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EDF veut pouvoir présenter son nouveau modèle d'EPR mi-2021

EDF VEUT POUVOIR PRÉSENTER SON NOUVEAU MODÈLE D'EPR MI-2021

PARIS (Reuters) - EDF a annoncé jeudi une nouvelle série d'engagements dans le cadre de son plan d'amélioration des performances de la filière nucléaire française, le groupe souhaitant notamment être en mesure de présenter mi-2021 un nouveau modèle de réacteur EPR tirant les leçons des déboires des chantiers en cours.

Après avoir tracé les grandes lignes de ce plan "excell" fin 2019, EDF a précisé lors d'une conférence de presse que son offre d'EPR 2 - présenté comme plus simple et moins cher à construire - bénéficierait dans l'optique d'une paire de réacteurs d'une division par dix "a minima" des reprises d'études et de fabrications par rapport à l'unité en cours de construction à Flamanville (Manche).

Le groupe compte également, toujours pour la mi-2021, "sécuriser les gains prévus en termes de coûts et de délais" pour le projet de Sizewell C, qu'il envisage de construire dans l'est de l'Angleterre, par rapport à celui d'Hinkley Point C.

A la même échéance, EDF vise aussi un nouveau mode de contrôle des grands projets, un séquencement plus "robuste" des chantiers, des fabrications et constructions "garanties conformes du premier coup", un mode de relations avec ses fournisseurs davantage basé sur les résultats ou encore un nouveau système d'habilitation des soudeurs sur les nouveaux contrats du parc existant et sur les projets "neufs".

Le groupe a confié en début d'année le poste de délégué général à la qualité industrielle et aux compétences à Alain Tranzer, venu du groupe automobile PSA, pour mettre en oeuvre le plan "excell" élaboré fin 2019 à la suite d'un rapport d'audit de Jean-Martin Folz analysant les dérapages successifs de coûts et de délais de l'EPR de Flamanville.

"Je ne crois pas au changement lent. Le changement est rapide ou il n'est pas (...). Il y a urgence à délivrer des résultats concrets, visibles, sur le terrain", a-t-il dit lors d'une conférence presse.

"La standardisation et la réplication sont un levier majeur pour 'dérisquer' les projets en termes de coûts et de délais", a ajouté Alain Tranzer, évoquant un gain de l'ordre de "30% sur les délais d'ingénierie et de 30% sur les coûts".

"PROUVER QU'ON A RAISON DE NOUS FAIRE CONFIANCE"

"Mi-2021, c'est le moment où on a prévu de remettre l'offre engageante d'EPR 2 ; c'est le moment où on veut prouver qu'on a raison de nous faire confiance parce qu'on a obtenu déjà des résultats visibles sur notre capacité à délivrer - dans le respect des coûts et des délais annoncés - les futures centrales qu'on voudra bien nous commander", a également dit le dirigeant.

Emmanuel Macron avait demandé à EDF en 2018 de travailler à un programme de nouveaux réacteurs nucléaires "en prenant des engagements fermes sur le prix pour qu'il soit compétitif", afin d'être prêt en 2021 "pour que le choix (...) proposé aux Français puisse être un choix transparent et éclairé".

Le gouvernement a cependant renvoyé sa décision sur la construction de nouveaux réacteurs après la mise en service de l'EPR de Flamanville 3, soit après un chargement du combustible programmé fin 2022 selon le dernier calendrier fourni par EDF.

Estimé à trois milliards d'euros lors de l'annonce du projet en 2004, l'EPR de Flamanville devait initialement entrer en service en 2012. Selon les dernières estimations en date, le coût de construction de cette "tête de série" est prévu à 12,4 milliards.

Xavier Ursat, directeur exécutif d'EDF en charge de la direction "ingénierie et projets nouveau nucléaire", a pour sa part déclaré que l'impact de la crise du coronavirus sur le chantier de Flamanville était pour le moment vu comme "tout à fait modéré" et a indiqué que le groupe espérait obtenir d'ici à la fin du mois de novembre l'autorisation de réparer les soudures défectueuses les moins accessibles du réacteur.

Il a aussi confirmé que le groupe visait avec l'EPR 2 une réduction de coûts de l'ordre de 30% par rapport à la facture d'un chantier de Flamanville qui se serait déroulé dans des conditions normales.

(Benjamin Mallet, édité par Jean-Stéphane Brosse et Jean-Michel Bélot)