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Emmanuel Macron a promis « l’apaisement » mais 8 Français sur 10 ne le voient pas - SONDAGE EXCLUSIF

Rares sont les Français à faire confiance au chef de l’État pour parvenir à apaiser les esprits après des mois de tensions sociales et politiques sur sa réforme des retraites.

POLITIQUE - Cent jours sans ? Les efforts d’Emmanuel Macron et ses ministres pour tourner la page de la difficile réforme des retraites peinent à porter leurs fruits. Le chef de l’État a dessiné un cap de « cent jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action » le 17 avril dernier. Pour l’instant, les Français ne sont guère convaincus.

C’est l’un des enseignements du sondage mené par YouGov pour Le HuffPost le lundi 29 et mardi 30 mai. Selon cette enquête, 78 % des Français, soit presque 8 sondés sur 10, estiment que le pays est « moins apaisé » aujourd’hui qu’il l’était avant l’allocution du président de la République, et son retour dans le débat.

Dans le détail, cette forme de défiance parcourt toutes les sensibilités politiques avec une prime chez les électeurs du Rassemblement national. 88 % des sympathisants de Marine Le Pen estiment que le pays n’est pas plus apaisé, tout comme 75 % des Français proches des idées de la NUPES. Même chiffre du côté des sondés enclins à voter pour Les Républicains.

74 % des Français ne font pas confiance à Macron pour apaiser

Plus problématique pour Emmanuel Macron, ses propres électeurs ne voient pas le bout du tunnel. 59 % des sympathisants du camp présidentiel (Renaissance - MoDem - Horizons) répondent effectivement par la négative quand on les interroge sur cette fameuse quête d’apaisement.

Autre chiffre délicat pour le chef de l’État : 74 % des Français disent ne pas lui faire confiance pour calmer les esprits dans le pays, après des semaines de tensions sociales et politiques sur son impopulaire réforme des retraites. Un chiffre, là aussi, gonflé par l’hostilité des Français proches du Rassemblement national ou de la gauche… Mais qui n’en reste pas moins significatif du côté de ses propres sympathisants. 33 % d’entre eux n’ont effectivement « pas confiance » en lui pour remplir la mission « apaisement. »

Pourtant, Emmanuel Macron mouille le maillot depuis plusieurs semaines. Il multiplie les entretiens dans les médias, sous divers formats, et les déplacements sur le terrain, dans le Var en Charente ou dans le Nord. Il sera à nouveau dans le Gard, vendredi pour présenter la météo des forêts, puis en Normandie lundi et mardi prochains.

Une tentative de reprendre la main sur le débat public encore reflété par les fuites opportunes du dernier Conseil des ministres, lorsqu’il a indirectement recadré la cheffe du gouvernement sur sa sortie contre le Rassemblement national, « héritier de Pétain », selon elle, en prenant son parfait contre-pied devant l’ensemble du gouvernement.

La réforme comme sparadrap

Dans ce contexte, le président de la République n’est pas avare d’annonces, entre la réforme du lycée professionnel, le remboursement à 100 % des fauteuils pour les personnes handicapées ou la future baisse d’impôt (encore très floue) pour les classes moyennes. Sans parler des promesses de ses ministres sur l’immigration, la fraude sociale et fiscale ou les métiers d’art. Mais pour quels résultats ?

Force est de constater que l’offensive du camp présidentiel a certes permis de mettre la lumière sur d’autres sujets, moins inflammables. Mais la réforme des retraites n’en reste pas moins très présente, de l’Assemblée nationale au Festival de Cannes. Comme un sparadrap qui colle aux baskets de l’exécutif.

Dimanche, toute la Macronie (ou presque) est tombée sur la réalisatrice Justine Triet qui venait de dénoncer, en recevant la prestigieuse Palme d’or cannoise, comment la « contestation historique, puissante, unanime de la réforme des retraites » a été « niée et réprimée de façon choquante. » Trois jours plus tard, mercredi, les députés se sont affrontés avec virulence sur la proposition de loi du groupe Liot pour revenir sur le texte et le couperet des 64 ans, avant une deuxième manche le 8 juin à l’Assemblée nationale.

Entre-temps, l’intersyndicale appelle à une nouvelle mobilisation d’ampleur le 6 juin dans les rues, toujours pour contester le projet phare du chef de l’État. Dans l’opinion, sur le pavé ou les tapis rouges, l’apaisement n’est pas pour maintenant.

Cette enquête YouGov a été réalisée sur 1 035 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France du 29 au 30 mai 2023.

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