Essais cliniques "sauvages": le gouvernement condamne la publication de l'étude cosignée par Didier Raoult

L'étude cosignée par Didier Raoult s'attire les foudres du gouvernement. Dimanche, une tribune d'organisations impliquées dans la recherche médicale publiée dans Le Monde dénonçait la publication à visée scientifique d'une étude basée sur des "essais cliniques 'sauvages'" menées entre mars 2020 et fin 2021 au moyen de prescriptions non-autorisées d'hydroxychloroquine réalisées par l'IHU Méditerranée Infection de Marseille pour traiter le COVID-19. Didier Raoult en était alors le directeur.

Dans leur tribune, les signataires réclamaient des sanctions pour que ces pratiques ne deviennent pas la norme, ce à quoi Didier Raoult a indiqué qu'il s'agissait d'une "tribune d'imbéciles. Selon un article du Journal du Dimanche publié samedi, l'Agence de sûreté du médicament (ANSM) envisage la possibilité de saisir la justice à propos de ces essais.

Ce mercredi, le ministère de la Santé indique dans un communiqué à BFMTV qu'il condamne la publication de ces résultats, après avoir alerté sur les "dysfonctionnements graves" que constituaient ces prescriptions.

"Manquement aux règles éthiques et déontologiques"

"Proposer une publication issue de ces prescriptions inappropriées et dangereuses, dont la méthodologie est contestable, est un nouveau manquement aux règles éthiques et déontologiques", considère le ministère de la Santé.

Les ministères de la Santé ainsi que de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, qui se sont saisis conjointement du dossier, indiquent qu'ils "seront (...) amenés à réentendre les établissements fondateurs et la direction de l'IHU-MI rapidement".

"Seul un essai clinique ayant reçu l'accord des instances éthiques et réglementaires pourrait conduire à cette proposition de résultats. Cet accord n'aurait pas été obtenu compte tenu de l'état de l'art à cette période. Ajoutons qu'il ne s'agit pas d'une publication dans une revue scientifique évaluée, mais d'un manuscrit mis en ligne avant son évaluation", dénonce le ministère de la Santé.

Précédentes alertes

Les ministres François Braun (Santé) et Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur et Recherche), ont dénoncé dès septembre des "dysfonctionnements graves" au sein de l'IHU à la suite d'un rapport des services d'inspection publique (IGAS-IGESR) pointant les prescriptions d'hydroxychloroquine "ne respectant pas la réglementation en vigueur et pouvant générer un risque sanitaire pour les patients".

Ils ont par la suite saisi le procureur de Marseille "pour que la justice fasse toute la lumière sur les pratiques inacceptables de l’IHU". Le parquet de Marseille avait alors ouvert une information judiciaire sur le fonctionnement de l'IHU durant la pandémie.

En octobre, la direction de l'IHU a été convoquée par les deux ministères pour évoquer ces dysfonctionnements et suivre les recommandations formulées par les inspections publiques. Les responsables de l'IHU ont indiqué en janvier 2023 aux ministères et à l'ANSM que "les prescriptions inappropriées et dangereuses" avaient cessé depuis l'échange d'octobre.

Article original publié sur BFMTV.com