Le gagnant de "Nouvelle école", la compétition rap de Netflix, visé par une plainte pour viol

Yuz Boy, le gagnant de la saison 2 de "Nouvelle École" - la compétition rap de Netflix dont l'épisode final a été diffusé ce mercredi - est accusé de viol, des accusations que l'artiste dément. La plainte, déposée en août 2022, évoque plusieurs rapports sexuels non consentis entre fin 2020 et le printemps 2021, selon nos informations.

Contacté par BFMTV.com, le parquet de Paris a confirmé que la plainte faisait l'objet d'une enquête en cours et que les parties seraient avisées "en temps voulu" du contenu de la procédure.

La plaignante - qui souhaite se faire appeler Capucine - est une connaissance du jeune homme de 24 ans, de son état civil Youssouf Keita. Tous deux se sont connus par l'intermédiaire d'une amie commune à l'été 2020 avant d'échanger sur les réseaux sociaux et d'entamer une relation amicale, puis intime.

"Je lui ai demandé de s'arrêter"

Capucine fait le récit d'une relation sexuelle qu'elle et Yuz Boy auraient eu à la fin de l'année 2020. Elle décrit dans sa plainte un rapport anal d'abord consenti avant que la jeune femme - qui avait mal - ne lui demande d'arrêter. Ce qu'il n'aurait pas fait.

"J'ai essayé de l'écarter avec ma main et je lui ai demandé oralement de s'arrêter de façon claire", affirme-t-elle aux policiers. Le jeune homme se serait ensuite défendu en expliquant ne pas avoir entendu sa demande.

La jeune femme de 26 ans l'accuse également de l'avoir violée dans un ascenseur en février 2021. Ce soir-là, tous deux se rendaient chez une amie après une soirée afin d'y passer la nuit, selon son récit. Arrivés dans l'immeuble, ils se seraient embrassés en attendant l'ascenseur. Mais une fois entrés dans la cabine, le jeune homme lui aurait brusquement baissé son pantalon, sa culotte et l'aurait pénétrée sans lui demander son accord et sans préservatif.

Capucine, qui précise qu'elle était fortement alcoolisée ce soir-là, explique ne pas avoir été en capacité de réagir.

"Je ne me suis pas débattue car j'étais surprise", est-il écrit dans la plainte. "Il fait 1m95 et il est sportif. Il a des réactions imprévisibles donc je craignais toujours ses réactions."

"Je lui ai dit 'non'"

Elle dénonce un troisième viol qui aurait eu lieu à son domicile quelques semaines plus tard, en mars 2021. Selon son récit, le jeune homme serait venu un soir lui rendre visite. Ils auraient d'abord discuté avant qu'il n'essaie de l'embrasser. Capucine, qui traversait à l'époque un moment difficile, le repousse. "Je lui ai dit 'non' et que je n'en avais pas envie pendant plus d'une heure", assure-t-elle à BFMTV.com.

Le jeune homme aurait dans un premier temps accepté son refus. La soirée se serait poursuivie, ils auraient regardé un film, bu de l'alcool puis le jeune homme aurait de nouveau essayé d'avoir une relation sexuelle. Il l'aurait d'abord caressée avant de s'allonger sur elle. Capucine l'aurait interpellé en lui demandant ce qu'il faisait mais il aurait continué.

"Je n'étais pas en état de réagir", a-t-elle dit aux policiers. Il lui aurait ensuite retiré son pantalon puis demandé s'il pouvait la pénétrer. La jeune femme aurait de nouveau répondu "non". Mais il lui aurait tout de même retiré sa culotte, craché sur sa main afin de lubrifier ses parties intimes et l'aurait pénétrée sans préservatif.

"Durant l'acte je n'ai pas bougé, je n'ai pas crié. Je n'ai rien dit", est-il écrit dans le procès-verbal. Auprès de BFMTV.com, elle assure avoir été "sidérée".

"Il est parti tout de suite après. Je me souviens que je lui ai crié qu'il m'avait souillée mais je n'avais pas intégré le fait que j'avais été violée."

Quelques semaines plus tard, "c'est le début du deuxième calvaire", poursuit Capucine. Car elle découvre qu'elle est enceinte. Après une IVG, elle connaît un long passage à vide. La jeune femme ne sort plus de chez elle, s'habille avec des vêtements amples, quitte son travail et finit par retourner vivre chez ses parents. "J'avais honte, je me sentais coupable, sale", explique-t-elle.

Yuz Boy assure n'avoir "rien à se reprocher"

Alissia Dexet, l'avocate de Yuz Boy, assure pour BFMTV.com que le jeune homme "tombe des nues" et ne connaît pas l'existence de cette plainte ni d'une enquête en cours le concernant.

"Il n'a rien à se reprocher et ne sait pas de quoi il s'agit", le défend-elle. Et ajoute: "Si enquête il y a, mon client se tiendra à la disposition des enquêteurs."

Interrogé par BFMTV.com, Netflix France assure également ne pas être au courant de la plainte.

"Nous menons un gros travail au moment de la sélection des candidats pour nous assurer qu'il n'y ait pas de choses problématiques, notamment avec des antécédents judiciaires ou des tweets", répond la plateforme. "Ce n'était pas le cas. Nous n'avions aucune raison de douter de leur moralité."

Mercredi soir, le gagnant du programme n'était pas à l'événement qui célébrait sa victoire. Après la parution de cet article, un porte-parole a tenu à préciser que Netflix n'a été informé d'allégations concernant l'un des candidats que "quelques heures" avant la diffusion du dernier épisode. "Aucun élément de ce type n'est apparu lors des vérifications approfondies des antécédents que nous avons effectuées avant de sélectionner les candidats."

Une plainte après être "sortie du déni"

Capucine n'a jamais revu l'homme qu'elle accuse. Elle dit l'avoir confronté plus tard lors d'un échange téléphonique durant lequel elle l'accuse d'avoir abusé d'elle, de sa confiance et de sa vulnérabilité - une conversation qu'elle a enregistrée. Dans cet enregistrement, que BFMTV.com a pu écouter, l'interlocuteur de Capucine assure être "désolé pour tout ce qui s'est passé", ne "jamais" avoir voulu faire de mal à la jeune femme, ajoute "assumer ses torts" et vouloir "s'excuser".

La jeune femme s'est décidée à porter plainte plus d'un an après les faits. Il lui a fallu ces nombreux mois pour, dit-elle, "sortir du déni". "Je n'avais pas la force nécessaire ni la santé mentale." Aujourd'hui, la jeune femme est suivie par un psychologue et un psychiatre. "Je suis en état de stress post-traumatique."

Si cette prise de parole lui coûte - "ce n'est pas la partie de ma vie privée que j'ai envie de partager" - elle la juge nécessaire pour elle et pour toutes les victimes d'agressions sexuelles. Mais elle a toujours du mal à prononcer le mot "viol". "Verbaliser les choses les rend encore plus réelles", commente-t-elle.

Article original publié sur BFMTV.com