Sur le Fonds Marianne, l’ancien proche de Schiappa Sébastien Jallet bien était à la peine au Sénat

Au Sénat, les élus de la Commission d’enquête ont regretté l’attitude « sur la défensive » de l’ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa, désormais préfet de l’Orne.

POLITIQUE - Sur le gril. L’ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa n’a visiblement pas passé un très bon moment ce mercredi 7 juin. Au Sénat, Sébastien Jallet a été longuement questionné par les parlementaires de la Commission d’enquête sur le fonds Marianne sur son rôle, et celui de son ancienne patronne, dans l’attribution et l’utilisation controversée de ces deniers publics.

« Nous avons besoin de comprendre la matérialité, la réalité des faits, la chronologie. (...) Je vous sens un peu agacé et sur la défensive, il y a simplement une saine curiosité pour essayer d’avoir des faits les plus précis possibles », a ainsi expliqué Jean-François Husson, le rapporteur de la Commission. Et ce alors que l’ancien proche de Marlène Schiappa expliquait sa gêne à participer à l’exercice, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article.

« Je vous ferai remarquer : on est sur des questions extrêmement précises, et, je l’entends, qui font l’objet d’une information judiciaire ouverte par le PNF. Vous m’auditionnez dans un cadre différent, avec des questions extrêmement précises, sur lesquelles je n’ai pas avec moi les éléments de documentation qui me seraient nécessaires », a d’ailleurs déploré l’intéresse. Avant d’ajouter : « Je n’ai pas non plus l’appui d’un avocat, et il me paraît délicat d’être dans cet exercice sans avoir des garanties minimales de défense et de protection. »

Contradiction de chronologie

Sébastien Jallet a effectivement eu du mal, parfois, à répondre au feu roulant de Jean-François Husson et Claude Raynal. En particulier sur la chronologie des rencontres et des décisions autour du fameux fonds Marianne, lancé en avril 2021 après le choc causé par l’assassinat du professeur Samuel Paty.

À plusieurs reprises, celui qui est désormais préfet de l’One a invoqué l’enquête en cours pour expliquer qu’il lui était « difficile de répondre sur des faits qui font l’objet de l’information judiciaire de manière aussi précise ». Ce fut le cas, par exemple, quand les parlementaires lui ont demandé de réagir à la contradiction apparente entre ce qui ressort des auditions, et la défense de Marlène Schiappa.

La ministre a en effet démenti tout favoritisme à l’égard de l’Union fédérative des sociétés physiques et de préparation militaire (USEPPM) de Mohamed Sifaoui, l’un des points clefs du dossier, en montrant à Libération un mail daté du 6 février 2021. « J’ai même écrit à mon cabinet que la subvention accordée à monsieur Sifaoui me semblait excessive », a-t-elle assuré au quotidien dans un article publié il y a quelques jours, présentant le document de l’époque où elle écrit « 300KE de l’État ça me paraît énormissime ».

Problème : « la date du 6 février ne correspond pas aux dates et à la chronologie des événements tel que nous en avons discuté jusqu’à maintenant », a expliqué Jean-François Husson, ce mercredi. « Le 6 février cela me paraît totalement impossible », lui a répondu Sébastien Jallet, avant de se retrancher -encore une fois- derrière l’enquête judiciaire.

« L’administration », pointée du doigt

Pour le reste, l’ancien directeur de cabinet s’est attaché à défendre l’action de Marlène Schiappa, tout en renvoyant les turpitudes autour de cette affaire à « l’administration ». « J’ai fait confiance à mon administration », s’est-il défendu, par exemple, sur l’attribution de la plus grosse enveloppe à l’USEPPM.

« Le projet de l’USEPPM n’est pas un projet que le cabinet et moi-même sommes allés chercher », a-t-il encore assuré pour démentir à son tour tout favoritisme. Mohamed Sifaoui, l’un des deux responsables de l’USEPPM, avait pourtant assuré en avril qu’il avait été encouragé à postuler « par les membres du cabinet de madame Schiappa et par elle-même ». « Je n’ai pas pris cette initiative spontanément », avait-il écrit.

Au centre des critiques, le préfet Christian Gravel, en charge de la gestion du fonds, a démissionné mardi, à la veille de cette audition. Un départ qui faisait suite à la publication d’un rapport accablant de l’Inspection générale de l’administration (IGA) dénonçant son « traitement privilégié » de l’USEPPM. Le CIPDR (l’organisme chargé de la gestion du fonds Marianne) « n’a pas accompli les diligences nécessaires au bon suivi de la subvention versée à » l’association dénonce l’Inspection dans son rapport, entre autres griefs.

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