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EXCLU Alexis Pinturault : «Avec Hirscher, la relation est presque amicale»

Alors qu’il dispute le combiné des Mondiaux d’Åre en Suède lundi, le Français s’est confié à Yahoo Sport. Hirscher, Noël, ses idoles, les Bleus, entretien vérité, avec le skieur tricolore ayant signé le plus grand nombre de podiums en Coupe du monde (52), et qui visera l’or dès son entrée en lice.

Alexis Pinturault lors de la descente d’entraînement jeudi dernier…
Alexis Pinturault lors de la descente d’entraînement jeudi dernier…

Est-ce que vous avez un jour pensé à ce qu’aurait pu être votre palmarès si Hirscher n’avait pas existé ?

A.P. : Euh, non, pour la simple et bonne raison qu’il m’a également beaucoup appris. Alors, oui, l’Autrichien m’a enlevé des victoires, et des podiums, mais grâce à lui, je me suis développé. Il y a Pinturault le sportif, et l’homme Pinturault. Je me suis beaucoup plus épanoui au niveau personnel, la mise en place de certaines choses, plus de professionnalisme au niveau de mon staff, et la connaissance de soi dans les bons comme dans les mauvais moments.

Et vous vous entendez bien ?

A.P. : J’ai avec lui le même type de relation que j’ai avec les autres étrangers. Courtoise, presque amicale mais on reste adversaire !

Vous en êtes à 52 podiums en Coupe du Monde, 2 médailles en Championnats du monde et 3 aux Jeux Olympiques, vous êtes devant Killy, Piccard, Alphand et d’autres. Y en a-t-il un qui vous ait inspiré ?

A.P. : Je n’ai pas vraiment eu d’idoles. J’ai toujours aimé faire du sport, mais le regarder, rester derrière un écran, beaucoup moins. Plus jeune, on pouvait me mettre dans la catégorie des hyperactifs, donc je préférais être dehors, faire du sport, voir des amis, m’amuser…

Rassurez-moi, vous avez quand même regardé la dernière finale de Coupe du monde de football ?

A.P. : La victoire des Bleus oui (rires). Je regarde un peu plus maintenant, mais j’aime surtout regarder des résumés, checker les résultats, plus que regarder un match, une course de bout en bout.

« David Poisson, il reste dans notre cœur »

La vie de skieur est ingrate… Tant de travail en amont et des courses qui se jouent à des détails… Est-ce qu’à un moment, vous avez eu envie de tout envoyer balader ?

A.P. : Jamais. C’est sûr qu’il y a eu des moments délicats. L’an dernier, j’avais des problèmes avec mon matériel, me sentant limité. Et derrière, il y a un cercle vicieux, le niveau technique se dégradait… Un moment pas évident avant les JO, où l’idéal est d’arriver avec des repères, des résultats en amont, au top de sa forme. Lors des Mondiaux de Saint-Moritz en 2017, j’étais complètement passé à côté. Après, on a tendance à vite les oublier si les résultats reviennent. Des moments formateurs. Dans la vie d’un sportif, il y a plus de hauts et de bas que dans la vie de tous les jours. En sport, quand on est au bout du rouleau, on y est vraiment.

Justement, qu’avez-vous changé dans la préparation de ces Mondiaux, après l’échec de Saint-Moritz en 2017 (aucune médaille) ?

A.P. : Déjà le nombre d’épreuves. J’en avais fait 5 en Suisse, et je n’ai pas voulu refaire cette erreur. Dans l’idéal, j’aurais voulu avoir plusieurs jours de préparation spécifique pour Åre, mais cela n’est pas possible à intégrer dans le calendrier. On a donc fait les choses différemment : plus de repos dans l’hiver, moins d’entraînement, et plus de qualitatif à l’image d’un sprinteur.

Un mot sur Clément Noël et ses 2 premières victoires en slalom à Wengen et Kitzbühel… A son âge (21 ans), vous en étiez où ?

A.P. : Ouh, je ne sais pas… (il demande à sa compagne)… Oui, oui, mon premier podium, à 19 ans et à 20 ans, ma première victoire à Moscou en parallèle. Surpris par les performances de Clément ? Pas du tout. L’an dernier, il avait déjà montré de belles choses. Pour le moment, c’est un athlète mono-disciplinaire (ne disputant que le slalom), et il a donc une progression rapide. Sa force ? Sa technique. Physiquement, il ne fait pas encore partie des plus forts car il est jeune. L’an dernier, il avait évoqué son envie de faire du géant, mais finalement, il a dû revoir ses choix.

En cas de médaille en Suède, vous la dédierez à David Poisson (décédé après une chute à l’entraînement il y a un an et demi) ?

A.P. : C’est sûr. Déjà, celles de l’an dernier aux JO, je les avais dédiées. David, il reste dans notre cœur, et on essaye d’honorer sa personne, et sa famille. On représente ses valeurs.

Propos recueillis par Antoine GRYNBAUM