Les "Hijabeuses" veulent pouvoir jouer au foot avec un voile

La Fédération française de football interdit de jouer en portant le voile. Un règlement qu'une loi veut étendre à toutes les fédération contre laquelle se bat le collectif Les Hijabeuses.  (Photo: Benoit Tessier via Reuters)
La Fédération française de football interdit de jouer en portant le voile. Un règlement qu'une loi veut étendre à toutes les fédération contre laquelle se bat le collectif Les Hijabeuses. (Photo: Benoit Tessier via Reuters)

SÉNAT - “Nous, femmes, musulmanes, portant le voile, avons été sciemment exclues du décor. Nous voulons jouer librement” scande une joueuse du collectif Les Hijabeuses filmée par le média Madmoizelle.

Ces footballeuses de confession musulmane étaient réunies devant le Sénat mercredi 26 janvier, pour une partie de football. Leur objectif: montrer qu’elles continueront de jouer malgré un règlement qui leur interdit et un amendement voté le 19 janvier qui propose d’interdire toutes les compétitions sportives aux femmes portant le voile.

Elles ont tapé quelques balles dans l’enceinte du jardin du Luxembourg pour obtenir la suppression de cet amendement, avant d’être évacuées par les forces de l’ordre.

Cela fait plusieurs mois que ces femmes se dressent contre la fédération française de football (FFF), qui leur interdit de jouer voilées en compétition. Les sénateurs envisagent d’étendre cette interdiction à l’ensemble des fédérations, contre l’avis du gouvernement. “On ressent tout cela comme une grande injustice. Il y a ce sentiment d’être exclu et c’est quelque chose qu’on ressent profondément”, a expliqué à l’AFP Founé Diawara, l’une des membres de ce collectif.

Le règlement de la FFF attaqué en justice

La thématique du voile est éminemment sensible à quelques mois de l’élection présidentielle, mais les Hijabeuses assument une certaine naïveté face à ces problématiques. “Nous on veut juste jouer au football, nous ne sommes pas des millitants pro-hijab” assure la présidente du collectif à l’AFP.

Portées par l’association Alliance citoyenne, qui affirme “combattre l’injustice et les discriminations”, les joueuses mènent un travail de fond avec la FFF depuis plusieurs mois. Elles étaient en discussion avec la fédération pour obtenir le droit de jouer tout en portant le voile, mais “le dialogue s’est fermé” déplore Founé Diawara.

Face à l’interruption des discussions, le collectif a entrepris de saisir le Conseil d’Etat en novembre 2021, ciblant l’article 1 du règlement de la FFF. Celui-ci dispose que “tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse, ou syndicale” est interdit. Leur première requête en référé a été rejeté, en attendant une future réponse sur le fond.

L’un de leurs arguments s’appuie sur la position de la Fifa, l’instance mondiale du football, qui autorise le port du voile dans les compétitions internationales depuis 2014. En parallèle, la loi française impose la neutralité aux salariés travaillant pour des fédérations délégataires d’un service public, mais elle est plus floue sur ses usagers. Zone grise dans laquelle s’est engouffrée la FFF pour écrire son règlement et que le sénateur LR à l’origine de l’amendement veut clarifier.

La loi examinée à nouveau le 31 janvier

“Le principe de neutralité porte atteinte à la liberté de culte, un droit fondamental”, résume Me Marion Ogier, qui défend Les Hijabeuses. Elle explique à l’AFP que “limiter un droit fondamental ne peut se faire que si l’on montre qu’il y a un trouble. Or la FFF ne justifie d’aucun trouble, elle considère que le principe de neutralité doit s’appliquer partout. Seul le législateur a le pouvoir de prendre une telle décision.”

La proposition de loi sur le sport doit être réexaminée le 31 janvier en commission mixte paritaire. Les Hijabeuses gardent espoir qu’un compromis soit trouvé, leur permettant de jouer comme elles le souhaitent.

À voir également sur le HuffPost: Interdire aux assesseures de porter un voile? Le débat déchire l’Assemblée

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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