Publicité

Immigration : sur quoi LR et le gouvernement peuvent-ils s’accorder ?

Derrière les noms d’oiseaux sur l’immigration, sur quoi LR et le gouvernement peuvent-ils s’accorder ?
Derrière les noms d’oiseaux sur l’immigration, sur quoi LR et le gouvernement peuvent-ils s’accorder ?

POLITIQUE - Passer des coups de menton à la poignée de main. Une semaine après les propositions offensives de la droite sur l’immigration, le camp présidentiel et Les Républicains débattent par médias interposés. Quitte à échanger parfois des mots très virulents.

Après Gérald Darmanin, qui parle de « frexit migratoire » pour qualifier une partie du projet défendu par Éric Ciotti et ses troupes, plusieurs cadres de la majorité cingle un « acte de décès du parti de gouvernement que fut LR » dans une tribune au JDD. Leur « prise de position » les fait sortir « du champ des familles proeuropéennes », écrivent par exemple Sacha Houlié (président de la Commission des Lois de l’Assemblée) et son homologue Pieyre-Alexandre Anglade (Affaires européennes) dans ce texte très critique.

De quoi dessiner des lignes de fractures indépassables ? Pas forcément. En réalité, cette montée en pression cache la nécessité, pour les deux camps, de s’entendre. La droite, dont l’immigration est un sujet prioritaire, aura besoin des voix du camp présidentiel pour faire passer une quelconque proposition. Même chose pour l’exécutif, qui compte, comme depuis le début du quinquennat, sur la bonne volonté des élus de la rue de Vaugirard.

« Chiche, travaillons ensemble ! »

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir Gérald Darmanin souffler le chaud et le froid dans sa riposte à Éric Ciotti. Cinq jours après avoir agité le spectre d’un « frexit migratoire » au Sénat pour qualifier les propositions des Républicains, il leur tend la main dans une interview au Parisien ce week-end.

« Chiche, travaillons ensemble ! », lance ainsi le ministre de l’Intérieur en rappelant qu’il y a « soixante députés LR à l’Assemblée » et qu’un accord est donc nécessaire pour avancer sur ces enjeux. « Les LR voudraient absolument qu’on redépose ensemble un nouveau texte de loi ? Nous y sommes prêts s’il est discuté avec les centristes et les radicaux », insiste-t-il, en listant « beaucoup de choses » à retenir parmi les propositions du parti de droite.

Parmi elles, Gérald Darmanin cite par exemple le conditionnement des visas, « avec la modulation de l’aide au développement des pays concernés, à la mise en œuvre des laissez-passer consulaires », une « discussion autour des mineurs non accompagnés » ou le « contrôle à 360 degrés des demandes de titres de séjours ».

Il se dit également prêt à débattre de l’ouverture des prestations sociales à partir de 5 ans de résidence en France, de la présomption de majorité pour les mineurs qui ne souhaitent pas se prêter aux tests osseux ou des modalités de l’aide médicale d’État. Autant de des gages donnés à la droite en marge des concertations qui s’organisent à Beauvau. Mais suffisants pour entrevoir un accord ?

Du « shopping » et le premier « bougé » du gouvernement

« On a un peu l’impression que le gouvernement fait son shopping parmi nos propositions », a réagi Guillem Carayon le porte-parole des Républicains ce dimanche sur BFMTV, en regrettant immédiatement la fin de non-recevoir du gouvernement sur la proposition de loi constitutionnelle. Que son parti voit comme « la seule condition qui permettra de sortir de l’impuissance. »

C’est ce texte-là qui cristallise l’attention. Il prévoit, entre autres, de donner la possibilité de déroger au droit et traités européens en matière d’immigration pour faire primer les règles nationales. Une ligne rouge pour le gouvernement. « Il n’y aura pas d’accord à n’importe quel prix. Chacun doit faire un pas », prévient à nouveau Gérald Darmanin dans Le Parisien. Dans le même temps, la Première ministre martèle que la réponse au débat migratoire doit se faire dans un cadre « européen », en critiquant le tournant du parti d’Éric Ciotti sur ces enjeux.

« Quand on est un parti de gouvernement, qui a participé à la construction européenne, si on pense qu’il y a des choses à changer, on ne se met pas en marge des règles européennes, on agit pour faire bouger des règles », a ainsi fustigé Élisabeth Borne, dans un entretien à Radio J.

De son côté, LR dessine sa propre ligne rouge sur un des volets défendus par le gouvernement. Impossible, pour la droite, de discuter de régularisations dans les métiers en tension, comme le souhaite le camp présidentiel pour aboutir à un projet « équilibré. » Gérald Darmanin, qui souhaite un vote au Parlement avant la fin de l’année, a d’ailleurs fait savoir dimanche dans l’après-midi qu’il était prêt à durcir le dispositif initialement prévu pour pouvoir toper avec ses anciens collègues chez les Républicains.

Selon Beauvau, le gouvernement serait prêt à porter à « 5, 6 ou 7 ans » la condition de résidence (contre 3 ans dans le premier projet), à fixer à 1,5 smic la condition de revenus, et ajouter l’obligation d’avoir un CDI. Le pas de deux est parti pour durer.

À voir également sur Le HuffPost :

Catherine Colonna, à Rome, acte le dégel franco-italien

La frontière de la France change à Saint-Martin, voici pourquoi