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Dénutrition, escarres, pas de douche... Un fils condamné pour avoir délaissé sa mère de 86 ans

La vieille dame de 86 ans est morte en mai 2017 de dénutrition et de déshydratation. Son fils était poursuivi pour "délaissement d'un personne hors d'état de se protéger" alors qu'il n'arrivait plus à s'en occuper.

La cour d'assises de Colmar a condamné mercredi un homme de 65 ans à sept ans de réclusion pour avoir délaissé sa mère, décédée à 86 ans dans un état de délabrement physique avancé. Le médecin traitant de l'octogénaire a écopé de 3 ans de prison avec sursis, pour "non assistance à personne en danger".

A l'issue de trois jours de débats, la fille de la victime, âgée de 61 ans, placée sous curatelle renforcée et poursuivie pour "non dénonciation de mauvais traitement" et "non assistance à personne en danger", a elle été relaxée.

Equipe médicale "choquée"

En mai 2017, selon le récit du journal L'Alsace, des ambulanciers avaient été appelés pour déplacer d'un étage à un autre l'octogénaire, dans un immeuble d'un quartier "très défavorisé" de Mulhouse. Cette dernière vivait avec son fils, qui venait d'obtenir un logement dans le même immeuble. Le fils avait sollicité, en vain, l'aide d'un voisin pour déplacer sa mère. Il avait donc appelé des ambulanciers.

Sur place, les professionnels de santé découvrent une femme couverte d'escarres et de plaies, présentant des signes de dénutrition et de déshydratation. Ils décident de la transporter aux urgences, où elle meurt quelques heures plus tard. "Choquée" par l'état du corps de la patiente, l'équipe hospitalière décidera ensuite d'effectuer un signalement au procureur de la République.

"Pauvreté relationnelle"

L'enquête a établi que la victime, qui vivait avec son fils, n'avait plus quitté son lit ni été douchée depuis 2015. Selon plusieurs témoins, le fils, qui percevait le RSA, sans autre lien social ou affectif que celui partagé avec sa mère, était "dépassé" par la situation. N'osant plus la laver, il se contentait de lui nettoyer le haut du corps.

Ce qui lui a valu des poursuites, rares pour ce type de faits, pour "délaissement d'un personne hors d'état de se protéger, suivi de mort". L'expertise psychologique a insisté sur la "pauvreté relationnelle" et la "grande pauvreté affective" dans laquelle vivait la famille. Condamné à sept ans de réclusion, mais sans mandat de dépôt, sa peine pourrait être aménagée alors que l'homme a déjà effectué deux ans de détention provisoire.

Le médecin traitant, lui, était venu voir la victime deux jours avant sa mort, pour sa visite mensuelle. Il a expliqué à la cour n'avoir reçu aucune "plainte" de sa patiente, mais a reconnu être "passé à côté" de son état de santé et a admis une "série de défaillances". Pour ses manquements, le médecin s'était déjà vu infliger un blâme par le conseil de l’ordre. Il a pris sa retraite en avril 2021.

Article original publié sur BFMTV.com

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