Fraude fiscale : plusieurs banques françaises perquisitionnées en France

La Société générale, la BNP Paribas, Exane (une filiale de la BNP), Natixis et HSBC sont visées par cette opération à grande échelle du Parquet national financier pour avoir utilisé la combine fiscale du « CumCum ».

JUSTICE - Coup de filet dans le milieu bancaire. Plusieurs perquisitions sont en cours ce mardi 28 mars dans cinq établissements bancaires français à Paris et à La Défense, suite à des soupçons de fraude fiscale aggravée, a indiqué dans la matinée le Parquet national financier (PNF), confirmant une information du Monde.

Selon le ministère public, ces opérations sont menées par 150 enquêteurs de Bercy, 16 magistrats français et 6 allemands, dans le cadre d’enquêtes ouvertes fin 2021 par le PNF sur le « CumCum », une combine fiscale sur les dividendes dont le préjudice pour les États se chiffrerait à plus d’une centaine de milliards d’euros. La Société générale, la BNP Paribas, Exane (une filiale de la BNP), Natixis et HSBC, sont visés d’après Le Monde.

« Les opérations en cours, qui ont nécessité plusieurs mois de préparation, sont conduites par 16 magistrats du PNF et plus de 150 enquêteurs du service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF), en présence de six procureurs allemands du parquet de Cologne intervenant dans le cadre de la coopération judiciaire européenne », a ajouté le ministère public.

D’après franceinfo, « ces vastes perquisitions constituent la plus grosse opération jamais menée par le PNF », selon une source proche de l’enquête.

« CumCum », une combine fiscale bien connue

Ces opérations « interviennent dans le cadre de cinq enquêtes préliminaires ouvertes les 16 et 17 décembre 2021 du chef de blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée, et pour certaines de fraude fiscale aggravée, relatives au schéma de fraude dit ’CumCum’ ». Une combine fiscale qui consiste à échapper à l’imposition sur les dividendes dont doivent en principe s’acquitter les détenteurs étrangers d’actions d’entreprises françaises cotées.

Pour profiter de la combine, ces propriétaires d’actions, petits épargnants ou grands fonds d’iinvestissement confient donc leurs titres à une banque au moment de la collecte de la taxe, échappant ainsi à l’imposition. Les banques auraient joué un rôle d’intermédiaire, tout en prélevant une commission aux détenteurs d’actions.

Un groupement de seize médias a révélé en 2018 via les « CumEx Files » ces soupçons de fraude fiscale géante. Le montant, initialement évalué à 55 milliards d’euros, avait été largement revu à la hausse en 2021 par le consortium, passant à 140 milliards d’euros sur vingt ans.

Des plaintes datées de 2018 et 2021

Un porte-parole de la Société générale a confirmé à l’AFP qu’une perquisition était en cours au siège du groupe depuis mardi matin, sans savoir quel en était l’objet. Les autres banques n’ont pas répondu à l’AFP dans l’immédiat.

Selon le ministère public, « ces enquêtes font suite pour certaines à une plainte », déposée fin 2018 par un collectif « Citoyens en bande organisée » autour du patron des députés PS Boris Vallaud, « ou à une dénonciation obligatoire de l’administration fiscale », qui daterait selon Le Monde de fin 2021.

Le quotidien affirme aussi que la Direction générale des finances publiques (DGFip) « a opéré ses premiers redressements fiscaux fin 2021 » concernant certaines de ces banques « pour des sommes se comptant en dizaines, voire en centaines de millions d’euros ».

Sollicitée par l’AFP, la DGFip n’a pas commenté. Ni les douanes ni Bercy n’avaient répondu non plus dans l’immédiat.

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