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Ferland, l’autre Mendy

Arrivé cet été dans la capitale des Gaules en provenance du Havre, le jeune latéral gauche est parvenu à se faire une place dans le onze lyonnais en tout juste six mois. Une ascension météorique que rien ne semble entraver aujourd’hui. De quoi voir la vie en Bleu ?

Dimanche soir, au Vélodrome, Florient Thauvin avait beaucoup à prouver contre l’un de ces « gros » qu’il peine tant à dompter. Pourtant, l’attaquant international n’a pas existé ou presque. Et s’il n’a pas brillé de mille feux face à Lyon, ce n’est pas seulement parce qu’il manquait d’essence dans le moteur. C’est aussi car face à lui s’est dressé un mur de 22 ans qui s’est empressé de l’éteindre.

Dès la première minute de jeu, Ferland Mendy a donné le ton de ce match dans le match, en séchant durement l’ailier olympien. Une marque de fébrilité de la part du défenseur lyonnais ? Plutôt un avertissement façon « Vous ne passerez pas ! » à la Gandalf dans le Seigneur des Anneaux. Incapable de faire la différence – aucun tir cadré en 90 minutes -, le meilleur buteur olympien a subi la loi du latéral durant toute la rencontre. Concentré, juste dans ses interventions, l’ex du HAC s’est en outre payer le luxe de faire reculer son vis-à-vis au fil des minutes, laissant parler sa puissance et sa vitesse dans un couloir dont il est peu à peu devenu le propriétaire.

Une OPA sur le flanc gauche qu’il avait déjà conclue à Caen lors de la précédente journée. Bilan de l’opération : pas une seule incursion normande sur son côté, un poteau, une passe décisive à destination de Bertrand Traoré, et la bagatelle de 47 passes réalisées dans le camp adverse. Des statistiques à faire pâlir d’envie pas mal d’ailiers de formation, et qui esquissent en creux le portrait d’un arrière latéral moderne, aussi dur en affaires dans les phases défensives qu’inspiré dans le registre offensif. Pas mal pour un joueur qui fréquentait encore les pelouses de la Domino’s la saison dernière.

Une gageure surtout, au regard du parcours du gamin des Yvelines, passé du centre de formation du PSG – génération Coman – au FC Mantois (DH), à la faveur d’une blessure à la hanche qui devait en théorie tuer sa carrière dans l’oeuf. En (jeune) homme de caractère, Mendy a pourtant su déjouer les pronostics médicaux, et rebondir au Havre en 2013. Il y passera quatre saisons, émaillées de chevauchées solitaires spectaculaires qui le conduiront, en 2017, au titre de meilleur latéral de Ligue 2. Les mauvais augures repasseront…

« Beaucoup plus haut que l’OL »

Un gouffre sépare néanmoins le ventre mou de la L2 de l’élite, et c’est dans la peau d’un remplaçant que le défenseur a découvert le Parc OL cette saison. Pas de quoi miner pour autant un joueur sur lequel JMA n’a pas hésité à investir 5M€ l’été dernier. Un investissement qui, avec le recul, apparaît assez dérisoire. Car si ses débuts ont été délicats, en raison notamment de petits problèmes physiques, le néo-Gone n’a pas mis longtemps à se faire une place dans le 11 titulaire de Bruno Génésio.

Profitant des contre-performances de son concurrent direct au poste, le Brésilien Fernando Marçal, Mendy a en effet secoué la hiérarchie en mois de six mois, à grands coups de montées rageuses et d’offrandes millimétrées (trois passes décisives cette saison, pour une moyenne record de 23% de centres réussis). Une ascension fulgurante qui n’étonne pas son ancien coéquipier au HAC, Denys Bain. Interrogé dans l’émission Le Vestiaire, sur SFR Sport, le défenseur n’a pas semblé surpris par la trajectoire du natif de Meulan-en-Yvelines : « C’est un joueur doté d’un énorme potentiel, tout le monde le voit, s’est-il enthousiasmé. Je ne vais pas dire qu’il n’a pas de limites, mais il peut aller beaucoup plus haut que l’OL. »

Jusqu’à s’envoler pour la Russie cet été ? Arrivé à Clairefontaine ce lundi, Didier Deschamps a fait savoir que la majorité des joueurs présents pour le rassemblement des Bleus en vue des joutes amicales à venir seraient du voyage. Le genre de déclaration qui n’est pas de nature à rassurer ceux qui n’ont pas été retenu pour l’occasion…

Reste que s’il est bien un poste en équipe de France où les candidatures solides ne s’empilent pas – exception faite de celle de Benjamin Mendy -, c’est bien celui de latéral gauche. Pour peu que Lucas Hernandez décide finalement d’écrire son destin international en espagnol et que la Dèche se souvienne que Luca Digne n’a disputé que 522 minutes avec le Barça (6 titularisations), Ferland a encore le droit d’y croire. Alors certes, cela fait beaucoup de « si », et il ne reste que trois mois avant le coup d’envoi de la Coupe du monde. Cela tombe bien : Mendy n’est manifestement pas du genre à perdre son temps