Edito - Et si Tuchel prenait le pouvoir ?

Attention football fiction. Ou presque. A l’issue d’un 4eme mercato peu convaincant, l’avenir d’Antero Henrique au PSG pourrait se dessiner en pointillés. Sous fond de tension larvée avec Tuchel et de résultats décevants (dans le symbolique dossier « de Jong » en particulier), son sort serait même scellé, avec la fin de saison comme horizon le plus lointain. Un nom apparaîtrait dès lors évident pour le remplacer : Arsène Wenger. Mais l’Alsacien, courtisé depuis des années par le club de la Capitale, semble hésiter à se glisser dans un rôle de dirigeant, lui qui confiait encore en octobre « avoir besoin de sa drogue d’entraîner tous les week-ends » (Bild).

Pourtant, et même si Tuchel semble avoir adoubé Wenger dans la perspective d’une arrivée à Paris, une autre solution existe. Une solution plus simple, moins onéreuse, peut-être aussi plus risquée. Celle de confier les clés du camion à Thomas Tuchel. Comme beaucoup de grands coachs, l’Allemand semble avoir du mal à cohabiter avec les directeurs sportifs. Alors pourquoi s’embarrasser avec un N+1, forcément envahissant, quand l’ex-entraîneur cumule plusieurs qualités capables de faire de lui un bon « manager à l’anglaise ».

Garant de l’autorité du club

Parmi ses aptitudes, on citera bien sûr son expertise du terrain mais aussi sa capacité à endosser le costume de représentant de l’autorité du club, lui dont tous les cadres louent le talent pour faire respecter les règles de vie tout en conservant une réelle proximité avec le groupe. Autre atout évident, ses qualités de communiquant, une fonction laissée vacante depuis le départ de Leonardo. En l’espace d’un mois, Tuchel a su se mettre les médias du pays dans la poche, grâce en partie à ses spectaculaires progrès en français mais surtout à sa facilité à faire passer des messages en variant les modes d’expression. Souvent blagueur, parfois flingueur, c’est un expert des médias dont la maitrise du sujet n’est pas sans rappeler celle d’une autre référence en la matière : Didier Deschamps.

Enfin, l’avantage le plus certain à sa nomination à ce poste serait bien entendu la disparition des tensions internes, sources, on l’a vu particulièrement cet hiver, d’un cap peu évident à tenir entre désidérata de l’entraîneur et contraintes (ou intérêts) du directeur sportif. Tuchel deviendrait le seul décisionnaire sportif (dans les limites budgétaires du club évidemment), ce qui raccourcirait le circuit de décision, le rendant potentiellement plus efficace.

Des inconvénients certains mais… contournables

Une fois ce tableau idyllique brossé, venons-en aux inconvénients de cette promotion. Le premier est évident : son inexpérience à ce poste. Mais Tuchel a tout du surdoué depuis le début de sa carrière, alors qui sait s’il ne surprendrait pas encore son monde avec cette casquette. Autre inconnue : ses qualités de négociateurs. Car si Henrique a pu louper quelques dossiers pour des raisons parfois obscures, son sens inné du trading est incontestable. Pas sûr que Tuchel soit aussi bon que lui dans ce domaine… mais un adjoint efficace pourrait très bien combler ce manque et finaliser les transactions. Ça tombe bien, avec Maxwell, le PSG compte déjà un adjoint fiable qui a pu saisir les ficelles du secteur auprès d’Antero Henrique.

Même logique pour la question de la surcharge de travail. Cumuler les deux fonctions seraient très chronophage mais certains, en délégant encore une fois, y sont parvenus pendant des années. Un certain Arsène Wenger par exemple. Tiens, tiens, et si Thomas Tuchel avait plutôt pris des renseignements sur le sujet lors de leur récent dîner. Parfois la réalité rattrape la fiction. Même en football.