Haute-Savoie: une manifestation nationaliste non autorisée organisée dans les rues d'Annecy
Une manifestation qui a provoqué l'ire de nombreux élus locaux. Mardi soir dans les rues d'Annecy, en Haute-Savoie, une quarantaine d'individus a pris part à un défilé nationaliste.
Cette marche aux flambeaux a été immortalisée en vidéo, puis diffusée sur Twitter par un compte nommé "Le Syndicat des Fleuristes", qui se qualifie lui-même comme un "groupe activiste de patriotes français." "Annecy est Nationaliste", peut-on lire en légende de la séquence.
Activation de l'article 40
Selon des informations obtenues par France Bleu Pays de Savoie, la manifestation n'a pas été déclarée en préfecture. Sur les images de ce rassemblement qui a duré un peu plus d'une demi-heure, plusieurs personnes, parfois masquées, scandent des slogans tels que "la France aux Français" et "Europe, jeunesse, révolution", un cri de ralliement utilisé dans les milieux d'ultradroite.
Le rassemblement, qui s'est déroulé dans le centre-ville d'Annecy et à proximité de l'église Notre-Dame-de-Liesse, s'est déroulé sans heurts. Son organisation a été condamnée par le préfet, qui rappelle dans son communiqué que les organisateurs d'une manifestation qui n'est pas déclarée s'exposent à une peine de six mois d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende.
Comme l'a souligné le préfet du département dans un communiqué publié jeudi, un signalement au titre de l'article 40 a été fait auprès du parquet d'Annecy, "A la suite de cette manifestation rassemblant des participants d'extrême-droite, plusieurs identités ont pu être relevées par les forces de l'ordre et transmises à l'autorité judiciaire par le préfet, qui a fait un article 40", a confirmé dans un tweet le ministre de l'Intérieur Gérarld Darmanin. Le parquet d'Annecy a ensuite annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "organisation de manifestation non déclarée".
Le maire appelle à "être vigilants"
Invité sur notre antenne, François Astorg, maire divers écologiste d'Annecy, a appelé à "prendre la mesure de ces événements", faisant un parallèle avec la montée du fascisme survenue dans les années 1930.
"On a l'impression de se retrouver en 1934, c'est insupportable", a-t-il condamné.
"Ça faisait très très longtemps que je n'avais pas entendu parler d'ultra-nationalistes à Annecy, (...) il faut être vigilants et suivre ça de près. J'attends aussi que nos parlementaires locaux condamnent fermement ces événements", a-t-il encore demandé.
"C’est l’indignation, la colère, la tristesse, le dégoût. Il y a beaucoup de sentiments partagés en tant qu'élu et simple citoyen de cette belle ville, s'est égalmement ému sur BFMTV Guillaume Tatu, maire adjoint divers gauche d'Annecy. Quand on voit l’image que l’on donne aujourd’hui, ce n’est pas une grande fierté."
"Froid dans le dos"
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnalités politiques locales ont exprimé leur indignation. Fabienne Grebert, une élue écologiste de la ville, a évoqué "un parfum de 1934" et dénoncé la présence "de milices" avec "des propos guerriers."
"Cette manifestation me fait froid dans le dos dans ma ville!", ajoute-t-elle, pointant l'inaction de l'État.
Auprès de France Bleu, Antoine Grangé, élu d'opposition à la mairie d'Annecy, déplore des participants "qui s'approprient des drapeaux régionaux." "Là, on a le drapeau de la Savoie (...) ça fait mal de voir des images comme celles-ci en plein cœur de la ville d'Annecy", ajoute-t-il.
Le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a taclé sur Twitter "la permissivité de Darmanin", accusant le ministre de l'Intérieur de protéger "les bandes de violents d'extrême droite qui l'acclament." "De ville en ville, ça se répand. Mais pour la macronie, le danger c'est LFI", déplore-t-il.
À noter qu'au fil de la soirée de mercredi, le compte "Le Syndicat des Fleuristes" a ironiquement retweeté les condamnations politiques, dont celle du maire de la ville, François Astorg.
"(La manifestation) n'a pas été autorisée et les messages qui sont véhiculés ne sont pas acceptables dans notre démocratie, ni à Annecy, ni ailleurs", a écrit l'édile sur Twitter.