Henri Leconte : "Les joueurs français ont un melon monumental"

Dans une interview au Parisien parue ce mercredi, l’ancien tennisman Henri Leconte se livre à une critique particulièrement virulente de ses successeurs de la génération actuelle du tennis français.
Henri Leconte sort la sulfateuse
Henri Leconte sort la sulfateuse

Pour la première fois depuis le mois de mars 2007, il y a plus de dix ans, il n’y aura pas de Français dans le top 15 du prochain classement ATP, qui sera publié lundi 11 septembre. La conséquence logique d’un été catastrophique des tennismen tricolores et d’une année globalement manquée, avec un seul quart de finale en Grand Chelem (Jo-Wilfried Tsonga à l’Open d’Australie). Comment pourrait-il en être autrement, alors que les “nouveaux Mousquetaires” (Tsonga, Simon, Gasquet et Monfils) semblent de plus en plus usés par le poids des ans et des blessures, et que la nouvelle génération, incarnée par Lucas Pouille, peine à confirmer les promesses entrevues ces dernières années ?

Pour Henri Leconte, dernier finaliste français à Roland-Garros (en 1988), cette mauvaise passe n’est absolument pas un accident et correspond à l’état actuel du tennis tricolore. “Il y a beaucoup de choses négatives, notamment pour certains le professionnalisme, tacle ainsi “Riton” dans les colonnes du Parisien. Il faut se réveiller. (…) Les joueurs sont responsables : à eux de se prendre en charge et d’être honnêtes avec eux-mêmes. Arrêtez, les mecs, de nous dire “on veut gagner un Grand Chelem” : c’est pas possible ! Ils ne s’entraînent pas, ne font pas l’effort nécessaire.”

“Les joueurs français n’ont rien gagné et ils ont un melon… La mentalité est mauvaise, tout est mauvais”

La charge est violente, mais ce n’est que le début. “On n’a pas su se remettre en question, déplore le vainqueur de la Coupe Davis 1991. Dans les vestiaires, tout le monde se marre en regardant le clan français ! De l’autre côté, ça envoie du lourd, ça travaille. (…) Nous, on se met des oeillères en se disant que tout va bien. Mais tout va mal !” En cause, selon Leconte, l’état d’esprit des leaders du tennis français. “Faut arrêter de dire qu’on a un potentiel. On n’a rien !“, tonne l’ancien numéro 5 mondial. “On repart de zéro. Les joueurs français ont un melon monumental : ils n’ont rien gagné et ils ont un melon…

Seule éclaircie actuelle dans le ciel tricolore, la demi-finale de Coupe Davis à venir (du 15 au 17 septembre) face à la Serbie, qui sera privée de Novak Djokovic, ne remonte pas spécialement le moral d’Henri Leconte. “Si on peut gagner la Coupe Davis, il le faut, juge-t-il. Mais il faut être honnête, on a la chance d’avoir une Fédération forte, un tournoi du Grand Chelem, mais c’est ridicule ce qu’on fait. Imaginons qu’on la gagne, on va encore dire “c’est grâce à ci, c’est grâce à l’autre” mais il n’y a rien. Il n’y a pas de structure.” “Il faut aussi que la Fédération se réveille, conclut Leconte, car, si on continue, on va finir comme la Suède : au revoir, le tennis ! (la Suède ne compte actuellement aucun joueur dans le Top 200 du classement ATP, ndlr). Il faut changer. La mentalité est mauvaise, tout est mauvais.” C’est dit.