Harold Abrahams et Eric Liddell, les légendes derrière le film "Les Chariots de feu"

Harold Abrahams (à gauche) franchit la ligne d'arrivée en vainqueur (Central Press/Getty Images)

Même ceux qui n'ont pas vu le film Les Chariots de feu ont certainement entendu sa bande originale flamboyante et planante. Ce film est adapté de l’histoire vraie d’Eric Liddell et de Harold Abrahams, deux Britanniques que tout oppose et qui triomphent aux JO de Paris en 1924 en remportant tous les deux la médaille d’or, respectivement sur le 400 mètres et sur le 100 mètres.

Lors des Jeux Olympiques de Paris de 1924, les athlètes britanniques Harold Abrahams et Eric Liddell entrent dans la légende en obtenant la médaille d’or dans les épreuves du 100 mètres et du 400 mètres. Eric Liddell reste à ce jour le dernier détenteur de l'or britannique sur le 400 mètres. Leur histoire a été adaptée dans un magnifique film, Les Chariots de feu, mais leur vie dépasse la fiction.

Sorti en 1981, Les Chariots de feu a reçu une pluie d'Oscars : meilleur film, meilleur scénario original, meilleure musique de film et meilleure création de costumes. Quant à sa bande originale, elle s'est hissée en tête de tous les hit-parades, et la diffusion du morceau "Chariots of Fire" est presque devenue un impératif lors des événements sportifs, quelle que soit leur envergure. Sa popularité ne s'est jamais démentie, donc même si vous n'avez pas vu l'œuvre originale, il y a de fortes chances que vous ayez entendu ce standard repris à l'envi dans nombre de films ou de publicités.

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Deux athlètes, deux histoires

Harold Abrahams est un Britannique d'origine juive, grand sportif universitaire spécialisé dans les courses du 100 mètres et du 400 mètres, mais aussi dans le saut en longueur. Déçu par ses résultats médiocres aux Jeux Olympiques de 1920, il décide d'engager un entraîneur professionnel pour l’aider à s’améliorer. C’est la première fois qu’un amateur britannique fait appel à un coach privé.

De son côté, Eric Liddell, Écossais né dans la ville chinoise de Tianjin, est un fervent chrétien qui se prépare à une vie de missionnaire. À l'origine, il doit courir le 100 mètres à Paris, mais comme les épreuves éliminatoires ont lieu le dimanche, le jour de repos des chrétiens, il se désiste et choisit le 400 mètres.

Cet épisode est d'ailleurs largement romancé dans le film qui n’hésite pas à déformer la réalité. En effet, Eric Liddell savait que les épreuves auraient lieu un dimanche bien avant son départ pour la France, et son choix s’est avéré beaucoup moins cornélien qu'il n'est décrit à l'écran. Le calendrier des épreuves avait été annoncé bien à l'avance, et Eric Liddell a passé trois ou quatre mois à s'entraîner pour le 400 mètres.

Liddell galvanisé par sa foi

Harold Abrahams est resté longtemps le dernier athlète britannique médaillé d'or aux 100 mètres. Il a fallu attendre les Jeux Olympiques de Moscou en 1980 pour voir cet exploit réitéré (bien que le Royaume-Uni ait boycotté ces Jeux, les athlètes ont été autorisés à participer en leur propre nom).

Après avoir opté pour le 400 mètres, Eric Liddell a également triomphé avec l'or et n'a toujours pas été détrôné par un autre athlète britannique. Il a aussi remporté la médaille de bronze aux 200 mètres, tandis que Harold Abrahams obtenait une médaille d'argent au relais 4 x 100 mètres.

Eric Liddell n'avait jamais participé à une compétition internationale avant les Jeux Olympiques, ce qui ne l'a pas empêché de monter sur la première marche du podium. Avant la finale, l'un des kinésithérapeutes de l'équipe lui a remis une note sur laquelle était inscrite une citation de la Bible : "J’honorerai ceux qui m’honorent." Cette citation prit sans doute tout son sens pour Eric Liddell, lui qui fut galvanisé par sa foi et remporta la victoire, malgré le changement d'épreuve motivé par son respect de la religion.

Des légendes restées dans les mémoires

Après avoir pris sa retraite, Harold Abrahams a été capitaine de l'équipe britannique aux Jeux Olympiques d'Amsterdam de 1928 et rédacteur en chef de "The Official British Olympic Report" pour ces mêmes Jeux. Il a travaillé comme journaliste sportif pendant 40 ans et a publié de nombreux livres avant de s’éteindre en 1978. Très apprécié dans le monde sportif, il a été intronisé à l’International Jewish Sports Hall of Fame en 1981 et à l’England Athletics Hall of Fame en 2009.

L'année suivant les Jeux Olympiques de Paris, Eric Liddell est retourné en Chine pour travailler en tant que missionnaire. Il est resté à son poste malgré la guerre et a ensuite été fait prisonnier par l'armée japonaise. Il est mort d'une tumeur au cerveau en 1945 alors qu'il était détenu au camp d'internement de Weixian. Une sculpture et un musée y ont plus tard été dressés en son honneur.

À cause de la guerre et des nombreuses années qui s’étaient écoulées, retrouver la tombe d’Eric Liddell n’était pas une mince affaire, mais Charles Walker, un ingénieur écossais qui travaillait à Hong Kong, a finalement retrouvé son emplacement en 1989 en s’aidant de documents historiques et de dessins d'anciens détenus. Le gouvernement local a accepté d'ériger une pierre tombale et de créer un jardin commémoratif, et un fonds a été lancé au nom d’Eric Liddell pour aider les coureurs de Chine, de Hong Kong et de Grande-Bretagne.

L’université d'Édimbourg, où il a étudié, a fait don de la pierre tombale et a créé une bourse d'études en son nom en 2012. Un centre de services communautaires portant le nom d'Eric Liddell a également vu le jour sur le campus de l'université. Lors des premiers votes pour le Scottish Sports Hall of Fame en 2002, Eric Liddell a été élu sportif le plus populaire de tous les temps.

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