Giro: des grands noms du cyclisme demandent "plus de respect" à Evenepoel pour le maillot rose

Giro: des grands noms du cyclisme demandent "plus de respect" à Evenepoel pour le maillot rose

Ce mardi matin, il ne faudra pas chercher Remco Evenepoel à Scandiano, lieu du départ de la dixième étape du Giro. Dimanche soir, quelques heures après une victoire dans le contre la montre de la neuvième étape, la Soudal Quick-Step annonçait l'abandon de son coureur, qui avait repris le maillot rose de leader. Deux minutes après le communiqué de son équipe, le champion du monde prenait déjà la parole pour dire au revoir. Depuis, de nombreuses questions se posent. En Italie, ce départ suscite l'étonnement.

"Il faut plus de respect pour le maillot rose", estime Giuseppe Saronni

Lundi matin, un peu après 9 heures, après avoir salué ses coéquipiers et les membres du staff, Remco Evenepoel a quitté son hôtel pour rentrer chez lui. "C'est une manière élégante de dire que c'est un manque de respect pour le Giro", a commenté l'Italien Giuseppe Saronni, vainqueur de l'épreuve en 1979 et 1983, auprès de la Gazzetta dello Sport. Avant d'ajouter: "Il faut plus de respect pour le maillot rose, pour l'organisation et pour tous les supporters qui ont attendu le champion du monde au départ. Tout le monde lui a fait crédit, ils l'ont suivi avec beaucoup d'attention. Ce n'était pas bien de partir comme ça."

Dans les faits, l'Union cycliste internationale (UCI) n'impose pas un abandon systématique pour les coureurs positifs au Covid. Dans son protocole, l'instance offre la décision de laisser ou non l'athlète concerné en course après une décision collégiale entre le médecin de l'équipe, de l'organisateur et de l'UCI. Ainsi, le Norvégien Sven Erik Bystrom a reçu le feu vert pour prendre le départ ce mardi, malgré un test positif. "Si chaque coureur doit abandonner après un test positif, il n'y aura presque plus personne à Rome (l'arrivée finale, NDLR)", a lancé le Norvégien, asymptomatique.

Patron du Tour d'Italie, Mauro Vegni a indiqué de son côté que la Soudal Quick-Step a agi de manière "indépendante". "Tout le monde ne subit pas les mêmes conséquences après une maladie. Ils ont préféré le retirer de la compétition pour avoir l’esprit plus tranquille. Auraient-ils pu attendre le jour de repos, le lendemain? C'est un sujet à traiter, a réagi Vegni auprès du quotidien italien. Je confirme qu'il n'y a pas eu de communication préalable avec l'organisation. En cela, ils ont commis une erreur, justifiée par le fait qu'ils ont un peu paniqué et n'étaient plus suffisamment lucides pour recourir à une procédure plus habituelle."

Lefevere ne veut prendre "aucun risque" avec Evenepoel

Pour Giuseppe Saronni, Remco Evenepoel "aurait dû s'expliquer" et son départ "crée une aura de mystère qui n'était pas nécessaire", tout en se questionnant: "Il a le Covid, d'accord, mais quelle est la charge virale? " Professionnel entre 1977 et 1990, l'homme qui a gagné 24 étapes sur le Giro regrette vivement cet abandon: "De mon temps, combien de fois avons-nous couru affaiblis, avec diverses infections, et avons-nous tenu bon pour gagner le respect de tous? S'il était à deux jours de la fin, il aurait tenu."

Manager de la formation de Soudal Quick-Step, Patrick Lefevere a indiqué ne vouloir prendre "aucun risque" avec son poulain, qu'il a promis de protéger "comme un fils" à ses parents au moment de la signature de son contrat fin 2018. "On ne sait jamais ce qu'il se passe dans le corps. Ce n'est pas un travail normal de 9 heures à 17 heures", a défendu l'emblématique dirigeant de l'équipe belge.

Médecin de la Soudal Quick-Step, Yvan van Mol avance une explication encore plus claire: "On ne sait pas quelles sont les conséquences du Covid sur leur système cardiaque, a-t-il justifié auprès de l'Equipe. Nous n'avons pas encore assez de recul pour être certains que ça n'aura pas d'effets sur leur santé. C'est juste une question de précaution."

"Une décision hâtive" pour Francesco Moser

Vainqueur du Giro en 1984 et autre grand nom du cyclisme italien, Francesco Moser ne comprend pas non plus cette décision. "Evenepoel pouvait attendre, pourquoi partir comme ça? Le Covid n'est plus ce qu'il était il y a trois ans et d'un jour à l'autre, on est soit positif, soit négatif. Oh, il était en tête, c'était une décision hâtive, a estimé l'ancien champion du monde. Il a dû évaluer les signes aussi : il a été lent dans le contre-la-montre, c'est la preuve. Il s'est retiré avant la bataille, mais elle n'avait pas encore commencé."

Malgré ces incompréhensions, Geraint Thomas, deuxième du général dimanche soir, portera le maillot rose ce mardi et devra le défendre en l'absence d'Evenepoel. Dimanche soir, le champion du monde avait pris soin de prévenir le Britannique en amont du communiqué. "Il voulait me faire savoir qu’il devait quitter la course et me souhaitait bonne chance… J’ai cru qu’il me faisait une blague, comme il y en avait eu récemment avec Primoz Roglic (qui avait fait croire à Thomas qu'il avait le Covid, NDLR) ces derniers jours. Mais quand j’ai compris que c’était la vérité, j’étais choqué, a réagi l'un des deux leaders d'Ineos Grenadiers. Et très déçu…"

Une chose est sûre; le choc de l'abandon de Remco Evenepoel aura des conséquences sur la course. Mauro Vegni a prévenu qu'un protocole sanitaire allait effectuer son retour pour les deux dernières semaines. Depuis le départ, six coureurs ont déjà abandonné en raison du Covid.

Article original publié sur RMC Sport