Comment Elina Svitolina qui affronte Aryna Sabalenka à Roland-Garros est devenue la chouchou du public

Elina Svitolina, ici lors de son match contre la Russe Anna Blinkova à Roland-Garros, le 2 juin 2023.
Elina Svitolina, ici lors de son match contre la Russe Anna Blinkova à Roland-Garros, le 2 juin 2023.

ROLAND-GARROS - Depuis le début du tournoi féminin de Roland-Garros, elle prend toute la lumière ou presque. L’Ukrainienne Elina Svitolina, qui affronte la Biélorusse Aryna Sabalenka ce mardi 6 juin en quart de finale, est devenue en une semaine la chouchou du public parisien, grâce à la combinaison de ses performances sportives retrouvées et d’un contexte extra-sportif chargé, lié à la guerre en Ukraine.

Seulement classée 192e mondiale au début du tournoi, la joueuse ukrainienne de 28 ans a vécu une première semaine de rêve à « Roland », battant successivement l’Italienne Martina Trevisan, l’Australienne Storm Hunter, puis les Russes Anna Blinkova et Daria Kasatkina. À chaque fois, elle a été ovationnée par le public après la balle de match.

Après sa victoire finale dans le tournoi de Strasbourg juste avant le début de Roland-Garros, elle enchaîne actuellement une série de huit succès consécutifs cette saison. Une performance qui la rebascule dans le top 100 WTA (73e avant son quart de finale), elle qui était retombée jusqu’à la 1 344e place mondiale début avril au moment de son retour à la compétition, après un an d’absence sur le circuit.

« Je suis la dernière joueuse française en lice. » Elina Svitolina, après sa qualification en quart de finale.

Mariée à Gaël Monfils depuis juillet 2021, pour qui elle a pu vibrer lors de son incroyable 1er tour victorieux en 5 sets, l’ancienne numéro 3 mondiale est encouragée sur les courts de la porte d’Auteuil comme si elle était aussi française. « Maintenant, je comprends ce que Gaël a vécu pendant toutes ces années », a même lancé l’Ukrainienne lors de son interview d’après-match sur le court dimanche.

« Je suis la dernière joueuse française en lice », avait-elle ajouté dans un clin d’œil en conférence de presse. « Dès le premier tour, j’ai vu qu’on me soutenait, j’étais acclamée par le public, et j’en obtiens chaque fois plus. Je ne m’attendais absolument pas à ça », avait-elle aussi reconnu.

Si les spectateurs du tournoi parisien se souviennent sans doute de ses bons résultats passés ici, quand elle avait aussi atteint les quarts en 2015, 2017 et 2020, ils ont inévitablement dans un coin de la tête l’actuel conflit en Ukraine, ce qui ajoute une forme d’empathie et de sympathie supplémentaires pour la joueuse native d’Odessa.

Prises de position franches sur la guerre en Ukraine

D’autant plus que ses prises de position sur le sujet restent franches, elle qui a refusé de serrer la main de ses deux adversaires russes au 3e tour et en huitième de finale, un choix remarqué mais jamais sifflé par le public.

« Chaque fois que je foule le court, je vais me donner à 100 % (...) pour faire quelque chose pour mon pays », assurait-elle cette semaine en conférence de presse. « Il y a un drapeau à côté de mon nom, donc je me bats pour mon pays. »

« Je suis Ukrainienne, je fais tout ce que je peux pour soutenir (...) celles et ceux qui sont sur le front, qui se battent pour notre pays, nos terres », expliquait-elle encore. « Imaginez maintenant que ces personnes-là me voient agir comme si de rien n’était… Ce que les Russes font à notre pays est vraiment affreux. »

Après sa victoire à Strasbourg le 27 mai, Elina Svitolina avait annoncé qu’elle donnerait la somme d’argent remportée pour aider les enfants ukrainiens. Un geste acclamé par le public alsacien.

Un bébé avec Gaël Monfils

Il y a un peu plus d’un an maintenant, c’est en grande partie l’invasion russe de son pays qui l’a éloignée des courts, elle qui se disait « mentalement exténuée » et angoissée, notamment pour l’avenir de sa grand-mère de 81 ans trop âgée pour quitter Odessa.

Sa pause s’était poursuivie lorsqu’elle était tombée enceinte. En octobre dernier, elle avait donné naissance à Skaï, sa fille née de son union avec Gaël Monfils. L’orthographe du prénom avait d’ailleurs une résonance volontairement très franco-ukrainienne, le tréma du « ï » étant présent dans les deux langues.

Un heureux événement loin de freiner sa carrière sportive. Son retour en force sur les courts, l’Ukrainienne l’avait ainsi voulu dès qu’elle est tombée enceinte : « je savais déjà quand j’étais enceinte que je reviendrais, parce que je voulais le faire pour moi. J’ai des objectifs à atteindre avant de prendre ma retraite. »

Outre redevenir performante après une grossesse, elle souhaite aussi inspirer d’autres femmes sportives de haut niveau. « J’espère que oui », répondait-elle cette semaine à ce sujet. « Je m’inspire moi-même d’autres femmes qui ont donné naissance et ont repris le sport. Bien sûr, ça demande un énorme effort. »

Jeune maman, Ukrainienne, mariée à l’ancien prodige du tennis français et performante sur les courts après être revenue rapidement de très loin : Elina Svitolina cochait finalement toutes les cases pour devenir la coqueluche du public de cette édition 2023. On ose imaginer ce que deviendrait cette « Svito »-mania en cas de victoire contre la numéro 2 mondiale ce mardi. Alors une victoire finale samedi, n’en parlons même pas.

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