Insécurité: Marine Le Pen assume de ne pas voter les textes "nuls" du gouvernement

Marine Le Pen invitée de
Marine Le Pen invitée de

Leur bras de fer à distance se poursuit. Invitée de Ruth Elkrief, le rendez-vous ce samedi, Marine Le Pen s'en est de nouveau prise à Gérald Darmanin. Alors que le thème de la sécurité est revenu au premier plan cet été, la présidente du Rassemblement national lui a consacré une grande partie de son discours de rentrée le 6 septembre dernier à Fréjus, tapant coup sur coup sur le ministe de l'Intérieur et, surtout, sur son homologue à la Justice, Eric Dupond-Moretti.

"Madame Le Pen, c'est l'irresponsabilité faite femme" lui répondu dès le lendemain sur notre plateau le nouveau locataire de la Place Beauvau, avant de l'accuser de ne jamais avoir "voté une disposition, en trois ans, pour renforcer la sécurité des Français".

Un reproche totalement assumé ce samedi par la finaliste malheureuse à la présidentielle de 2017:

"Quand c'est nul, que ça ne sert à rien, quand nous savons à l'avance que ce sera inefficace (...) Est-ce que vous croyez qu'on peut soutenir ce genre de textes?" demande-t-elle, avant de répondre dans la foulée: "Non, on ne les soutient pas."

"Je ne nommerai pas un ministre de la Justice qui est un laxiste devant l'éternel"

Mais que ferait-elle pour réduire l'insécurité, si elle arrivait un jour au pouvoir? "Présidente de la République, je ne nommerai pas un ministre de l'Intérieur qui est en désaccord total avec le ministre de la Justice", annonce celle qui est également députée du Pas-de-Calais, faisant ainsi référence à la brouille entre Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti autour du terme "ensauvagement" de la société, et sur les chiffres de la délinquance. Elle poursuit: "Je ne nommerai pas un ministre de la Justice qui est un laxiste devant l'éternel, dont le bonheur c'est d'aller se faire applaudir par les délinquants à Fresnes", reprenant ainsi une pique déjà lancée à plusieurs reprises contre l'actuel garde des Sceaux, sa nouvelle cible favorite du moment.

"Moi", poursuit la présidente du RN, "je mettrai en place un ministre de l'Intérieur et un ministre de la Justice qui marcheraient main dans la main pour mettre en place une politique de la fermeté" en matière de sécurité. Si elle accède un jour au pouvoir, Marine Le Pen entend ainsi siffler "la fin de la récréation".

"Il faut nous élire, élisez-nous, mettez-nous en situation d'agir et nous vous montrerons qu'on peut agir différemment", insiste-t-elle, citant l'exemple de Rudolph Giuliani, l'ancien maire républicain de la ville de New York qui a fait "baisser de 60% la délinquance en quelques mois", selon les chiffres avancés par notre invitée, au prix d'une politique sécuritaire extrême, la fameuse tolérance zéro.

Des gens "brillants" et "expérimentés"

Derrière les projets, se pose aussi la question des femmes et des hommes qui pourraient les incarner, alors que Marine Le Pen est décrite par certains comme esseulée à la tête du Rassemblement national, parti lui-même souvent accusé de manquer de personnalités. "J'ai des gens expérimentés autour de moi", balaye-t-elle, évoquant par exemple ceux qui ont été "brillamment" réélus dans leurs mairies en mars et juin derniers.

Pour le ministère de la Justice, elle évoque ainsi "Jean-Paul Garraud", l'ancien député Les Républicains de Gironde, qui a rejoint le RN de 2015 à 2019. Et à l'Intérieur? "C'est le dernier ministre qu'on évoque, celui-là..." temporise Marine Le Pen, qui préfère maintenir ici un certain suspense. Elle comprend, en revanche, que "les Français souhaitent savoir" et compte dévoiler qui pourrait entrer dans son gouvernement, en cas de victoire, lors de la prochaine campagne présidentielle. "Ce ne sont pas les gens brillants qui manquent", conclut-elle.

Article original publié sur BFMTV.com