eaux similaire à celle mesurée sur tout le siècle dernier, menace également d’accentuer le repli de 20 mètres supplémentaires par endroits, ajoute Nicolas Bernon.

« Erreur humaine »

Dans cette zone où la dune reculerait de plus de cinq mètres par an si elle n’était pas rechargée en sable régulièrement par des engins de chantier, l’immeuble a été l’unique bâtiment achevé d’un vaste projet « Grande Motte » de plus d’un millier d’appartements, avec un boulevard en bord de plage, à une époque « où il fallait créer des villes nouvelles », raconte à l’AFP Jean-José Guichet, l’ex-président du syndicat des copropriétaires.

Une « erreur humaine », estime l’un des 75 copropriétaires évacués évoquant un « rêve transformé en cauchemar » pour « des gens de condition moyenne ». Fin 2020, après six ans de feuilleton juridico-administratif, les copropriétaires ont obtenu une indemnisation à hauteur de 70% de la valeur originelle de leur logement.

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Un « accord one shot » voté au Parlement, qui « ne fera pas jurisprudence » pour éviter d’élargir le fonds « Barnier » - dédié uniquement aux risques naturels majeurs - aux milliers de propriétaires menacés par l’érosion dunaire, relèvent des spécialistes du dossier. Dans la région Nouvelle-Aquitaine, selon le Groupement d’intérêt public (GIP) littoral, principal acteur local de la gestion de l’érosion, entre 750 et 6700 logements et commerces pourraient être avalés par l’océan d’ici la moitié du siècle, si rien n’est fait.

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