Dictée géante sur les Champs-Élysées : entre craintes et enthousiasme, témoignages de participants

Plus de 5000 enfants, étudiants, retraités ont planché ce dimanche sur la plus grande dictée jamais organisée au monde.

ORTHOGRAPHE - Un tableau de 102 mètres carrés, une salle de classe qui en fait 6 600 et pas moins de 1 779 pupitres. Des milliers de personnes de dix ans à 92 ans ont participé ce dimanche 4 juin à une dictée géante sur l’avenue des Champs-Élysées à Paris.

Au menu du jour : trois dictées. La première est un passage de la Mule du Pape, une nouvelle tirée des Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet, dictée par le journaliste et président de l’association Bibliothèque sans frontières, Augustin Trapenard. Les deux suivantes sont un texte contemporain lu par l’écrivaine Katherine Pancol, et un texte sur un thème sportif, dicté par le rugbyman Pierre Rabadan.

Mais pour beaucoup de participants, les bancs de l’école remontent à loin. Alors forcément, avant de commencer, la crainte du 0/20 est palpable dans les réponses des personnes que Le HuffPost a interrogées, comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo en tête d’article.

Étudiants, familles, retraités...

À la question « À quand remonte votre dernière dictée ? » posée par notre journaliste, certains ne se rappellent même plus la date, quand d’autres essayent de se replonger dans le passé : « À l’époque où je mettais un cartable ». « Ça doit faire plus de 10 ans, ça va être compliqué là », s’inquiète un jeune homme.

Mais alors pourquoi ont-ils décidé de se lancer tout même ce défi ? « Déjà j’adore lire et j’aime bien faire la dictée. Donc je me suis dit que c’était une occasion d’aller sur les Champs-Élysées et de joindre l’utile à l’agréable », explique Djedida, informaticienne. Guillaume, étudiant en école d’ingénieur dit n’avoir aucune attente : « Je ne sais pas le niveau de la dictée. On verra bien. Puis on va s’amuser ! »

Certains sont même venus en famille. Aurélie Burani et son fils Yanis sont assis parmi les premiers rangs. Sourire aux lèvres, ils se prennent tous les deux en photo pour immortaliser cet événement. « J’avais envie de partager ce moment avec mon fils », raconte à l’AFP la mère de 40 ans. Yanis, lui, a tout de même hésité avant de soumettre sa candidature. « Je vais bientôt passer le brevet, donc c’est un bon entraînement », explique le collégien de 14 ans.

S’entraîner pour s’améliorer, c’est aussi l’objectif de Florence Darblay, retraitée. « Mon orthographe s’est dégradée avec le temps parce que j’écris moins. Pour m’améliorer, je me suis mise au bridge, il y a un an. Ce jeu de cartes me permet de faire marcher mon cerveau », explique-t-elle à l’AFP.

Une première mondiale

Il est 14H15 et c’est le silence total sur la plus célèbre avenue du monde. Petits et grands sont penchés sur leur copie, stylo bic à la main. Mais au bout de quelques minutes, Samson, 10 ans, n’écoute plus le professeur juché sur l’immense estrade. « Je trouve que c’est compliqué parce que ça va trop vite. Du coup, j’ai abandonné », explique l’élève de CM1.

Vingt minutes plus tard, la première dictée prend fin. Un soulagement pour Adrien Blind, 42 ans : « À travers cet exercice, je me souviens du stress, des inquiétudes, de cette sensation de perdre le fil ». À sa gauche, son fils est contrarié. En CM2, Antoine fait partie des meilleurs de sa classe. Pourtant, sa copie est presque vide : « C’était quasi-impossible ! C’était une dictée pour les adultes ».

Il y a aussi ceux qui ont réussi, comme Touria Zerhouni, qui lance un cri de joie pendant la correction en autonomie. « Je n’ai fait que deux fautes ! Je m’attendais à bien plus dur », se réjouit la retraitée de 65 ans. Une équipe d’une trentaine de professeurs de français de la société Acadomia, spécialisée dans les cours de soutien, est mobilisée pour valider ensuite les corrigés.

Hervé Fernandez, directeur général de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, y voit une manière de lutter contre ce phénomène qui touche 2,5 millions de personnes en France : « cette dictée permet de réconcilier les gens avec les mots de manière ludique, détendue et sans complexe ».

Cet événement, qui a reçu plus de 50 000 candidatures, est une première mondiale. Parmi les inscrits, 5 100 personnes ont été tirées au sort pour pouvoir participer à l’une des trois grandes dictées, soit 1 779 participants par exercice.

VIDÉO - La grande dictée : les Champs-Elysées transformés en salle de classe