Guerre en Ukraine : la contre-offensive de l’armée ukrainienne a bien commencé, voici ce qui le prouve

L’armée ukrainienne a lancé plusieurs attaques contre les Russes dans les régions de Zaporijjia et de Donetsk notamment. Avant une offensive de plus grande ampleur ?

INTERNATIONAL - La tant attendue « contre-offensive » ukrainienne a commencé. C’est en tout cas ce qu’a affirmé Vladimir Poutine vendredi 9 juin dans un message vidéo sur Telegram, 15 mois après le début de la guerre qu’il a déclenchée. Le président russe a même assuré que l’armée ukrainienne était déjà tenue en échec par ses troupes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui avait salué vendredi « l’héroïsme » de ses troupes engagées « dans de durs combats » a fait état samedi indiqué samedi « d’actions contre-offensives » ukrainiennes sur le front. Mais sans attendre cette déclaration du dirigeant des éléments permettaient d’affirmer que la la contre-offensive avait débuté.

« La multiplication des raids et des frappes depuis un mois avec une accélération ces derniers jours indiquait clairement que l’on entrait dans une autre séquence de la guerre. Nous y sommes désormais complètement », a analysé le colonel Michel Goya sur son blog La Voie de l’épée vendredi 9 juin. « La contre-offensive ukrainienne a commencé », a de son côté confirmé le centre de réflexion Institute for the Study of War (ISW), référence dans le suivi du conflit.

Plusieurs points d’attaque

L’ISW veut pour preuves des opérations conduites avec plus ou moins de succès dans au moins quatre lieux différents en Ukraine. Kiev aurait fait des « gains tactiques » dans l’ouest de la région de Donetsk, à la frontière avec l’oblast de Zaporijjia, après une offensive menée depuis le 4 juin près de Novodonetske et Velyka Novosilka.

Lieu de différentes attaques qui auraient été lancées ces derniers jours par l’armée ukrainienne.
Lieu de différentes attaques qui auraient été lancées ces derniers jours par l’armée ukrainienne.
Le front sud au 8 juin 2023.
Le front sud au 8 juin 2023.

Des attaques auraient également été lancées dans la région de Zaporijjia dans la nuit du mercredi 7 au jeudi 8 juin, notamment à Orikhiv et Tokmak, a précisé Vladimir Rogov, un responsable de l’occupation russe. Ici aussi, l’Ukraine aurait gagné du terrain, assure l’Institute for the Study of War.

Jeudi 8 juin, l’armée ukrainienne aurait aussi avancé de 200 mètres à Bakhmout, où les combats intenses durent depuis le début de l’année malgré la chute de la ville aux mains des Russes en mai. Vendredi, des officiels ukrainiens auraient même assuré avoir fait une avancée de plus d’un kilomètre.

Enfin, le ministre de la Défense russe a fait état d’une offensive à Kreminna dans l’oblast de Lougansk où les troupes russes auraient en revanche réussi à repousser l’armée ukrainienne. Serait-ce les seuls points d’attaques ? Des sources militaires citées par Le Monde évoquent de leur côté six « axes d’effort » déployés du nord au sud du pays, de Kharkiv à Zaporijjia, sans préciser lesquels.

Une approche « incrémentale » de la contre-offensive

La contre-offensive n’est donc pas un assaut massif sur une région limitée contrairement à ce qui a pu être imaginé. Mais si « la multiplication des points d’effort ukrainiens questionne », souligne sur Twitter le consultant spécialiste des questions militaires Stéphane Audrand, elle est aussi stratégique.

En effet, l’analyste explique qu’« il est possible qu’elle soit pensée pour disperser les réserves mobiles russes, peu nombreuses. Ou même simplement pour les faire bouger et donc les repérer ». Cette approche « incrémentale » peut aussi servir à « aguerrir les nouvelles brigades et les tester collectivement ».

En tout cas, ajoute-t-il sur le ton de l’humour, « il ne faut pas penser que les Ukrainiens ont forcément à l’esprit une “grande percée éclair avec choc opératif, débordements, double pince, fromage, dessert et supplément de mayo” ».

Les Ukrainiens sous pression

Ces multiples offensives n’empêchent d’ailleurs pas, dans quelques jours ou quelques semaines, de lancer une contre-offensive de plus grande envergure avec les brigades entraînées par l’Otan. Ces dernières n’auraient pas encore été aperçues sur le terrain, souligne en effet Politico.

Une chose est sûre, « la pression est très forte sur les Ukrainiens et nous sommes peut-être à un tournant de la guerre », a estimé auprès de l’AFP un haut gradé français. Les Ukrainiens « vont jouer leur va-tout. Si ça passe, ils vont négocier en position de force. Si ça ne passe pas... eh bien... (...) la négociation se fera dans des conditions moins favorables. Les Ukrainiens le savent bien et mettent le paquet ».

Même alerte du côté de Michel Goya, interrogé par La Voix du Nord : « Si les Ukrainiens échouent, cela pourrait avoir des conséquences sur le moral. Les choses risqueraient de rester figées très longtemps. » Aujoud’hui selon lui, « l’Ukraine paraît supérieure aux Russes mais pas suffisamment pour être écrasante et anticiper une victoire certaine. » Les prochaines semaines seront décisives pour la suite du conflit.

Lire sur le HuffPost

À voir également sur Le HuffPost :

Après la destruction du barrage de Kakhovka, Ukraine et Russie donnent leur bilan des inondations

En Ukraine, le barrage de Nova Kakhovka détruit, une catastrophe environnementale en cours ?

VIDÉO - À Kherson, le niveau de l'eau commence à baisser, quatre jours après la destruction du barrage