Di Maria : l’allié parfait de Mbappé dans l’attaque du PSG ?


Auteur d’un véritable récital face à l’Olympique de Marseille, Angel Di Maria a de nouveau prouvé qu’il serait bien plus qu’un figurant pour l’avenir du PSG.

Difficile, de trouver les adjectifs pour qualifier la performance offerte par Angel Di Maria ce dimanche soir au Parc des Princes. Des coeurs avec les doigts, pour réconcilier un public blessé mais encore amouraché de son maillot. Des dribbles chaloupés pour déposer ses rivaux, des petits ponts venimeux, des sorties de ballons aimantées par des crampons en feu et des courses héroïques : Di Maria était en état de grâce.

Dix jours après la désillusion européenne face à Manchester United, l’Argentin est en tout cas de ceux qui avaient à coeur de panser les plaies des supporters. Et de s’inscrire encore un peu plus dans les plans de Thomas Tuchel.

Auteur de six buts et trois passes décisives depuis janvier, El Fideo fait parler la poudre, mais pas que. Sur la pelouse parisienne ce dimanche, on a pu prendre toute l’ampleur de la nouvelle dimension de Di Maria au sein de cette équipe. Et si c’était lui, finalement, qui portait cette attaque encore orpheline de Cavani et Neymar ? Attaquant le plus utilisé par Tuchel depuis le début de la saison, l’ancien Madrilène a non seulement intégré un quatuor indélogeable, mais il en est surtout devenu le maillon le plus fiable. Épargné par les blessures, débarrassé de son irrégularité chronique et titularisé match après match, il se paye aussi le luxe d’être en progression malgré ses 31 bougies.

Ce dimanche, dès la 29e minute, l’Argentin enrhumait toute la défense marseillaise pour montrer qui allait être le patron. Et prendre un malin plaisir à laisser ses adversaires agoniser sur chaque feinte de balle. Juste avant la pause, c’est lui qui sort le ballon sur corner face à trois défenseurs marseillais pour entamer une course folle et remonter tout le terrain. C’est lui, qui offre au public ce contrôle du talon pour servir Mbappé d’un caviar ajusté, qui offrira l’ouverture du score.

C’est encore lui qui va redonner l’avantage au PSG d’une superbe frappe à la 56e, faisant parler le génie de sa patte gauche. Lui, qui provoquera quelques minutes plus tard le carton rouge de Mandanda, alors qu’il cherchait à combiner avec Mbappé. Et c’est finalement lui, qui fera vibrer les filets d’un Pelé hébété, sur cette merveille de coup franc enroulé.

Ultra polyvalent depuis le début de la saison, baladé du milieu de terrain pour combler les carences, au front de l’attaque pour combler les blessures, d’un poste d’ailier à celui de meneur de jeu, piston gauche ou désormais attaquant de pointe, Di Maria a offert à Tuchel toutes les garanties d’un joueur à la fois influent sur son équipe et capable de débloquer des situations dans tous les compartiments du jeu.

« C’est un cadeau de travailler avec un joueur comme Angel, il est toujours le premier dans le vestiaire, travaille toujours dur à l’entraînement, peut jouer dans plusieurs positions et toujours à un haut niveau. Il est totalement fiable pour moi, c’est très facile avec lui. C’est un joueur très important parce qu’il se rend nécessaire pour l’équipe. Il joue pour l’équipe et pas pour son ego, c’est très important pour nous », avait d’ailleurs signifié le coach.

Thomas Tuchel, en perpétuelle réflexion sur les qualités à exploiter de ses joueurs, semble encore avoir eu le nez creux en envoyant l’ancien supersub d’Emery occuper la dernière ligne offensive aux côtés de Mbappé. Car si l’entraîneur n’a pas caché son intention d’installer le champion du monde dans un rôle de n°9, il a aussi bien conscience que c’est dans un duo que ce dernier excelle.

« Je veux que Mbappé finisse les attaques, le voir au niveau de la dernière ligne entre les défenseurs. Il est incroyable et dangereux avec sa vitesse et sa faim de marquer. Je ne veux pas qu’il endosse les responsabilités de Neymar, à la passe notamment, ni le voir garder le ballon entre les lignes. On a des joueurs qui peuvent faire ça et lui délivrer des bons ballons », avait d’ailleurs expliqué le technicien en conférence de presse.

Et ça tombe bien, parce que sur le terrain, Di Maria fait le sale boulot, s’arrache désormais pour défendre et relancer, pour dribbler et galoper. Combiner avec Verratti, défendre avec Bernat, et emmener le bloc vers des contres fulgurants. Offrir des solutions concrètes sur le terrain, les étincelles qui vont avec. Pour Mbappé, nul doute que la présence de l’Argentin fait aussi son bonheur : à la fois pour le décharger d’un capital but qu’il ne peut endosser seul en l’absence du duo brésilo-uruguayen (Di Maria est impliqué dans 30 buts cette saison, rien que ça), mais aussi en jouant un football qui le sublime.

« Di Maria a fait un match exceptionnel. Il a beaucoup de responsabilités car il nous manque des joueurs-clés. Il a été extraordinaire. Il a été décisif. Je suis heureux pour lui car il le mérite », a d’ailleurs commenté le coach allemand après la victoire parisienne (3-1).

Son enchainement contrôle du talon – passe millimétrée ce dimanche soir en est l’ultime exemple : Di Maria et Mbappé parlent le même football. Angel crée, décale, descelle une faille et anticipe un appel. Parfait, pour le jeu léché de Tuchel, qui veut que son équipe procède par transitions rapides pour se déporter très vite vers l’avant.
À l’heure où beaucoup s’interrogeaient sur le mimétisme parfois contre nature de Mbappé avec Neymar, à l’heure où l’on évoquait souvent les incompréhensions techniques entre Mbappé et Cavani, force est de constater que Di Maria ne fait pas de vagues, et se fond volontiers dans le décor.

Ce dimanche, après avoir essuyé le refus de Mbappé de tirer l’ultime penalty, et voyant ce dernier échouer, Di Maria a attendu le coup de sifflet final pour aller féliciter le prodige français. Fini, le temps où il boudait sur le terrain et en dehors. L’Argentin est désormais un cadre de l’équipe, et il le montre. À l’heure où chaque geste est sujet aux interprétations, « ADM » lobe les polémiques stériles qui pourraient polluer le débat foolballistique.

Et puis, alors que le Matador pourrait s’envoler vers d’autres cieux au terme de la saison et que la direction francilienne aura forcément le regard rivé vers l’effectif pour évaluer ses besoins, Di Maria réussit un joli tour de force : celui de se placer en pole position pour former, avec Mbappé, un duo fiable et pérenne sous le maillot rouge et bleu. Et le PSG, de son côté, s’est en tout cas débarrassé de la question contractuelle, puisque l’Argentin a prolongé en octobre dernier son bail de deux années supplémentaire (jusqu’en 2021). De quoi laisser présager quelques nouvelles masterclass sur les rectangles verts.

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