Equipe de France espoirs: "Il sera exceptionnel", Vulliez, cadre de la formation lyonnaise, présente les talents made in OL

Equipe de France espoirs: "Il sera exceptionnel", Vulliez, cadre de la formation lyonnaise, présente les talents made in OL

Jean-François Vulliez, six joueurs issus de l’OL sont en Equipe de France espoirs, cela dit quoi de la formation « à la lyonnaise » ?
Le premier qualificatif, qui me vient, c’est : « exceptionnel ». C’est aussi un modèle pour les pensionnaires du centre. En parallèle, même s’il y a une forme de logique, il ne faut pas banaliser ce qui arrive. Oui, nous sommes bien classés dans le top européen dans la galaxie des Académies, mais il faut avoir en tête l’immense travail depuis des années avec notre ADN qui fait notre particularité : notre recrutement s’opère dans un bassin de population riche, et proche : cela nous permet d’avoir l’opportunité de voir arriver ces jeunes, très tôt au club. En même temps que nous les accompagnons, ils s’imprègnent, sur le plan du cœur de l’OL, un club qu’ils apprennent peu à peu à aimer avec l’espoir d’aller au stade et voir leurs aînés y évoluer.

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Comment s’opère ce recrutement ? Le recrutement, c’est 14 personnes, dirigées par Fabien Caballero : cinq sur le bassin lyonnais qui vont observer les jeunes de U 9 à U 13. Ils connaissent tous les jeunes du bassin. Ensuite, autant s’occupent de la région Rhône-Alpes toute entière jusqu’aux U 15, voire jusqu’à la catégorie U 17 car il peut y avoir des profils à éclosion plus lente. Il faut toujours garder un œil pour un jeune qui peut emerger plus tard … Et puis nous avons trois personnes sur la France, sur une ligne Paris – Marseille : notre objectif, c’est une base à 80 % de Lyon et de sa région ; et ensuite quelques jeunes sur les régions de Paris et du sud avec un réseau important sur les autres régions françaises. Nous regardons aussi les pôles régionaux en cas d’opportunité de faire venir un jeune talent. Avoir des jeunes « Lyonnais ou de la région », cela permet de développer cette culture du club. Nous avons ainsi des jeunes qui aiment le club, qui en apprennent les codes et qui vivent des émotions à travers des tournois, avec leurs copains. Cela permet une meilleure « connexion » avec les valeurs de l’institution.


L’arrivée de John Textor va-t-elle changer des choses ? Cela nous conforte car, c’est un passionné du football. Quand il est venu à l’Académie en février, nous avons échangé et je lui ai présenté le travail. Il a été très attentif et à midi, il y avait un match des U 17 qui commençait. Il avait une réunion juste après à 12h30, et bien, il l’a décalée pour pouvoir voir le match U 17 et rester jusqu’au bout. C’est vraiment passionné de foot, de jeux et la formation est un élément important pour lui. Il faut sacraliser la formation parce que c’est un des piliers du club à Lyon et je pense qu’il en est totalement conscient et de donner l’opportunité encore à la formation de vivre de longues années et de pouvoir amener des joueurs dans l’équipe professionnelle comme on fait depuis des générations. Avant de nous donner, pour chacun, un souvenir, une anecdote, un cri de gueule ou un conseil que vous leur donnez régulièrement, ce « tir groupé » vous enseigne quoi ? Quand on prend de la hauteur, on voit qu’ils ont tous un parcours, différent, mais avec un élément commun : ils avaient tous un talent « à eux » avec des parcours différents de maturation ! Rayan (Cherki) était très précoce, Maxence (Caqueret) également avec un parcours linéaire. Pierre Kalulu n’a jamais été surclassé et d’un coup, il s’est transformé et nous avons su qu’il était capable d’être international ! Castello Lukeba et Bradley Barcola, eux, avaient une base technique et de compréhension de jeu au-dessus des autres. Tous aussi avaient un autre point commun, celui des comportements sociaux remarquables. Il fallait simplement être patient avec eux, en sachant que toute cette base puisse leur permettre d’éclore. Que pouvez-nous dire sur Amine Gouiri ? Je vais le voir à Bourgoin dans un match face à l’OL. Dès qu’il a touché le ballon dès qu’il a fait sa première course, son premier déplacement et même dans son engagement dans les courses, mon idée était faite. Pas besoin d’en voir plus ! Un match m’a convaincu et nous avons signé rapidement. Amine était un garçon très discret mais très engagé et à l’écoute. Sa blessure au genou qui l’a éloigné des terrains pendant six mois, et notamment avec la durée rééducation, au moment du passage en professionnel l’a fait passer d’ado à joueur mature. Ce fut un élément déterminant dans la prise de conscience de son corps et de ses qualités. Même question avec Maxence Caqueret... (il coupe) Le compétiteur hors pair ! Maxence, il perdait un derby (face à Saint-Etienne), il ne parlait pas pendant une semaine ! Il ne parle pas beaucoup mais c’est un leader technique. Il a toujours été hyper modélisant pour les autres : c’est un capitaine dans toutes ses équipes ! Il l’était à 11 ans, il l’est encore à 23 et il le sera toujours ! Que dire de plus ! Quelle détermination ! Quel souvenir au sujet de Castello Lukeba ? C’est un échange avec sa maman, à un match en U 15. Elle avait peur qu’on ne le garde pas au centre car il n’était pas dans le groupe majeur des « 2002 » à ce moment-là. Je lui ai dit : « Nous allons être patient avec votre fils, ça va bien se passer. Il faut attendre qu’il grandisse. » Et Castello a grandi et je me rappelle du premier match de Youth League à Hoffenheim. Il nous manquait un défenseur central. Castello avait 17 ans, tout jeune encore un peu frêle. Il débarque dans l’équipe tout jeune, encore un peu frais. Il réussit un match extraordinaire. C’est à ce moment-là qu’on voit qu’il est né pour devenir grand. Il n’avait aucune appréhension : Il était très bon dans les duels, au niveau technique. Il s’est mis de suite au niveau de la ligue des champions pour les U 19. Dans des parcours, il y a des moments « éclairants ». Celui-ci l’est pour Castello. Et au sujet d’un des « frangins » Kalulu, je demande … Pierre ! C’est la force tranquille ! Oui, après Aldo, Gédéon et Joseph, voici Pierre … Travailleur, fiable, il passe les étapes du joueur qu’on aimait entraîner comme coach. Bon, toujours dernier dans le vestiaire … Il avait des problèmes avec les horaires … Un jour, Lionel Rouxel, l’entraîneur de l’Equipe de France qui doit faire les Jeux méditerranéens se questionne pour composer son groupe. Je lui dis : « Prends Pierre, il a fait une très bonne année et en plus, il n’a pas le bac à passer. Il est libre. » … Car il l’avait obtenu l’année précédente, ayant cette année d’avance qu’il a toujours eu dans sa scolarité. Le sélectionneur le prend dans un groupe élargi et renouvelé. Et il est très bon sur cette compétition puis il enchaîne avec nous avec la réserve. Ce « basculement » en équipe de France a été son déclic. Comme quoi, l’école c’est aussi important dans un parcours car lui, on peut dire que son très bon parcours scolaire lui a ouvert les portes de l’Equipe de France et du haut niveau ! Et puis il y a Ryan Cherki Lui, ce qu’il aime, c’est le jeu, et le défi. Il a besoin de jouer, il a besoin qu’on le challenge tout le temps. Depuis tout petit, j’ai toujours senti en lui cette très grande confiance en lui. Un jour, il me dit, il a 16 ans et je suis assis avec lui : « De toutes les façons, moi je suis là pour battre tous les records ! » « Ok, eh bien quels moyens tu vas mettre en œuvre » je lui rétorque. Je ne sais pas si à l’époque il a conscience de ce que cela engendre, mais nous savons depuis le début qu’il a les qualités intrinsèques pour le faire. Il a bien avancé cette année sur ce sujet. C’est un garçon qui est à la fois incroyable sur certains mouvements dans les équipes de jeunes, mais c’est aussi un garçon qu’on a dû sortir, qu’on a dû punir parce que les efforts n’étaient pas là, parce qu’il n’aimait pas être remplaçant. C’est un joueur qui prend beaucoup de place, un joueur qui aime être aimé, c’est un joueur qui est au centre et qui aime les défis. S’il met le travail en lien avec son talent, un jour, il sera extraordinaire. Enfin, le dernier, qui a débarqué et qui s’est même imposé : Bradley Barcola... Lui, c’est l’insouciance ! C’est le joueur qui joue au foot, qui marque des buts, qui en loupe, qui fait les courses. Depuis tout petit, il fait cela. Je lui disais en formation qu’un attaquant devait faire deux courses : une pour se démarquer ou pour feinter l’adversaire, et une autre, pour recevoir le ballon et aller marquer. C’est l’insouciance. Il est en train de prendre conscience de ses qualités et de ce qu’il doit faire comme travail complémentaire pour devenir un joueur de niveau européen. Son explosion n’était pas forcément prévue cette année. Il fait partie des trajectoires de jeunes qui ont su profiter d’une opportunité et de la confiance d’un coach à un moment donné. Et comme il aime jouer pour le collectif, les entraîneurs aiment cela. Vu qu’il est insouciant, on lui a demandé de jouer, eh bien, il a joué et il a performé. Je savais que cela allait arriver ; restait qu’à trouver l’instant. Il avait toutes les capacités techniques, de finesse et de vitesse pour prendre sa place.

Article original publié sur RMC Sport