Guerre en Ukraine : Poutine en visite surprise à Marioupol après la Crimée

C’est le premier déplacement du président russe dans cette cité portuaire d’Ukraine, et son premier voyage dans le Donbass depuis le début du conflit.

UKRAINE - Vladimir Poutine s’est rendu à Marioupol, ville ukrainienne contrôlée par la Russie et dévastée par les bombardements, sa première visite en zone conquise depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, a rapporté ce dimanche 19 mars le Kremlin, après l’émission d’un mandat d’arrêt international à l’encontre du président russe.

Le dirigeant russe est allé à Marioupol en hélicoptère et a fait un tour de la ville, au volant d’une voiture, a indiqué dimanche le service de presse du Kremlin, cité par les agences de presse russes.

« Clip de la télévision d’État russe sur la visite de Poutine à Marioupol, avec des ’’résidents locaux’’ le remerciant d’être venu. Des rues entières sont nettoyées à Moscou lors de son passage, mais la télévision d’État russe veut que les Russes croient que cet élan de gratitude est spontané », écrit un journaliste du Wall street journal en partageant des images du président russe à Marioupol.

Selon des images diffusées par la télévision publique russe, le déplacement a eu lieu dans la nuit, Vladimir Poutine se faisant présenter notamment l’éclairage nocturne des rues de Marioupol et parlant avec des habitants. « Nous prions pour vous », a assuré à Vladimir Poutine à l’une des habitantes, en affirmant que la ville était « un petit bout de paradis ».

Il a visité un théâtre musical local reconstruit et suivi la présentation d’un rapport sur les travaux de reconstruction de cette ville dévastée, selon le Kremlin. Il s’agit de son premier déplacement dans cette cité portuaire d’Ukraine assiégée pendant des mois par les forces russes avant de tomber en mai 2022.

Poutine « criminel international » pour l’Ukraine

Cette visite surprise à Marioupol constitue surtout le premier voyage du maître du Kremlin dans le Donbass, en zone conquise, depuis le déclenchement de l’offensive russe le 24 février 2022, qui a valu à Moscou une série de sévères sanctions internationales.

Les autorités ukrainiennes de Marioupol ont fustigé la visite du « criminel international » de nuit « probablement pour ne pas voir à la lumière du jour la ville tuée par sa ’’libération’’ ». Une référence au mandat d’arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de crime de guerre de « déportation illégale » d’enfants ukrainiens. Plus de 16 000 enfants ukrainiens ont été déportés vers la Russie depuis l’invasion le 24 février 2022, selon Kiev, et beaucoup auraient été placés dans des institutions et des foyers d’accueil.

La Cour, qui siège à la Haye, a également tenté de vérifier si le bombardement et le siège de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, pouvaient constituer un crime contre l’humanité. Elle a conclu qu’il lui manquait des éléments pour parvenir à une telle conclusion, n’ayant pas eu accès à la région de Donetsk, où se trouve Marioupol. Le Kremlin a jugé « nul et non avenu » le mandat d’arrêt de la CPI, dont Moscou ne reconnaît pas la compétence.

Selon le Kremlin, avant d’aller à Marioupol, Poutine a également tenu une réunion à Rostov, en Russie, avec des responsables de l’armée russe, notamment le chef de l’état-major Valeri Guerassimov.

Poutine s’est d’abord rendu en Crimée

Il s’était auparavant rendu en Crimée samedi pour le 9e anniversaire de l’annexion de cette péninsule ukrainienne par la Russie, également visée par des sanctions internationales pour cette raison. Il s’agissait de sa première visite en Crimée depuis 2021. La Russie a annexé la Crimée le 18 mars 2014, à la suite d’un référendum non reconnu par Kiev et la communauté internationale.

Arrivé à Sébastopol, port d’attache de la flotte russe de la mer Noire en Crimée, Vladimir Poutine a notamment assisté samedi à la cérémonie d’inauguration d’une école des arts pour enfants en compagnie du gouverneur local, Mikhaïl Razvojaïev, selon les images diffusées par la chaîne de télévision publique Rossia-1.

Cette ville n’étant située qu’à environ 240 km de Kherson, une cité méridionale ukrainienne reprise par l’armée de Kiev en novembre après le retrait des forces russes, ce déplacement de Vladimir Poutine était aussi le premier effectué dans un endroit si proche de la ligne de front.

« Notre président Vladimir Vladimirovitch Poutine sait surprendre. Dans le bon sens de ce mot », a écrit sur Telegram Mikhaïl Razvojaïev. « Mais Vladimir Vladimirovitch est venu en personne. Lui-même. Au volant. Parce que lors d’une journée historique comme aujourd’hui, il est toujours avec Sébastopol et ses habitants », a affirmé Mikhaïl Razvojaïev. « Notre pays a un dirigeant incroyable ! », s’est-il enthousiasmé.

Si le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé en janvier qu’il entendait reprendre la Crimée - « notre terre » - par les armes, Moscou ne cesse de marteler que la « Crimée est russe », en refusant d’en faire l’objet d’éventuelles négociations de paix.

VIDÉO-Ukraine: Poutine s'est rendu à Marioupol dévastée, première visite en zone conquise