Haut-commissariat au Plan: d'où provient la centaine de collaborateurs de Bayrou?

François Bayrou et Emmanuel Macron à Aix-la-Chapelle, le 10 mai 2019. - Ludovic MARIN / AFP
François Bayrou et Emmanuel Macron à Aix-la-Chapelle, le 10 mai 2019. - Ludovic MARIN / AFP

Une "centaine" de collaborateurs, en pleine période de relance post-Covid? Dite ainsi, l'affirmation a de quoi faire tressaillir. Ce jeudi, la dernière touche majeure du remaniement gouvernemental de juillet a été apportée en Conseil des ministres. François Bayrou, éphémère garde des Sceaux, président du MoDem, principal partenaire de La République en marche, revient dans le giron de l'exécutif en tant que haut-commissaire au Plan. Sa nomination à ce poste a été confirmée par le Premier ministre Jean Castex lors de la conférence de presse dédiée à la présentation du plan de relance de l'économie.

Secret de polichinelle entretenu durant l'été, cette nomination rattache le maire de Pau au secrétariat général du Gouvernement. Autrement dit, à Matignon, et non pas à l'Elysée comme cela a été relayé - et demandé par l'intéressé à Emmanuel Macron - pendant le mois d'août. Par ailleurs, comme François Bayrou l'a confirmé ce jeudi matin sur BFMTV, il disposera de moyens importants, parmi lesquels 15 millions d'euros de budget annuel et une centaine de collaborateurs.

Tour de passe-passe

En réalité, ces moyens proviennent d'une structure préexistante, France Stratégie, créée en avril 2013 justement comme énième substitut au commissariat général au Plan (CGP). Ce dernier, déjà vidé de sa substance, avait définitivement disparu en 2006 pour être remplacé par le Centre d'analyse stratégique. Lequel a été à son tour remplacé par France Stratégie, sous l'impulsion de François Hollande... et sur les conseils d'un certain Emmanuel Macron.

Comme l'indique le décret de création du poste que va occuper François Bayrou, celui-ci disposera "du concours de France Stratégie". En d'autres termes, le personnel et le budget dévolus à cette structure basculeront tout simplement sous le parapluie du haut-commissaire au Plan. Une résurgence du CGP, créé en 1946 à l'initiative du général de Gaulle, mais sur la base de réflexions entamées à l'issue de la crise de 1929 et concrétisées sous le régime de Vichy.

Correctif de dernière minute

Modèle hybride qui permet au maire de Pau de conserver ses mandats locaux - et, aussi, de contourner l'incompatibilité entre sa mise en examen et la détention d'un portefeuille ministériel -, ce poste sera sous une co-tutelle Elysée-Matignon. Comme nous l'avons précisé, François Bayrou sera rattaché au secrétariat général du Gouvernement, occupé par Claire Landais depuis la mi-juillet.

Côté rive droite, c'est à Emmanuel Macron qu'il reviendra de dessiner la feuille de route du chef centriste (qui occupera sa fonction à titre bénévole). À savoir, préparer la France de 2030, aussi bien sur le plan de sa souveraineté technologique que celui de la transition énergétique. Avec, donc, les moyens de France Stratégie, qui continue d'exister.

À la suite de la nomination, un correctif a toutefois été apporté au décret du 1er septembre, qui délimite les contours du poste. En plus du "concours de France Stratégie", François Bayrou disposera de celui "des administrations et services de l'État susceptibles de contribuer à l'accomplissement de sa mission". Un ajout qui risque de susciter quelques interrogations sur les limites imposées aux moyens dont bénéficiera la patron du MoDem.

Article original publié sur BFMTV.com