La grève à Vertbaudet levée après un accord entre la CGT et la direction

Des employés de la marque de vêtements Vertbaudet, devant leur entrepôt de Marquette-lez-Lille (Nord), le 16 mai 2023.
Des employés de la marque de vêtements Vertbaudet, devant leur entrepôt de Marquette-lez-Lille (Nord), le 16 mai 2023.

VERTBAUDET - C’est la fin de plus de deux mois de mobilisation tendue. Les 72 grévistes de l’enseigne de puériculture Vertbaudet, en grève depuis le 20 mars sur le site de l’entrepôt de Marquette-lez-Lille, dans le Nord, ont signé ce vendredi 2 juin un accord avec la direction, un épilogue salué comme une « victoire » par la CGT.

« La direction de Vertbaudet annonce la conclusion d’un protocole de fin de grève conclu avec les représentants de la CGT de l’entreprise », a affirmé la direction à l’AFP. « Il comprend la levée du piquet de grève » à minuit « et le retour au travail des 72 grévistes » mardi.

« Le travail reprendra mardi après une journée d’apaisement et de discussion lundi », a confirmé à l’AFP Samuel Meegens, de l’Union locale CGT de Tourcoing.

« Le conflit est terminé, le travail reprend » a déclaré à l’AFP Amar Lagha, secrétaire général de la CGT Commerce et Services, se félicitant d’une « victoire sans précédent ».

L’accord de fin de conflit « prévoit qu’aucune sanction ne sera prise contre les grévistes, alors que certains avaient été convoqués pour des entretiens préliminaires à licenciement, et le versement aux grévistes du 13e mois sans déduction des jours de grève », a-t-il ajouté.

L’issue a été trouvée après un geste de la direction, qui avait ouvert de façon anticipée des négociations annuelles obligatoires (NAO) pour l’année 2024 entre le 26 mai et le 1er juin.

+7 % d’augmentation de salaire après 12 ans d’ancienneté

Elles se sont conclues sur un texte, auquel les deux organisations syndicales majoritaires FO et CFTC ont donné un accord verbal, et qui sera signé par la CGT. Il prévoit « une refonte » de la grille salariale, comme le réclamaient les grévistes.

Cela permettra selon la direction « une revalorisation à hauteur d’au moins 1 860 euros brut par mois sur 13 mois (soit +7 %) pour tous les employés ayant 12 ans d’ancienneté » et une « revalorisation du salaire minimum à hauteur de 1 810 euros brut par mois sur 13 mois (soit +4 %) pour tous les salariés dès le 1er juillet 2023 ».

« Les travailleuses de Vertbaudet ont gagné un accord contre leur patron. Leur dignité est grande. Elles impressionnent. Gloire aux lutteuses ! LFI fière d’avoir versé 25 000 euros à la caisse de grève ! », a réagi le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.

« Après plus de deux mois d’une grève si difficile, elles sortent du conflit avec des augmentations de salaire. Et surtout, surtout : avec la dignité de celles qui luttent », a réagi pour sa part David Guiraud, député Insoumis de la 8e circonscription du Nord.

Unies depuis le 20 mars derrière la déléguée CGT Manon Ovion, préparatrice de commandes de 30 ans, les 72 grévistes (sur 320 salariés) réclamaient 150 euros nets d’augmentation par mois. Une somme « vitale » pour ces femmes souvent peu qualifiées, qui touchent majoritairement le Smic dans un contexte de forte inflation.

Une enquête ouverte sur des violences rapportées par un délégué CGT

Bien que minoritaire face à FO et à la CFTC, la CGT a mené le mouvement.

La visite mi-avril de la nouvelle secrétaire générale du syndicat, Sophie Binet, venue appeler au boycott de l’enseigne, a apporté un coup de projecteur. D’autres personnalités de gauche se sont succédé sur le piquet de grève, dont Jean-Luc Mélenchon.

Mais derrière cette valse médiatique, les tensions étaient allées croissant depuis le début de la grève.

Après la venue de Sophie Binet, la direction a imputé à des éléments extérieurs à l’entreprise une violente intrusion dans ses locaux. La CGT a dénoncé de son côté des brutalités policières lors d’interventions contre le piquet de grève, contre une gréviste et un militant CGT extérieur venu en soutien.

Le parquet a aussi ouvert une enquête sur des violences rapportées par un délégué CGT, qui aurait été molesté et volé par des personnes se présentant comme des « policiers en civil », selon le syndicat.

Plusieurs salariés non-grévistes ont de leur côté dénoncé un climat délétère instauré par leurs collègues mobilisés.

À voir également sur Le HuffPost :

Après les retraites, le partage de la valeur : un dossier prioritaire (mais risqué) du gouvernement

Pourquoi Les Échos ne sont pas sortis ce vendredi matin