Jean-Charles Naouri, PDG de Casino, en garde à vue

Le PDG du groupe Casino Jean-Charles Naouri, ici en 2013, a été placé en garde à vue.
Le PDG du groupe Casino Jean-Charles Naouri, ici en 2013, a été placé en garde à vue.

JUSTICE - Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino, a été placé en garde à vue ce jeudi 1er juin dans le cadre d’une enquête pour manipulation de cours et délit d’initié, alors que son groupe en difficultés financières doit renégocier sa dette avec ses créanciers afin d’assurer son avenir.

L’inspecteur des Finances et normalien de 74 ans est auditionné par la Brigade financière, a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information du JDD. Contactée, l’avocate de Jean-Charles Naouri, Me Marie-Alix Canu-Bernard, n’a pas donné suite. Sollicité, Me Sébastien Schapira, qui le représente également, n’était pas joignable dans l’immédiat.

Le groupe Casino, sollicité par l’AFP n’a pas fait de commentaire. En Bourse, son action chutait de 9,43 % et clôturait à son plus bas historique ce jeudi en fin de journée.

Des faits commis en 2018 et 2019

Cette garde à vue s’inscrit dans le cadre d’une enquête visant Casino depuis le 5 février 2020 des faits de « manipulation de cours en bande organisée, corruption privée active et passive » et « délit d’initié commis courant 2018 et 2019 », avait indiqué en mars le Parquet national financier (PNF) à l’AFP.

Le PNF avait précisé que l’enquête, qui fait suite à un signalement de l’Autorité des marchés financiers (AMF), a trait au cours de Bourse de la société « durant cette période ». En mai 2022, des enquêteurs de l’AMF s’étaient rendus au siège du groupe ainsi qu’au domicile de Jean-Charles Naouri.

Dans sa récente documentation financière, Casino indique que cette enquête « dériv(e) d’une instance engagée à l’encontre d’un ancien consultant du groupe Casino » et précise que le groupe comme « les dirigeants concernés contestent formellement ces allégations et ont engagé tous les recours nécessaires ».

Selon deux sources proches du dossier, cette enquête concerne les liens de Jean-Charles Naouri et du groupe Casino avec le patron de presse Nicolas Miguet.

Le groupe Casino endetté

Cet homme d’affaires et patron de presse, également connu pour sa carrière politique en tant que dirigeant du parti Rassemblement des contribuables français, a été condamné à plusieurs reprises par l’Autorité des marchés financiers (AMF) notamment de faits de manipulation de cours.

Selon plusieurs médias, les enquêteurs suspectent une possible collusion entre Casino et Nicolas Miguet qui aurait pu être payé par Casino pour défendre son cours de Bourse.

Cette garde à vue intervient alors que le groupe, qui ne parvient pas à réduire suffisamment son important endettement, est entré vendredi en procédure de conciliation.

Cette procédure amiable, décidée par le Tribunal de commerce de Paris doit permettre à l’entreprise, endettée à hauteur de 6,4 milliards d’euros à fin 2022, de conclure un accord avec ses créanciers en vue d’une potentielle restructuration de sa dette.

Casino emploie plus de 50 000 personnes en France et 200 000 dans le monde sous de nombreuses enseignes dont Monoprix, Franprix ou Pao de Acucar au Brésil. En France, il est puissant en Île-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Rhône-Alpes.

Teract et Kretinsky au secours du groupe

Il suscite des convoitises, de la part du milliardaire Daniel Kretinsky ainsi que du groupe de distribution Teract, dont l’actionnaire majoritaire est le géant de l’agroalimentaire InVivo. Le premier, déjà actionnaire à hauteur de 10 % de Casino, a proposé le 24 avril d’injecter 750 millions d’euros dans le groupe via une augmentation de capital de plus d’un milliard d’euros.

Le second, surtout présent aujourd’hui dans le secteur de la jardinerie (Gamm Vert, Jardiland, Boulangeries Louise...) est entré il y a plusieurs mois en discussions avec Casino pour intégrer l’activité française du distributeur. Le directeur général de Teract, Moez-Alexandre Zouari, a tendu la main à Daniel Kretinsky et appelé à travailler de concert au chevet du distributeur.

Ces convoitises pourraient en tout cas se traduire à terme par la perte de contrôle de Casino par Jean-Charles Naouri, premier actionnaire depuis 1992 et PDG depuis 2005. Daniel Kretinsky avait toutefois précisé dans une interview au Point que le dirigeant historique « pourrait conserver une place éminente » au sein du groupe si son opération est menée à son terme.

De son côté, Jean-Charles Naouri a fait modifier récemment les statuts de Rallye, société par laquelle il contrôle Casino, pour repousser l’âge limite de sa présidence de 75 à 78 ans.

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