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Jean-Louis Debré appelle à « arrêter l’hypocrisie » sur l’ambiance à l’Assemblée nationale

Les débats sur la réforme des retraites sont houleux et les critiques sur la qualité des échanges se multiplient. « Rien de nouveau », selon Jean-Louis Debré.

POLITIQUE - « Rien de nouveau » sous les dorures du Palais Bourbon. Face aux séances houleuses qui se tiennent dans l’hémicycle sur la réforme des retraites, nombreux sont ceux, notamment dans la majorité et à droite, à fustiger une ambiance plus dégradée que dans le passé à l’Assemblée nationale. À tort, selon l’ancien président des lieux Jean-Louis Debré, qui se confie dans un entretien à Libération ce jeudi 9 février.

Dès l’arrivée du texte dans l’hémicycle le 6 février, le ton a été donné. « On n’est pas dans une manif’, on n’est pas dans un amphi, on est à l’Assemblée », a tonné la présidente Yaël Braun-Pivet à l’égard des élus de la gauche après une première heure de cacophonie permanente. Le lendemain, un député du MoDem n’hésitait pas à dépeindre en « jean-foutre » les mêmes, coupables selon lui d’obstruction parlementaire. Ce jeudi, c’est le député Renaissance de Paris Gilles Le Gendre qui en remet une couche : « La façon dont se déroulent les débats, les menaces, les invectives, l’obstruction, abîment notre démocratie et abîment notre pays », fustige-t-il sur franceinfo, en ciblant la France Insoumise « souvent dans l’excès, dans l’invective ».

Mais rien de tout cela n’émeut Jean-Louis Debré, président (RPR) de l’Assemblée entre 2002 et 2007. « Arrêtons l’hypocrisie, il n’y a absolument rien de nouveau », balaye-t-il dans Libération. « L’histoire de l’Assemblée, pour ceux qui la connaissent, déborde de débats houleux où les députés s’affrontent directement avec des invectives et parfois des coups. Le nombre de fois où il a fallu faire descendre les huissiers pour protéger les ministres au premier rang… », raconte cet ancien de la politique. « En termes d’atmosphère, je ne vois pas beaucoup de différences avec ce que j’ai connu sur certains textes », ajoute-t-il.

« Sans passion, ce serait affreux »

Il évoque pêle-mêle les débats sur la loi de 1905, sur le Pacs, le CPE… Les archives lui donnent raison. Comme Le HuffPost l’expliquait en juillet, alors que des critiques se faisaient déjà entendre, le Palais Bourbon connaît régulièrement des séquences houleuses avec parfois des députés prêts à en venir aux mains, même si ces séquences sont rarement diffusées à l’antenne en raison des suspensions de séances. Ce fut notamment le cas lors des débats sur le mariage pour tous en 2013, comme le montre la vidéo ci-dessous.

Quant au dépôt de plus de 20 000 amendements par la NUPES, critiquée par le gouvernement, l’ancien président de l’Assemblée nationale relativise en évoquant les « près de 140 000 amendements » déposés lors de la privatisation de GDF-Suez en 2006, sous sa présidence.

« Il y a une part de représentation, la politique est aussi un théâtre », estime Jean-Louis Debré, pour qui il est plutôt « sain » de voir l’animation dans les débats. « Il est bien que les gens défendent leurs idées avec passion, il faut l’assumer. Sans passion, ce serait affreux. C’est dans les pays totalitaires que les assemblées sont parfaitement sages. Chez nous, il est plus sain que tout cela s’exprime dans l’hémicycle plutôt qu’ailleurs », estime-t-il.

Son seul regret ? Le « laisser-aller » vestimentaire, une « nouveauté » selon lui. « Je ne tiens pas absolument à la cravate, mais voir des gens en polo, en chemise, en débardeur… Quand on est député, on peut dire ce qu’on veut, mais avec une tenue correcte ! » commente-t-il.

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