F1 - Décès de Jules Bianchi, 5 ans après…

Dimanche devrait avoir lieu le Grand Prix du Japon, s’il est épargné par le typhon Hagibis… 5 ans après le drame et l’accident mortel du pilote français, retour sur les circonstances de sa disparition, et l’occasion également de rendre hommage à un pilote si talentueux, disparu trop tôt, à l’âge de 25 ans.

Motorsports: FIA Formula One World Championship 2014, Grand Prix of Japan, #17 Jules Bianchi (FRA, Marussia F1 Team), (Photo by Hoch Zwei/Corbis via Getty Images)
Jules Bianchi lors du Grand-Prix du Japon en 2014...

Jules, je ne le connaissais pas assez, et je ne veux pas ranimer des polémiques inutiles autour d’un accident mortel”… Le message de cet ancien pilote français est clair. À l’image de toutes ces personnes contactées n’ayant pas souhaité nous répondre. “Je ne souhaite plus m’exprimer publiquement sur ce sujet par respect pour la famille de Jules”…

D’autres se livreront avec sincérité. “Évidemment que le drame aurait pu être évité”, assène d’entrée Philippe Alliot, pilote de F1 entre 1984 et 1994. “À partir du moment où il y a un engin (une grue) autre qu’une F1 sur un circuit, il est évident qu’il fallait neutraliser la course. Il était difficile de voir le drapeau jaune (à cause des conditions météo désastreuses). Jules l’a-t-il vu ou pas ?”.

Afin d’en savoir plus, Yahoo s’est procuré le rapport officiel de la FIA, revenant sur les circonstances du drame, et chargeant en partie le pilotage de Jules Bianchi. Extraits.

La voiture de Sutil était en train d’être récupérée par une grue mobile lorsque Bianchi s’est approché des secteurs 7 et 8, où se déroulait la récupération. Les secteurs 7 et 8 étaient soumis à un double drapeau jaune. Bianchi n'a pas ralenti suffisamment pour éviter de perdre le contrôle au même point de la piste que Sutil”.

Alliot poursuit : “C’est un peu léger de la part de la FIA de pointer la responsabilité du pilote. L’instance et la famille Bianchi se sont renvoyées les responsabilités, mais la FIA est plus forte. Elle a un pouvoir tellement important qu’on ne peut aller à son encontre”.

D’après le rapport, la Marussia du Français de 700 kg a heurté une grue de 6500 kg à une vitesse de 126 km/h, et selon nos informations, Bianchi n’était pas le pilote passé le plus vite à cet endroit sous la pluie. Un autre coureur était passé à 147 à l’heure.

Un fin connaisseur de la F1 rajoute : “Sous drapeau jaune, jamais vous ne verrez un pilote passer à 15 km/h. Sous ce drapeau, un pilote est censé pouvoir maîtriser son véhicule, et l’arrêter, mais aucun pilote n’a envie de perdre 3 secondes sur ses adversaires en roulant trop doucement. Le Japon a l’un des circuits les plus rapides de la saison, et c’est la course où cela tape le plus car il y a peu d’échappatoires à la différence des nouveaux circuits. D’ailleurs, plein de pilotes avaient tapé ce week-end là. L’endroit où Jules Bianchi a eu son accident à cause de l’aquaplanning, les S et la remontée en haut, ça va très, très vite”.

La triste leçon a-t-elle été retenue ? Non semble-t-il alors que des grues ont continué d’apparaître même après l’accident du Français, sans que les courses ne soient neutralisées.

Quelle trace Bianchi laissera-t-il en F1, quel héritage ? D’abord ce Grand Prix exceptionnel de Monaco en 2014, où il avait décroché une 9ème place inespérée, auteur d’un dépassement génial sur Kobayashi dans les rues de la Principauté.

Jules voulait aller chez Ferrari, et prenait des risques pour se montrer. C’était un puriste du pilotage, qui ne se sentait pas reconnu à sa juste valeur”, évoque ce passionné de F1 qui l’a côtoyé pendant des années. “Il avait la plus mauvaise voiture de l’époque, et dans ce cas-là, la pluie, ou le circuit de Monaco (très lent) galvanisent les pilotes des petites écuries, le moment où le pilotage de Jules, un peu à l’ancienne, prenait le pas sur sa machine”.

Un Bianchi qui devait d’ailleurs signer en 2015 chez Sauber d’après nos sources, et un homme très apprécié dans le paddock… “Très humain, très poli, toujours un bonjour, même un peu timide, très aimé des médias”, souligne un journaliste F1, qui ajoute : “Jules avait découvert Charles Leclerc et s’en était beaucoup occupé jeune”. 5 ans plus tard, le pilote Ferrari a eu une pensée émue pour son ami sur son compte Instagram cette semaine.

5 ans depuis cette horrible journée à Suzuka… Départ pour le Japon dimanche, il n’est jamais facile de retourner sur une telle piste après ce qu’il s’est passé mais nous t’avons toujours dans nos pensées. Je donnerai absolument tout ce que j’ai le week-end prochain”.

Conclusion de Philippe Alliot : “Une belle gueule. Intelligent et un sacré coup de volant. De la trempe des Leclerc. On a probablement perdu un grand champion français”.

Repose en paix.

Antoine GRYNBAUM