JEU DECISIF - Del Potro et Federer, en hommes libres

Les deux hommes, totalement relâchés, ont proposé un spectacle magnifique en finale à Indian Wells. Pourquoi ? Ces deux-là n’ont plus peur de la défaite.

(EFE)
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J’imagine, comme moi, que vous avez pris un plaisir fou à suivre la finale du tournoi d’Indian Wells entre Roger Federer et Juan Martin Del Potro. Du tennis de très haut niveau, hallucinant même par moments, entre deux joueurs capables, même lors des épisodes les plus chauds de ce match, de jouer sans retenue aucune. Ca partait à cent mille des deux côtés. Quel pied !


Federer, qui a compté trois balles de match, a craqué dans le tie break final, sous la forme notamment de deux double-fautes, et Del Potro a enfin remporté un titre en Masters 1000, la fin d’une incongruité pour un champion de ce calibre. Difficile de ne pas être ravi de cette situation.

Federer et Del Potro sont depuis quelques semaines les deux meilleurs joueurs du monde. Je ne me base pas seulement sur leurs résultats récents -ils sont 1 et 2 à la Race ce lundi- mais aussi et surtout sur le fait qu’à leur meilleur, personne, au moins sur surface rapide et en l’absence de tous les éclopés célèbres, n’est capable de tenir leur rythme absolument ébouriffant.

Ces deux champions ont un point commun et c’est ce qui leur offre une liberté totale sur le court : ils n’ont plus à rien à prouver. Del Potro l’a bien expliqué après ce succès qui le replace définitivement au centre l’échiquier : “J’étais très proche d’arrêter ma carrière avant ma troisième opération au poignet gauche. Mais après le match contre Djokovic aux JO, ma vie dans le tennis a changé. J’ai gagné la Coupe Davis et je n’avais plus de pression parce que j’ai gagné tout ce que je voulais ».

L’Argentin est un survivant, ce qui fait de lui un homme libre. Il entend mener le reste et la fin de sa carrière avec cet état d’esprit, comme si la défaite n’avait plus vraiment de prise, puisqu’il est heureux du chemin déjà accompli. Il en va de même pour Federer, incrédule de ses résultats depuis son retour à la compétition l’année passée et qui, d’une certaine manière, continue de planer. Même s’il se fixe des objectifs et veut remporter tous les tournois auxquels il participe, la poids de la défaite n’est pas le même que lorsqu’il avait 21 ou 22 ans et tout à conquérir.

Federer ne veut pas encore entendre parler de retraite, tout simplement parce que le tennis, les matches de ce niveau et l’amour du public, continuent de le combler pleinement. Et comme son physique, qu’il entretient avec une minutie maladive, tient le choc, ça nous donne des blockbusters comme ce dimanche soir !

Mais le plus amusant, pour peu qu’ils soient de nouveau ok physiquement, est que les Murray, Djokovic ou Nadal, pourraient se retrouver dans une position psychologique similaire à leur retour. Jouer pour jouer, s’éclater puisque l’on n’a strictement plus rien à prouver. Voilà qui pourrait nous promettre de nouvelles étincelles.