Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz: le proviseur déclare que les élèves "ne vont pas encore bien"

"Il y a eu des jours compliqués, surtout pour les élèves de seconde qui étaient dans la classe ou celle d'à côté au moment du drame", confesse Xabi Inchauspé, le directeur du collège-lycée Saint-Thomas d’Aquin à Saint-Jean-de-Luz, dans les pages du quotidien Sud Ouest.

Il témoignait à l’occasion d’un hommage rendu à Agnès Lassalle, qui enseignait l’espagnol dans ce lycée et a été poignardée à mort dans sa classe par l’un de ses élèves le 22 février dernier. Il s’agit de la première prise de parole publique du proviseur depuis le drame.

"Certains [de ces élèves] ont encore besoin d'être accompagnés, et tous resteront marqués à vie", poursuit-il. "Mais ils ont pour la majorité d'entre eux cette force de la jeunesse qui aide à se projeter vers l'avant, vers l'après."

"On reste encore tous fragiles"

Les professeurs et élèves "vont mieux, mais pas encore bien", rapporte le directeur de l'établissement privé d'enseignement catholique situé en Nouvelle-Aquitaine.

"On reste encore tous fragiles, parce qu'une double fatigue est venue s'accumuler, à la fois émotionnelle et professionnelle. On a des professeurs qui sont en arrêt et qui s'en veulent, alors qu'ils n'ont pas à s'en vouloir. Et on a des professeurs qui trouvent encore la force d'être là quand ça craque."

Il l'admet: "On tient le coup, mais il est temps que l'année scolaire s'arrête."

Il explique avoir vécu cette journée du 22 février comme "un tsunami, une vague qui a déferlé sur l'établissement alors que rien ne nous y préparait". Il a d’abord fallu "mettre des mots", et "rassurer, dire aux élèves et à la communauté éducative qu'ils n'étaient pas en danger", "le tout dans un tourbillon d'émotions, de tristesse, de colère et d'incompréhension".

Un acte qui n’est pas "une expression d'un malaise de l'école"

Le principal pourtant se garde de qualifier cet acte ou d’émettre une opinion sur les raisons qui y ont conduit. "Je pense qu'il ne faut pas chercher à donner un sens à un geste qui n'en a pas", assure-t-il. "Il y avait au minimum de la fragilité chez ce jeune, mais il n'y avait jamais eu de comportement violent, rien qui aurait pu laisser imaginer qu'il pourrait s'en prendre à un enseignant."

"Pour moi, ça peut malheureusement arriver partout et, contrairement à ce que certains médias ont suggéré, je ne vois pas à travers cet acte-là une expression d'un malaise de l'école", insiste le chef d’établissement.

Il estime que l’école est, "à l'image de la société", constituée d’individus pluriels avec des fragilités diverses.

Hommage rendu par le lycée

Lors des obsèques de l’enseignante le 3 mars, son compagnon lui avait rendu un vibrant hommage par la danse, une passion commune depuis leur rencontre. Ce vendredi, c’est au tour du lycée d’organiser une cérémonie en son honneur, qui réunira actuels et anciens élèves et professeurs, parents d’élèves et religieuses.

"Il s'agira d'un hommage simple, gai comme l'était Agnès, avec de la musique, de la chanson, des prières", expliquait le proviseur en amont. "On alternera français et espagnol et on ajoutera une touche de basque, parce qu'elle adorait le Pays basque où elle s'était installée alors qu'elle était bordelaise."

"Ce qui est certain, c'est qu'Agnès, par sa passion professionnelle, nous a laissé un héritage", confie-t-il encore à Sud Ouest.

Et de conclure: "On la garde auprès de nous comme une petite brise qui nous pousse et nous aide à aller de l'avant."

Article original publié sur BFMTV.com