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Depp et Maïwenn à Cannes : 100 actrices dénoncent le tapis rouge « aux hommes et femmes qui agressent »

Géraldine Nakache, Camille Chamoux et Laure Calamy, parmi les signataires d’une tribune dénonçant « un système qui soutient les agresseurs » dans le cinéma.
Géraldine Nakache, Camille Chamoux et Laure Calamy, parmi les signataires d’une tribune dénonçant « un système qui soutient les agresseurs » dans le cinéma.

CINÉMA - Alors que s’ouvre le 76e Festival de Cannes ce mardi 16 mai, plus d’une centaine d’actrices et acteurs publient dans Libération une tribune dénonçant « un système qui soutient les agresseurs ».

« Le cinéma français a intégré un système dysfonctionnel qui broie et anéantit. Nous le savons depuis longtemps, nous en sommes les victimes et les témoins quotidiens. C’est parce que nous aimons passionnément notre métier que nous prenons la parole aujourd’hui », expliquent en introduction les signataires de cette tribune, qui peut aussi être signée ici en ligne.

« Nous subissons bien trop souvent des agressions sexuelles, du harcèlement moral et du racisme au sein même de nos lieux de travail. Lorsque nous avons le courage de parler ou demander de l’aide nous nous entendons trop souvent dire : “Tais-toi s’il te plaît, pour la vie du film” », continuent-ils.

Parmi les 123 signataires, figurent notamment Géraldine Nakache, Laure Calamy, Swann Arlaud, Anna Mouglalis, Clotilde Hesme, Jérémie Renier ou encore Camille Chamoux. Parmi eux figure également la comédienne Ophélie Bau, une des stars du sulfureux « Mektoub, My Love : Intermezzo » d’Abdellatif Kechiche, estimant que son contrat n’avait pas été respecté concernant l’utilisation d’une scène de sexe oral non simulée entre elle et Roméo de Lacour.

« Nous sommes profondément indigné·es et refusons de garder le silence face aux positionnements politiques affichés par le Festival de Cannes. Nous refusons d’être associées aux décisions prises ces dernières semaines. En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le festival envoie le message que dans notre pays nous pouvons continuer d’exercer des violences en toute impunité, que la violence est acceptable dans les lieux de création », poursuivent les signataires dans Libération, ciblant particulièrement - comme le hashtag #CannesYouNot sur les réseaux sociaux (voir les tweets plus bas) - la présence de Johnny Depp et Maïwenn Le Besco en ouverture avec le film Jeanne du Barry.

L’acteur américain avait été l’année dernière au centre d’un procès ultra-médiatisé pour violences conjugales, tandis que la réalisatrice a récemment reconnu avoir agressé physiquement le journaliste Edwy Plenel, qui avait porté plainte en avril.

Autre polémique à Cannes cette année, la présence en sélection officielle de la réalisatrice Catherine Corsini et de son film Le retour, pour lequel des soupçons de harcèlement et une irrégularité concernant une scène impliquant une actrice mineure existent.

500 cinéastes dénoncent les ingérences de l’industrie dans leurs créations

Interrogé sur le choix du film en ouverture de Cannes, le délégué général du Festival Thierry Frémaux a souligné s’intéresser à Depp « comme acteur », auquel rien n’interdisait de tourner, et dont la prestation dans le film est « extraordinaire » : « Je n’ai qu’une seule conduite dans la vie, la liberté de penser, de parler, d’agir dans le cadre de la loi », a-t-il ajouté.

Il assure n’avoir pas suivi la saga judiciaire ultra-médiatisée qui a opposé Depp à son ex-épouse, l’actrice Amber Heard, et au terme de laquelle ils ont été reconnus coupables de diffamations tous les deux et condamnés.

Les signataires de la tribune saluent par ailleurs le choix récent d’Adèle Haenel de quitter le milieu du cinéma. « Adèle Haenel a récemment rappelé qu’elle a “décidé de politiser son arrêt du cinéma”. C’est une décision que nous comprenons et soutenons », écrivent-ils à ce propos.

« J’ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma pour dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels, et plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu’il est », fustigeait notamment Adèle Haenel dans une tribune publiée sur le site de Télérama le 9 mai.

Par ailleurs, dans un autre texte qui devrait trouver un certain écho sur la Croisette, 500 cinéastes principalement francophones, dont Albert Dupontel, Olivier Nakache et Éric Toledano ou les frères Luc et Jean-Pierre Dardenne, dénoncent des ingérences de l’industrie sur leur travail artistique, « au nom de la rentabilité », dans une déclaration publiée ce mardi.

Réunis par la Société des réalisateurs de films (SRF), gardienne du cinéma d’auteur, ces artistes s’alarment dans ce texte publié le jour de l’ouverture du Festival de Cannes que « la diversité et la vitalité (du cinéma soit) de plus en plus affaiblies par certaines pratiques qui contreviennent aux principes fondamentaux du droit d’auteur et à la liberté de création ».

Ils citent notamment des « scénarios modifiés, (des) collaborateurs artistiques et castings imposés, (des) films modifiés au montage par les diffuseurs, (des) choix de musique prescrits ». Ces pratiques, « au nom de la rentabilité », « représentent immanquablement une forme de censure qui altère tout processus de création », estiment-ils.

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