JEU DECISIF - COUPE DAVIS - Un César avant la Coupe ?

La France est en finale avec son désormais drôle de capitaine. Mais tant que ça gagne !

Vous me direz que je ne vois que le verre à moitié vide ou que je ne m’intéresse qu’aux trains qui n’arrivent pas à l’heure. Oui, l’équipe de France est en finale de la Coupe Davis, la 18e de son histoire, trois ans après l’échec face à la Suisse dans ce même stade Pierre-Mauroy, mais en coulisses, sachez-le, on ne parlait aussi et surtout que de l’attitude de Yannick Noah, de sa passivité aux changements de côté et de cette vraie/fausse forme de blues affichée devant la presse lors des deux premiers jours de la rencontre.

Un comportement à l’opposé du capitaine virevoltant et meneur d’hommes qui a fait sa réputation. Disons-le, en 1991, Noah avait même révolutionné ce poste. On n’avait jamais vu un tel Zébulon sur une chaise en Coupe Davis. C’est ce mode de fonctionnement dynamique que la FFT était allé chercher de nouveau, en 1996. Et bingo, ça avait marché de nouveau : de l’énergie, du feeling, du fluide, Noah transmettait, les joueurs se sublimaient, cocktail magique !

Ce dimanche donc, Noah n’a épaulé Jo-Wilfried Tsonga que par brides, restant parfois totalement muet à certains changements de côté. Du jamais vu. De quoi cet effacement, a priori demandé par Tsonga, décidé à gérer l’affaire en solo, est-il le signe ? Je n’en sais rien. Mais après tout, est-ce un problème si l’équipe gagne ? Shamil Tarpishev, historique capitaine de l’équipe de Russie, était par exemple une discrétion on ne peut moins slave avec ses joueurs. Cela n’a pas empêché les siens de soulever le trophée.

A priori, en dehors du court, le fonctionnement et l’ambiance chez les Bleus semblent saines. En conférence de presse, Noah fut d’ailleurs ravi de montrer que même les absents jouaient le jeu de l’union, lorsque, très heureux hasard, Gaël Monfils l’a appelé en What’sApp vidéo sur son mobile. Noah, sourire jusqu’aux oreilles, et smarphone à la main, a alors montré le visage de La Monf aux autres joueurs ainsi qu’aux journalistes, au terme d’une scénette un brin surjouée toutefois, conclue par un ironique, « y’a pas d’ambiance, hein, dans cette équipe ? » Avant que ce ne soit Gasquet, vainqueur d’un tournoi Challenger en Pologne ce dimanche, qui tente alors de le joindre…

Tsonga de retour dans l’équipe, une qualification en finale, une équipe de double qui s’est affirmée, Monfils et Gasquet pendus à leur téléphone pour féliciter leurs potes, bref, tout va bien Madame la marquise, chez les Bleus ! Il n’y a bien que les journalistes, ces esprits mal embouchés, ces empêcheurs de tourner en rond, pour émettre des doutes sur cette évidence. Cela dit, si fin novembre, la France soulève enfin sa dixième Coupe Davis, on oubliera bien vite cette drôle de comédie dont j’avoue ne pas comprendre les tenants et les aboutissants. A l’inverse…