Entre colère des supporters et excuses bâclées... La polémique Meunier est-elle justifiée ?

Ce dimanche soir, en manifestant sa colère contre Thomas Meunier, le public du Parc des Princes a bouclé la boucle d’une semaine de polémiques. Pour un mal bien plus profond.

Il y a quelques jours déjà, Thomas Meunier « likait » sur les réseaux sociaux les tifos de l’Olympique de Marseille, rival historique du Paris Saint-Germain. Le geste, évidemment, était tout sauf anodin pour des supporters fatigués de subir les affres des joueurs outrepassant leur histoire. On vous passe les détails, mais s’en suivait une pluie de critiques acerbes à l’encontre de l’international belge et des échanges médiatiques se justifiant de chaque côté.

D’abord le Collectif Ultra Paris, qui implorait ses joueurs de prendre toute la mesure de l’écusson porté sur le maillot et, ne faisant pas spécialement cas de Thomas Meunier, exigeait surtout que l’institution parisienne soit respectée.

De l’autre, Thomas Meunier, attisait quelque peu la polémique, en publiant un message qui occultait toute auto-critique, le dédouanait d’avoir manqué de respect au club et minimisait son acte en invoquant son implication sur les terrains. Le tout, en pointant du doigt l’attitude vindicative de certains supporters, sans chercher à distinguer ceux qui fustigent simplement son attitude de ceux qui, de toute façon, ne méritent aucune réponse. Un message à l’image du latéral droit : sans jamais être méchant, mais avec toute l’impertinence et l’insouciance qu’on lui connaît.

Depuis, le pour et le contre s’affrontent. Il y a ceux qui estiment que Meunier est un joueur assez irréprochable chaque week-end et qu’il serait franchement injuste que le simple fait d’aimer des tifos de l’OM ne fasse de lui le dernier des pestiférés dans la capitale. Evidemment, ils ont raison.

Mais il y a ceux qui pensent que, lorsque l’on signe dans un club tel que le Paris Saint-Germain, on prend un minimum connaissance de son environnement. Et ils n’ont pas tort. Quand on se décrit comme un homme de culture, on ne peut débarquer dans une capitale sans prendre le pouls d’une rivalité qui se mesure chaque jour par sa violence sur les réseaux sociaux. On ne peut pas non plus s’engager dans un club aussi médiatisé sans imaginer que chacun de ses gestes sera scruté et décortiqué. Et surtout, quand on représente le Paris Saint-Germain, on ne peut pas implorer la maladresse quand on va exposer publiquement et délibérément son « like » envers l’OM. Et ignorer l’impact qu’aura ce genre de geste.

C’est comme ça, c’est un fait. Un joueur qui s’engage à Saint-Etienne sait qu’il ne fera pas d’éloge du public lyonnais. Un Napolitain sait qu’il ne devra pas encenser le jeu de la Juventus. Et un amoureux du Real ne va pas soutenir la cause catalane. Et entre Paris et l’OM, on ne touche pas aux tifos, parce que les tifos, c’est ancré dans la rivalité entre les deux clubs. Ça ne se fait pas, et même si ça ne justifie aucun acharnement, les supporters sont dans leur droit en le rappelant. Ne pas alimenter la rivalité et la haine de l’adversaire est une chose, mais lui témoigner de l’affection en est une autre. Les règles sont primaires, peut-être puériles, mais elles sont écrites dès le départ et quand un joueur ne s’y plie pas, il s’expose à la gronde de ses supporters.

Car eux, ils vivent dans la passion et la dévotion la plus totale. “Voici notre ferveur, quand nous marchons près de toi. Dans cette quête, chasser l’ennemi, afin que nos couleurs, brillent encore…” scandent les ultras de la capitale. L’ignorer, c’est ne pas chercher à prendre la mesure de ce quotidien de ceux qui font vivre ce club depuis quelques décennies déjà. C’est oublier que certains donnent leurs tripes à ce club, leur coeur à ces couleurs et tout leurs temps à ces 90 minutes. Et qu’un détail pour un joueur peut révéler beaucoup à ceux qui sont attachés à leur histoire (ce qui, par ailleurs, ne justifie en aucun cas les insultes et l’acharnement).

Alors oui, ce n’était qu’un like. Mais la gronde du Parc des Princes à l’encontre de Thomas Meunier ce dimanche soir veut dire beaucoup. Elle ne condamne pas le joueur, parce que le droit à l’erreur est réel. L’important, c’est de la comprendre, et surtout de s’en excuser. Ce que n’a définitivement pas fait Thomas Meunier en se justifiant d’une réponse dénuée de tout apaisement. “Encore faudrait-il s’excuser pour être pardonné” a d’ailleurs lancé le Collectif Ultra Paris sur Twitter. Un geste qui aurait pu et aurait dû calmer les orgueils touchés.

Dimanche soir, pourtant après le match nul des siens, Meunier a plutôt nié les frustrations, saluant les Ultras, vêtu du maillot de Guingamp qu’il venait d’échanger. Deuxième opportunité manquée. Ce lundi matin, le joueur a préféré à nouveau alimenter la polémique envers ses propres supporters, plutôt qu’offrir un mea-culpa aux sensibilités touchées.

Le ton est désormais donné : les supporters franciliens en ont assez. Ils veulent vibrer pour leur équipe et pour leurs joueurs, pour du jeu et de l’émotion, pour du partage et des moments de communion. Ils veulent s’époumoner sur une rivalité et que le club fasse honneur à son passé. La polémique est certainement très anodine, mais le fond est bien là : il veut surtout dire que la capitale a besoin de renouer avec ses racines.

Ambre Godillon