Eyraud et McCourt à l’épreuve de la crise

Grâce à un doublé de Clinton N’jie, l’OM a remporté une victoire capitale à Amiens (2-0). Si ce succès fait un bien fou au joueurs de Rudi Garcia, il n’efface pas les 2 claques reçues précédemment et n’enlève pas totalement le climat de crise qui flotte sur Marseille, car ici plus qu’ailleurs, tout est fragile…

Jusqu’ici tout allait plutôt bien pour l’actionnaire et le président de l’OM, les mois se passaient tranquillement et malgré un scepticisme ambiant qui montait au fil du temps, le ciel n’était pas encore à l’orage du côté de Marseille. Mais ça c’était avant que tout dégringole.

Un contexte favorable à l’emballement

Lorsque Frank McCourt reprend l’OM, le club reste sur des mois catastrophiques emmené par un détestable Vincent Labrune et une MLD dépassée et désireuse de vite en finir. Autant dire que la(les) personne(s) qui allai(en)t libérer le peuple Marseillais deviendrai(en)t instantanément plus que respectable(s). C’est dans ce climat de joie que Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud ont été adulés dès leur arrivée, non pas par amour pour eux mais par amour pour ce qu’ils avaient fait : sortir du paysage Marseillais le duo VL-MLD.

Il est très facile de communiquer dans un tel climat, avec en plus l’intelligence d’un Eyraud si habile avec la communication, cela devient un véritable jeu d’enfant. Et les Marseillais sont tombés un à un dans le panneau, à différents degrés mais la plupart étaient conquis (et c’est normal, cela aurait pareil dans la plupart des clubs). N’importe quel président, moyennant évidemment un minimum de savoir-faire, arriverait aisément à surfer sur des résultats en hausse, un mercato hivernal très réussi et un stade se remplissant à vue d’œil. C’était le temps de la joie, le temps où le président Marseillais pouvait sortir toutes sortes de blagues durant les conférences de presse sans que cela n’irrite, bien au contraire, cela paraissait apporter un vent de fraicheur. Mais ça c’était avant que la bombe explose, avant que les doutes apparaissent, avant que les erreurs deviennent légion.

Le temps du moins bien…

Petit à petit, jour après jour, tout s’est légèrement noirci. Des promesses ont commencé à germer dès la fin de saison dernière concernant des recrues qui s’effectueraient très rapidement… Bon, pourquoi pas mais avouons que beaucoup ont été surpris et ont pensé de suite à une manœuvre du président olympien vieille comme le monde : faire croire à un recrutement très ambitieux très tôt, pour inciter les Marseillais à s’abonner rapidement. Mais on n’apprend pas à un singe à faire la grimace, cette ruse ancestrale est bien connue chez nous et elle ne berne plus personne. Ce fut une des premières erreurs, une erreur qui mettra en évidence une chose que l’on apercevra de nombreuses fois par la suite : Eyraud n’avait probablement jamais étudié le contexte Marseillais lorsqu’il est chaud, il n’avait vu que ce qui brille. Et ça c’est assez problématique.

Le retour du bâton

Citer IAM, parler de tisane, faire des dédicaces à des twittos, promettre monts et merveilles, se faire inviter dans la 1ère émission de Mohamed Bouhafsi sur SFR Sport, faire de l’humour sur Twitter, etc… Dans la vie, chaque acte a une conséquence et parfois même plusieurs. Prenons l’exemple de la tisane, fameuse « slide Powerpoint » sortie en pleine conférence de presse. Au départ, la première conséquence est que cela peut faire rire, mais au fil du temps et surtout quand ce temps vire au maussade, l’autre conséquence qui découle de cet acte peut s’avérer bien moins reluisant. Et c’est alors qu’on prend en pleine gueule le fameux retour du bâton qui met en avant une évidence évoquée plus haut : Eyraud ne maitrise pas le contexte Marseillais. Et c’est ainsi qu’on passe de président respecté et défendu à président critiqué et bien moins adulé…

La crise arrive plus vite que prévu

Est-ce que le duo McCourt-Eyraud pensait tomber dans une crise aussi tôt dans leur processus de reprise de l’OM ? Surement pas.

Le président Marseillais est un homme d’entreprise, il y a largement fait ses preuves. Mais l’OM n’est pas une entreprise, il ne suffit pas de faire un peu de com’ pour berner les supporters comme on pourrait le faire pour berner les salariés. Et puis, je doute que dans une entreprise, la crise arrive aussi vite comme actuellement. Il peut arriver que des salariés, excédés par une crise profonde, se mettent à manifester en cramant des pneus et des fumigènes. Mais cela arrive après des mois et des mois et cela monte petit à petit. À Marseille, cela arrive d’un coup, sans que l’on sans rende compte. Il aura fallu 2 gifles pour que tout explose, que l’on demande déjà la tête du coach et que l’on demande des comptes à l’actionnaire. Et oui, quand on joue avec eux, la réponse est sanglante.

Comment Eyraud va-t-il gérer cet épisode nouveau pour lui ? Il a commencé à le faire de la pire des façons possibles en qualifiant les supporters excédés de ne pas être de vrais supporters… Ouch ! Attention à ça parce qu’à Marseille, ça ne passera pas 2 fois. L’autre erreur, et selon moi elle est bien plus grave, dure depuis quelques semaines et concerne le manque d’honnêteté de Jacques-Heni Eyraud. Pas une fois le président n’a tenté de faire une déclaration franche, non pas en avouant ses erreurs une à une on ne lui en demande pas autant mais au moins en signifiant qu’il en avait commises certaines. Simplement montrer un visage humain, un visage honnête. Au lieu de ça, il n’a cessé la surenchère de déclarations toutes aussi farfelues les unes que les autres à commencer par ne pas nier que Diego Costa pourrait signer à l’OM pour finir par acheter en toute urgence un joueur blessé en fin de mercato.

C’est maintenant que l’on va vraiment pouvoir juger la nouvelle direction de l’OM, c’est maintenant qu’ils sont devant leur plus grande difficulté qu’on va se rendre compte s’ils ont un avenir ou non à la tête de l’OM.

Pour le moment, les seuls faits d’arme du duo McCourt-Eyraud sont des branlées historiques contre Monaco et le PSG ainsi qu’un stade encore plus vide que lorsque Vincent Labrune était président. Ce n’est surement pas ce qu’ils avaient prévu, c’est certainement pas ce que nous attendions. À eux désormais de changer tout ça car le plus important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

LinoTreize