JEU DECISIF - Benneteau casse les codes

Le nouveau capitaine de l’équipe de France de Fed Cup a convaincu Caroline Garcia de revenir chez les Bleues malgré des relations encore tendues avec certaines de ses coéquipières. Une démarche volontariste, à rebrousse-poil du fonctionnement de ses prédécesseurs.

Benneteau
Benneteau

Ainsi, Caroline Garcia va effectuer son retour en équipe de France de Fed Cup alors que les Bleues s’en vont défier la Belgique à Liège à partir de samedi prochain. Depuis novembre 2016 et la finale à Strasbourg contre les Tchèques, on n’avait plus vu la numéro un française porter la tunique nationale. Garcia avait choisi de privilégier sa carrière personnelle et l’un de ses forfaits, en avril 2017 avant un match de barrage face à l’Espagne, avait provoqué la moquerie de ses coéquipières via les réseaux sociaux. Le divorce était consommé et plus particulièrement avec Kristina Mladenovic, sa partenaire en double.

Si le capitaine Yannick Noah n’a jamais voulu tenter de recoller les morceaux, Julien Benneteau, son successeur, semble s’appuyer sur d’autres principes. Un objectif, un seul : aligner la meilleure équipe possible sur le terrain. Point barre. Noah, lui, privilégiait le sacro-saint esprit d’équipe et la bonne entente, un mode de fonctionnement très ancré chez les Bleu(e)s, comme s’il ne pouvait pas y en avoir d’autre.

Pourquoi le tennis ferait-il exception après tout ? Dans les sports par équipes, il va de soi que dans un groupe pro de volley, de foot, de hand ou de rugby, tout le monde n’est pas copain. Il y a même quelques inimitiés et des clans. C’est à l’entraineur de gérer au mieux cette situation. Un bon coach n’est pas seulement un technicien malin mais c’est aujourd’hui un DRH qui doit jouer avec les égos, les jalousies… et « tenir » son vestiaire, comme on dit. Sa réussite première sera de faire jouer ensemble et correctement des garçons ou des filles qui n’ont pas grand chose en commun si ce n’est de vouloir gagner sous le même maillot -ce qui n’est pas rien tout de même-. Et peu importe s’ils/elles ne vont pas dîner ensemble après les matches. Un peu comme au bureau notamment, où tout le monde ne s’apprécie pas forcément mais travaille ensemble.

En choisissant cette démarche, Julien Benneteau casse donc une vieille habitude française et c’est heureux. Il serait trop long de lister les équipes étrangères de Coupe Davis ou de Fed Cup où ce n’était pas le grand amour entre coéquipiers. L’équipe de France en fut même victime lorsque la Russie de Yevgeny Kafelnikov et Marat Safin, dont les relations se limitaient au strict minimum, vint à Bercy remporter le Saladier d’Argent en 2002.

Julien Benneteau ne va sans doute pas rigoler tous les jours cette semaine mais il a déjà fait l’essentiel du boulot en convainquant Garcia de venir, sans que cela ne provoque un pataquès avec le reste de la troupe. Les temps qui passent apaisent tout de même les plaies les plus profondes. Et puis Alizé Cornet, Pauline Parmentier ou donc Kristina Mladenovic ne sont pas idiotes. Elles savent très bien combien l’équipe de France est mieux armée avec Caroline Garcia, formidable joueuse de Fed Cup par le passé. Et Garcia sait aussi qu’un passage réussi en équipe de France pourrait la remettre sur les rails, elle qui sort d’une saison 2018 mi-figue, mi-raisin, et de débuts discrets en 2019. Bref, c’est du « win-win », cette affaire ! Si Benneteau a donc déjà gagné une bataille, en convainquant tout son monde du bienfondé de sa démarche, reste maintenant à l’emporter sur le terrain…