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Formule 1 – L’édito de Patrick Tambay : "On sait comment cela se passe chez Ferrari"

Après chaque course, notre consultant F1, Patrick Tambay, nous livre son sentiment sur le Grand Prix.

La Formule 1 d’aujourd’hui est un truc d’initiés. Il faut vraiment avoir envie de regarder tour après tour les chronos des pilotes. C’est tellement pointu aujourd’hui que cela devient de plus en plus difficile à suivre et à comprendre. Il faut analyser les temps au tour, les écarts, les gommes et leur tenue… et essayer de voir la course dans sa globalité.

Ce dimanche par exemple, si on ne réalise pas que lorsque Räikkönen rentre aux stands, Vettel est en train de faire ce qu’il faut en cravachant pour gagner, on a perdu l’essentiel de la course. Il faut avoir les chronos de chacun pour comprendre qu’il est en train de gagner le Grand Prix.

“On sait comment ça fonctionne chez Ferrari”

Même si la victoire de l’Allemand était établie. D’un point de vue comptable, il fallait qu’il finisse devant Räikkönen. Même si le Finlandais était le plus fort sur cette course. Il s’est passé tout simplement passé ce qu’il devait se passer. Vettel devait gagner aujourd’hui pour le championnat. On sait comment ça fonctionne chez Ferrari. C’était comme ça à l’époque. Il n’y a pas de raison que cela change.

Ce week-end, Ferrari était tout simplement au-dessus, car l’écurie avait une voiture mieux adaptée au tracé monégasque. Leur monoplace n’est pas faite pour les longues courbes rapides, même si elle doit fonctionner partout. Elle était plus à l’aise ce dimanche que la Mercedes. Le secret réside dans l’empattement. Pour schématiser cela, on peut comparer cela à une limousine, qui tourne beaucoup plus lentement dans les virages.

Mercedes, la faute de trop ?

Je ne comprends pas que Mercedes n’est pas compris cela. Selon moi, ils ont encore fait une faute. Un excès de confiance. Ils auraient dû concevoir une voiture avec deux ou trois empattements différents, en fonction du tracé. C’est indispensable aujourd’hui.

Mais l’écurie championne du monde devrait se rattraper à Montréal, avec des changements de direction qui ne sont peut-être pas leur plus grande force. Mais la motricité et les grandes courbes le sont. Hamilton devrait aussi se montrer plus à son avantage.

“Hamilton fait un peu n’importe quoi en ce moment”

Car ce week-end, ce n’était pas ça. Je ne sais pas ce qu’il lui est arrivé. Il est peut-être un peu trop seul, sans son père ni manager, et fait un peu n’importe quoi. Enfin, je n’habite pas avec lui. Mais quand je vois le look qu’il se trimballe, les soirées à Cannes auxquelles il participe… ce n’est pas l’idéal pour préparer ce Grand Prix qui est très exigeant.

Courir 78 tours en Principauté, même si les voitures sont plus dociles qu’à mon époque, ce n’est pas rien. La grande difficulté à Monaco réside dans la vigilance, la concentration et la précision du pilotage en continu. A Monaco, toutes les difficultés du circuit vous sautent au visage tour après tour sans laisser le moindre répit. C’est très, très difficile.

Il va falloir qu’une personne lui fasse comprendre que s’il veut être un grand champion, il va devoir se faire violence et se ré-impliquer plus dans le job. Ce week-end, il s’est fait marcher dessus par Bottas et ce n’est pas normal. Selon moi, il a la tête à autre chose. On le voit dans son attitude, dans son regard, dans ses commentaires. Je n’ai pas un bon feeling concernant Hamilton. Après, je m’avance peut-être un peu trop…

Patrick Tambay