Dani Alves : un cas à part au PSG ?

Auteur d’une prestation mitigée contre Anderlecht, Dani Alves a rappelé combien il fallait être attentif dans la gestion de son temps de jeu.

Ce mercredi soir, pour le déplacement sur la pelouse d’Anderlecht, Unai Emery avait décidé (outre le forfait de Thiago Silva), de miser sur son équipe type. Et forcément, aux postes de latéraux, de ne pas s’autoriser de fantaisies, en laissant Berchiche et Meunier respectivement sur le banc de touche, leur préférant Kurzawa et Alves.

Un choix qui semblait logique, à l’heure où le club francilien voulait envoyer un message à l’Europe, à l’OM aussi, et à ceux qui pensent qu’il prend ses matches à la légère. Seul bémol, la titularisation de Dani Alves, utilisé à plein régime depuis son arrivée dans la capitale.

Pourquoi ? Parce que quatre jours avant, le coach avait déjà décidé de lancer son Brésilien pour affronter Dijon. D’abord à un poste qui n’était pas le sien, signe qu’il voulait à tout prix l’aligner alors qu’il disposait d’un Lo Celso encore vierge de toute titularisation et prêt à en découdre dans un match de Ligue 1 disposé au turn-over.

Ensuite parce que le coach cueillait le Brésilien au retour d’une trêve internationale éprouvante où ce dernier avait disputé deux fois 90 minutes contre le Chili et la Bolivie, des matches couperets forts en émotion outre-Atlantique.

Autrement dit, en terme de récupération et d’utilisation de son joueur, on avait connu mieux. Et forcément, cela s’était déjà fait ressentir sur le terrain. Impérial depuis le début de la saison, Alves avait parfois semblé dépassé dans un milieu de terrain qu’il n’avait plus l’habitude de sillonner, même s’il restait capable d’apporter le surnombre, de tenter des frappes lumineuses et de bousculer ses adversaires au duel.

Tous les joueurs font des matches insipides, et tous les coaches font des erreurs de coaching. Ça arrive aux meilleurs, mais il faut limiter la casse, quand on porte l’écusson du Paris Saint-Germain et qu’on trimballe un tel standing. Alors pour le déplacement à Anderlecht, était-il vraiment judicieux d’aligner une nouvelle fois un Dani Alves visiblement éprouvé ?

Et ça n’a pas manqué. Méconnaissable, le taulier de la défense francilienne s’est fait manger par Onyekuru sur ce qui aurait pu être la première grosse occasion belge en début de match. Et la suite de la rencontre n’a été qu’une succession de duels perdus par le défenseur auriverde, visiblement plus attaché à servir offensivement son équipe (il a notamment été impliqué sur le premier but). Quoi que.

Alors oui, Dani Alves a une grinta, un sens aigu de la combativité, et un caractère essentiel aux grands rendez-vous des siens. Mais Dani Alves a aussi et surtout 34 ans, et il va falloir commencer à optimiser ses apparitions, surtout que ce dernier est quasiment un meneur de jeu excentré, au vu du nombre de ballons qu’il touche et des kilomètres qu’il avale à chaque rencontre. Pas sûr qu’il soit donc essentiel d’en faire le latéral le plus utilisé du PSG cette saison.

Unai Emery l’a certainement appris à ses dépens cette semaine : qu’importe le talent du joueur dont on dispose, quand il s’agit d’un « vétéran », il faut être judicieux dans ses choix pour ne pas couper les jambes de son leader… Et la motivation de son concurrent.

Surtout quand on dispose d’un second couteau à la lame aussi affûtée que le premier. Parce que Thomas Meunier est loin d’être le latéral droit le moins en vue du moment, et l’international belge saisit chaque opportunité pour prouver qu’il est aussi prêt à assurer la relève à son poste, tant défensivement qu’offensivement (rappelons que ce dernier est impliqué directement sur quatorze buts cette saison, ce qui se fait de mieux en Europe pour un défenseur).

« Le problème c’est que je suis passé un peu au second rang et c’est ce qui est un peu dommage », avait d’ailleurs confié le Diable Rouge au micro de Canal Plus, la semaine passée, qui espérait voir le défenseur auriverde souffler de temps en temps.

Pour compenser, Emery a donc parfois fait le choix de lancer Alves à d’autres postes, afin de laisser le champ libre à Meunier, à l’image du Trophée des Champions ou justement de la rencontre Dijon, où l’ancien turinois devenait ailier ou milieu de terrain, laissant Meunier porter le costume d’arrière droit. Mais parfois, il va aussi falloir penser tout simplement à le laisser souffler, s’il veut espérer aller loin avec lui…

Car une saison, ça se gagne dans la durée, des leaders ça se préserve et un groupe, ça se mobilise. Et ce, dès maintenant.

Ambre Godillon