Edito : Pâris, Mbappé et son talon d’Achille

C’est un peu cliché de le rappeler mais en football, Anfield est une sorte d’Olympe. Un lieu sacré. L’hybris, l’arrogance de ceux qui oublient de rester à leur place, y est donc souvent sévèrement réprimé. Auteur d’un match médiocre jusqu’à son but venu de nulle part (2-2, 83eme), Kylian Mbappé se l’est vu cruellement rappeler. Juste après son égalisation, ses bras levés en V vers le ciel et son regard giratoire toisant les tribunes de ce lieu mythique avait tout de l’offense tant sa prestation du soir appelait plutôt à la modestie et à la retenue.

Les fameux « Dieux du football » se sont alors chargés de le punir avec cette perte de balle de la 92eme minute et son issue fatale, telle la flèche de Pâris (déjà…) tirée dans le talon d’Achille. Evidemment, si vous n’êtes pas trop porté sur la mythologie, vous avez aussi le droit d’y voir plus simplement un autre excès de confiance… Ce qui semble certain en revanche, c’est que le jeune Parisien, tout champion du monde qu’il est, n’a pas encore pris la mesure de ce que ce genre de rencontre de Ligue des Champions implique, surtout dans un stade comme Anfield. On le sait, après son catastrophique France-Australie, Didier Deschamps s’était chargé de lui rappeler quelques uns de ses devoirs en matière de repli et d’engagement défensif. Si la leçon avait plutôt été retenu pour la suite de la compétition, il faut croire que l’ancien Monégasque l’a déjà oublié.

Dans une rencontre d’emblée électrique, son refus d’aller au combat fut, en effet, flagrant. Pour en parler, laissons de coté la faiblesse de sa performance technique (un soir sans, ça arrive et son but rattrape quand même ce bilan) et concentrons-nous sur son engagement. Cinq duels aériens lui furent ainsi proposés tout au long de la partie et il n’en joua… aucun. AUCUN. On ne parle pas ici de les gagner mais simplement de les disputer. Et pour cela, c’est toujours mieux de sauter. Bien sûr, son jeu de tête n’est pas sa qualité première mais songez un peu au signal envoyé aux défenseurs.

75% de duels gagnés pour Reobertson

A propos de signal, celui affiché dans son couloir était tout aussi limpide et catastrophique : « Allez-y, la voie est libre, je ne me replie pas ». Les Reds ne se sont évidemment pas fait prier (Klopp avait dû insister sur ce point) et Robertson a ainsi pu ajuster en toute tranquillité son centre pour la tête de Sturridge sur l’ouverture du score (1-0, 30eme). Avec 75 % de duels remportés, Robertson, le vis-à-vis de Mbappé, a d’ailleurs passé une soirée bien tranquille.

Alors évidemment, on ne va pas demander au Golden Boy 2017 de se transformer en défenseur de métier. Mais dans ce type de match, Paris ne peut se permettre d’évoluer avec deux joueurs (Neymar n’a pas montré autre chose) aussi peu agressifs et désintéressés par le travail défensif de base. Faute de quoi, le Paris Saint-Germain passera une saison de plus à regarder les Olympiens du foot (les vrais, pas ceux de notre Ligue 1) accéder au panthéon du ballon rond.