Dupond-Moretti et Kohler maintenus: Véran appelle à ne pas "confondre mise en examen et condamnation"

Une longue explication d'Olivier Véran pour tenter de défendre le maintien d'Éric Dupond-Moretti et d'Alexis Kohler au gouvernement et à l'Élysée. Le garde des Sceaux a été renvoyé lundi devant la Cour de justice de la République - une première pour un ministre en exercice. Alexis Kohler, secrétaire général de la présidence et plus proche collaborateur d'Emmanuel Macron, a été mis en examen le même jour dans une autre affaire.

"Je trouve qu'on a trop tendance à confondre mise en examen et condamnation", a estimé Olivier Véran.

"Est-ce qu'il faut, dès la mise en examen, écarter des gens qui sont en responsabilité sans savoir s'ils seront condamnés ? Mon avis, c'est non", a justifié le porte-parole du gouvernement ce mercredi à l'issue du Conseil des ministres.

Une position contraire aux propos d'Emmanuel Macron en 2017?

Si l'exécutif exclut pour l'instant toute démission des deux hommes, cela n'a pas toujours été la position d'Emmanuel Macron. Lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2017, il avait affirmé sur France 2 que s'il était mis en examen, il renoncerait à être candidat à la présidentielle, "de la même façon qu'un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu'il est mis en examen".

Éric Dupond-Moretti a été mis en examen en juillet 2021 pour prise illégale d'intérêt. Le garde des Sceaux est accusé d'avoir profité de sa fonction pour régler des comptes avec des magistrats auxquels il s'était opposé lorsqu'il était avocat, ce qu'il réfute. Il a malgré tout été reconduit à son poste pour le nouveau quinquennat d'Emmmanuel Macron.

Après l'annonce de son renvoi devant la Cour de justice de la République, ses avocats ont indiqué se pourvoir en cassation pour contester cette décision.

"Il y a la question du principe et son application"

Alexis Kohler, le plus proche collaborateur du président, a lui été mis en examen pour prise illégale d'intérêt, dans le cadre d'une enquête sur un éventuel conflit d'intérêts entre ses postes dans la fonction publique et ses liens avec l'armateur italo-suisse MSC, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte.

"Il y a la question du principe et son application concrète. Dans le cadre d'Alexis Kohler, ça concerne des faits qui remontent à plus de 10 ans, qu'il conteste d'ailleurs, (...) (qui portent sur) un lien d'intérêt via un lien familial au cinquième degré sur une décision qu'il n'était pas en mesure de prendre", a encore avancé Olivier Véran pour expliquer son maintien à l'Élysée.

Plusieurs figures politiques ont appelé à la démission d'Éric Dupond-Moretti et d'Alexis Kohler, de Marine Le Pen, la patronne des députés RN, au socialiste Olivier Faure, en passant par l'insoumise Mathilde Panot.

Les circonvolutions de l'exécutif

L'Élysée a adopté une position à géométrie variable sur la question. À peine nommés au gouvernement en mai 2017, François Bayrou, Sylvie Goulard et Marielle de Sarnez sont sommés de quitter l'exécutif quatre semaines plus tard, mis en cause dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Leur mise en examen n'arrivera que deux ans plus tard.

Alain Griset, l'ancien ministre délégué aux PME a dû, lui, démissionner une fois condamné en mai dernier. Damien Abad, visé par des accusations pour viols et tentative de viol a pour sa part dû quitter le gouvernement après l'ouverture d'une enquête judiciaire en juin dernier.

Article original publié sur BFMTV.com