Jean-Luc Mélenchon fait tanguer la Nupes avec cette interview

Le fondateur de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, photographié le 15 mars à Chevilly-Larue (illustration).
Le fondateur de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, photographié le 15 mars à Chevilly-Larue (illustration).

POLITIQUE - Absent du Palais Bourbon, mais omniprésent dans les conversations. Telle est la stratégie choisie par Jean-Luc Mélenchon pour maintenir son influence au sein de la Nupes, quitte à crisper au sein de son propre camp.

Illustration avec l’interview accordée ce lundi 5 juin à 20 Minutes, dans laquelle le triple candidat à l’élection présidentielle fait planer la mort de la Nupes (et toute perspective d’union pour 2027) en cas d’absence d’accord entre les différentes parties pour les européennes de juin 2024. « S’il n’y a pas d’union aux européennes, il n’y en aura pas non plus aux municipales. Pourquoi y en aurait-il une à la présidentielle ? », met-il en garde.

Soit l’équivalent d’un canon sur la tempe, puisque cela revient à faire de la réussite de cette alliance un préalable à tout avenir commun.

Un avertissement que le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a moyennement apprécié. « La Nupes appartient aux millions de Françaises et de Français qui veulent le rassemblement de la gauche et des écologistes. Elle doit grandir et élargir. Trop longtemps la division a servi la droite. Demain elle pourrait servir l’extrême droite. Rien ne justifie de tuer l’espoir », a tweeté le député de Seine-et-Marne.

« Digne de Macron »

Sans surprise, cette sortie socialiste a provoqué une avalanche de réactions chez les élus LFI proches de Jean-Luc Mélenchon. « Comment défendre l’unité pourrait “tuer l’espoir” ? », interroge le député insoumis Antoine Léaument, quand son collègue Paul Vannier se montre plus véhément : « Défendre une liste Nupes aux européennes c’est “ tuer l’espoir ”? Pourquoi le Parti socialiste n’appuie pas une stratégie unitaire aux européennes alors qu’elle est le moyen de battre le macronisme et le lepénisme ? Assez d’hypocrisie ». Dans le même genre, Sophia Chikirou, députée LFI de Paris, y a vu un « tweet digne de Macron ».

Usant d’un ton plus policé, le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard, a également répondu à Olivier Faure. « Oui, il faut cesser les divisions artificielles et boutiquières. Mettons-nous à la tâche pour faire grandir la Nupes aux élections sénatoriales et européennes », a commenté le député des Bouches-du-Rhône.

Alors que son cercle proche s’évertuait à contrer la critique émise par Olivier Faure, Jean-Luc Mélenchon s’est joint à ce débat à ciel ouvert. « Heureux de retrouver Olivier Faure d’accord avec moi pour une liste commune Nupes aux Européennes. Ma position est dans ce sondage : unis nous battons Macron et Le Pen », a ajouté le chef de file des insoumis, en partageant un sondage plaçant l’union de la gauche en tête aux prochaines élections.

La communication de Mélenchon agace le PS

Ce qui, une fois encore, a provoqué des réactions irritées chez les socialistes. « Cher Jean-Luc Mélenchon, pour faire vivre l’union, mieux vaut éviter d’entretenir des malentendus sur les propos d’Olivier Faure. Pour construire une coalition gagnante pour 2027, la pression permanente sur les partenaires ne permet pas d’avancer. Débattons ouvertement dans le respect », a répliqué la numéro 2 du PS, Corinne Narassiguin.

« J’attends toujours la vision d’avenir du projet européen portée par Jean-Luc Mélenchon et LFI. Cela serait quand même utile pour parler européennes non ? Plus intéressant que le chantage à la liste unique qui est totalement contre-productif », a renchéri l’eurodéputé socialiste Christophe Clergeau.

Pas très enthousiaste à l’idée de partir sous une bannière Nupes aux européennes, le communiste Fabien Roussel a de son côté exprimé de l’agacement au sujet de ces débats qui agitent la gauche. « Des dizaines d’articles sur les élections de 2024, 2027, tout ça est hors-sol… À part un tout petit cercle qui ne pense qu’à ça, les Français n’en ont strictement rien à faire. Qu’ils s’intéressent un peu plus à la vie des gens et un peu moins à la leur, et ce pays ira mieux ! », a taclé, sans faire mine d’y toucher, le secrétaire national du PCF.

Le malaise Quatennens

À noter qu’il n’y a pas que l’échéance des européennes évoquée dans cette interview à 20 Minutes qui crispe au sein de la gauche. Dans ce même entretien, le fondateur de la France insoumise réitère son soutien à Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales.

« Un jour ou l’autre, Quatennens reviendra dans la course », assure ainsi le leader insoumis, en citant sérieusement le député du Nord parmi ceux capables de porter le flambeau de la gauche à l’élection présidentielle.

Ce qui, manifestement, passe mal en interne, à en croire ce tweet de la députée insoumise Raquel Garrido. « CQFD », a-t-elle tweeté, mettant en parallèle de cette déclaration un lien vers une vidéo du média Konbini, traitant justement des violences sexistes en politique. Ce qui témoigne, a minima, d’un malaise concernant le traitement accordé par Jean-Luc Mélenchon à celui qui était présenté autrefois comme son poulain.

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