"Le foot est un milieu inhumain", le témoignage poignant de Bruno Rodriguez un an après son amputation

"Le foot est un milieu inhumain", le témoignage poignant de Bruno Rodriguez un an après son amputation

Il a traversé des périodes très sombres. Au point, parfois, de perdre le goût de la vie. Un peu plus d’un an après son amputation de la jambe droite, Bruno Rodriguez témoigne dans un entretien accordé au Parisien. "Je suis encore suivi par une psychiatre. Et oui, j’ai eu des moments dépressifs avec des envies de mourir. Sans ma femme, qui est mon roc et mon héros, et mes proches, je ne me serais pas relevé", confie l’ex-buteur de 50 ans, qui a perdu sa mère peu après son opération.

"Personne ne m’a appelé"

Reconnu handicapé à 80%, l’ancien attaquant, qui a subi trop d’infiltrations durant sa carrière (pour atténuer ses douleurs à la cheville), vit aujourd’hui avec une rente d’accident de travail de 900 euros. Il a reçu il y a deux mois une prothèse définitive qui lui permet de se déplacer sans béquille et même de conduire. De quoi "remonter la pente", petit à petit. Passé par le PSG, Lens, Bastia ou Metz durant sa carrière (entre 1993 et 2005), celui qui a disputé plus de 280 matchs professionnels explique n’avoir quasiment reçu aucun soutien de ses paires.

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"Personne, ni à la fédération ni à la Ligue, ne m’a appelé. Pas même un coup de fil (…) J’en connais plein, de mecs qui ont peut-être encore leurs deux jambes mais qui souffrent en permanence. Il faut cacher que le foot fait du mal (…) Je ne suis pas surpris par le manque de solidarité du foot. C’est un milieu inhumain, mais je m’y attendais." Seul le PSG suit de près sa convalescence: "Le club prend régulièrement de mes nouvelles et m’a invité à assister à PSG-Ajaccio (le 13 mai). Cela ne semble pas grand-chose mais ce sera un vrai plaisir pour moi de refouler la pelouse du Parc, même sur une seule jambe."

"Pour les clubs, on est des morceaux de viande"

Bruno Rodriguez souhaite désormais se servir de son expérience pour alerter les footballeurs sur les dangers des infiltrations. Au niveau professionnel, mais aussi amateur: "Je regrette qu’on ne m’ait pas expliqué à l’époque ce que cela signifiait et les dégâts possibles. J’étais un compétiteur et je voulais toujours jouer. Mais j’aurais voulu qu’on me dise les risques que je prenais. J’ai joué à la roulette russe sans le savoir."

"Il faut savoir que les infiltrations, quel que soit leur nombre, esquintent les organismes. Cela bouffe le cartilage, détaille-t-il. Les sportifs de haut niveau qui les reçoivent deviendront de mauvais vieux (…) Pour les clubs, on est des morceaux de viande. L’après-carrière, on s’en fout. Alors que les infiltrations, c’est du dopage, puisqu’on masque la douleur et qu’on force le corps à donner plus que ce qu’il peut. Ce serait bien qu’on ait une réflexion là-dessus".

Article original publié sur RMC Sport

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